Des Gens et des Faits 8e partie

Les flammes de la passion

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Yasmina HANANE Publié 13 Janvier 2021 à 08:45

Résumé : Comme elle l’avait pressenti, Feriel est latéralement anéantie par les propos insensibles de sa mère. Cette dernière est venue la chercher et lui a tenu une conversation des plus insensées, avant de lui ordonner de s’habiller et de quitter les lieux au plus vite. Feriel sent le remords la gagner en ayant l’impression d’avoir failli à son devoir. 

Nazim émerge de l’état comateux où l’avait plongé le sédatif. Il avait l’impression d’avoir dormi une éternité. Il tente d’ouvrir les yeux, mais il ne comprend toujours pas pourquoi il n’y arrive pas.
Il entend des voix, ou plutôt des chuchotements autour de lui. Quelqu’un parle. Une personne pleure. Une femme. Il a reconnu d’instinct la voix de sa mère. Celle d’un homme. Le médecin ! Nazim se rappelle alors… l’accident, l’explosion, le feu, les douleurs qu’il ressent encore et qui traversent son corps et son esprit telles des flammes ravageuses.
Le médecin parle de lui : “Nous ne pouvons faire mieux pour le moment. Le temps nous renseignera davantage sur les initiatives à entamer plus tard.”
Nazim tente encore d’ouvrir les yeux. Il porte la main à son visage et quelqu’un vient tout près de lui :
- Patience. Nous allons t’enlever les pansements sur tes yeux dans un moment. Ne t’agite pas ainsi Nazim.
Le jeune homme tend une main et sent tout de suite une autre main prendre la sienne.
- Je suis là, mon fils. 
Nazim serre très fort la main de sa mère. Il la sent si affligée, si triste. Est-il aussi mal en point que cela ?
Encore sous l’effet du sédatif, il ne peut parler. Ses mâchoires sont serrées, et il a un désagréable goût amer dans la bouche.
Il entend quelqu’un d’autre pénétrer dans sa chambre, puis déposer quelque chose à son chevet. Il comprend au cliquetis du matériel que c’était l’infirmière qui venait enlever ses pansements.
Enfin, il pourra ouvrir les yeux et regarder autour de lui.
Quelques minutes plus tard, il est 
débarrassé des bandes à gaz et des disques qui enserraient ses paupières. Mais il sent encore comme des milliers de brûlures sur son visage. 
- Essaye de soulever tes paupières, jeune homme.
La voix du médecin est ferme et autoritaire, mais enrobée d’une trace d’inquiétude.
Nazim soulève une paupière ; il est tout de suite ébloui par la lumière. Il referme immédiatement son œil, mais le médecin le rassure :
- La lumière te fait mal. Cela va s’apaiser tout de suite. Essaye encore…
Cette fois-ci Nazim réussit à ouvrir les deux yeux. Mais quelque chose le gêne encore. Un voile se dresse devant lui. Un voile opaque. Il bat des mains et sa mère vient tout de suite auprès de lui :
- Cela se dissipera dans un moment, lance le docteur, qui tente de le rassurer.
- Il est encore agité.
- C’est tout à fait normal dans son état. Nous allons l’aider à revenir parmi nous. N’est-ce pas Nazim ?
Le jeune homme tente encore de rouvrir les  yeux. Une fois, deux fois. La troisième sera la bonne. Il peut enfin distinguer quelque chose :  un fond blanc qui reflète une lumière, c’est le plafond.
Il rabaisse les yeux et découvre cette fois-ci une porte qui lui fait face et un homme en blouse blancche. Ce dernier lui sourit :
- Bienvenue, Nazim. Je suis Nabil.
Nazim jette un coup d’œil sur le côté et rencontre enfin le regard de sa mère. Il sent des larmes piquer ses yeux. Cela lui fait si mal qu’il finit par les refouler.
Sa mère se lève et l’embrasse sur le front :
- Grâce à Dieu, tu es en vie, mon fils.
Le médecin s’approche de lui :
- Alors, comment te sens-tu ?
Nazim tente de prononcer quelque chose, mais sa langue refuse de bouger. 
Le médecin lui serre la main :
- Tu es encore trop faible pour parler, mais je peux t’assurer que ton cerveau n’a subi aucun dommage. 
Il lui prend le pouls puis se penche sur lui pour passer un doigt sur les rougeurs qui entourent ses yeux.
- Je pense aussi que ces cicatrices vont disparaître très rapidement. 
Il prend une petite lampe de sa poche et examine plus profondément ses pupilles :
- As-tu mal aux yeux, Nazim ?
Le jeune homme fait un signe de négation.
- Parfait. C’est très rassurant.

 


(À SUIVRE)
 Y. H.

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