Des Gens et des Faits 110e partie

“LE SERMENT”

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Taos M’HAND Publié 30 Juillet 2021 à 17:06

Résumé : Djamila aurait pu être heureuse avec la nouvelle vie qu’elle menait. Elle entretenait une bonne relation avec sa belle-famille et s’occupait de son beau-père comme s’il était le sien. Fayçal allait beaucoup mieux. Il se remit à parler et même à marcher avec un déambulateur. Djamel étudiait et travaillait. Il l’encouragea à en faire autant. Djamila suivit une formation et devint agent commercial. Même si plusieurs années avaient passé, elle n’oubliait pas sa famille et leur pays. Elle rêvait de les retrouver. Maître. B lui apprit que des familles étaient revenues. Il promit de chercher après la sienne. Djamila s’impatientait. 

Plusieurs semaines et mois passèrent sans qu’il y ait du nouveau. Djamila venait d’avoir son second enfant, une fille qu’ils nommèrent Amel. L’aîné Salem fréquentait déjà le primaire. Elle reprit le boulot après son congé de maternité. Elle le confia à sa belle-mère qui refusait l’idée qu’elle la laisse à la crèche. Le bébé pleurait souvent. Djamila ne la réconfortait pas tout de suite. 
Dès qu’elle rentrait à la maison, elle demandait s’il n’y avait pas eu d’appel pour elle. 
-Ils ont ton numéro de portable.
-J’ai appelé Amel, mais elle ne répond pas. Je ne sais plus vers qui me tourner pour avoir de leurs nouvelles, dit-elle. Je m’inquiète même  son père. Ce n’est pas normal qu’ils soient injoignables tous les deux. La secrétaire a même pris un congé. Qu’est ce qui se passe ?
-Ma fille… Il est gravement malade et sa fille s’occupe de lui, dit Fayçal, lentement. Ils n’ont pas le cœur à répondre au téléphone. Mounir m’avait appelé pour me l’apprendre. Je n’ai pas eu le courage de vous le dire.
-Oh non ! Il ne mérite pas… C’est un homme si bon…
Djamila était au bord des larmes. 
-Amel aurait pu nous le dire. Pourquoi elle ne l’amène pas ici ? Nous pouvons les aider. Il doit bien y avoir un remède, une meilleure prise en charge ici, proposa-t-elle. Il faut qu’ils sachent que nous sommes là, disposés à les aider. Nous n’allons pas les abandonner maintenant.
-Tu ne connais pas mon ami ! Jamais il ne quittera le pays. 
-Ont-ils besoin d’argent ? De médicaments ? 
-Non ! nous l’aurions su. Inchallah khir.
-Qu’Allah le garde. Il a tant fait pour nous, dit Djamila. Il est tombé malade au moment où il avait promis de chercher après ma famille.
-Allah ghaleb ! Sois patiente ma fille, tu retrouveras ta famille lorsqu’Allah le voudra. Djamila, tu t’oublies et tu négliges Salem, fit remarquer la belle-mère. Même quand tu es là, tu ne penses qu’à…
-Tu insinues que je suis une mauvaise mère ? 
-Non, non… Mais si je n’étais pas là, qui s’occuperait de ma petite princesse ? Qui ? Toi, soit tu es au bureau, soit tu as la tête ailleurs.
-Nous étions en train de parler de votre ami, de notre ami, rectifia la jeune femme. De sa maladie et là, tu me passes au crible. Je suis si mauvaise mère que ça ?
Fayçal intervint.
-Elle ne voulait pas dire ça… Tu es quelqu’un de bien. Tes enfants ont de la chance de t’avoir ! Je suis aussi peiné que toi de ce qui arrive à mon ami. La maladie n’épargne personne et apparemment son mal est incurable. Qu’Allah le guérisse et allège ses souffrances. Lorsque Djamel rentra de son boulot, il les trouva tous silencieux. Djamila s’occupait du bébé alors que Salem s’appliquait à faire des exercices. C’était à peine si elle le regarda. Il croisa le regard peiné de son père. 
-Qu’est ce qui se passe ?
-Rien, dit sa mère. Rien mon fils…
Djamila l’interrompit. 
-Comment ça “rien” ? Est-ce que tu savais que Maître. B allait très mal ?
-Je savais qu’il se soignait, mais j’ignore la gravité de son état, confia-t-il. Pourquoi ? On vous a appelés du bled ? 
-Non et c’est bien le problème. Ils sont injoignables depuis des mois. Djamel, j’attendais qu’ils m’aident à retrouver ma famille, maintenant, je ne souhaite qu’une chose ; qu’ils aillent bien. Je n’ai jamais pensé à retourner au pays avant aujourd’hui, lâcha-t-elle, les surprenant tous. Je veux partir. Je ne peux pas rester une journée de plus. 
-Mais tu ne peux pas partir comme ça.
Djamila était décidée. Elle prit le bébé et le confia à sa belle-mère. Elle se rendit à sa chambre et sortit un sac où elle rangea quelques affaires. Djamel l’y avait suivie. Elle resta sourde à tout ce qu’il lui dit, en tentant de la convaincre de patienter un peu. Ils allaient s’organiser et partir ensemble, après avoir pris leur congé. 
-Tu n’as jamais eu l’intention de repartir au pays et je ne t’y force pas ! Moi-même, avant, je n’y pensais pas, mais maintenant, je n’attendrais pas une journée de plus. Je t’appellerais à mon arrivée, promit-elle. Pour l’amour de Dieu, ne me regarde pas comme ça. Comme si j’étais folle. Ne tente pas de me retenir, je sens que je dois y aller, en urgence… Va savoir pourquoi ! 

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