Des Gens et des Faits 12e partie

Les flammes de la passion

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Yasmina HANANE Publié 17 Janvier 2021 à 21:20

Résumé : Nazim accepte son sort. Il sait qu’il va vivre le restant de ses jours avec un visage mutilé. Mais cela ne semble pas trop l’affecter. Le Dr Nabil, qui appréhendait sa réaction et repoussait le moment de la vérité, est fort supris par le courage et l’abnégation de son patient…  

Ému, le médecin lui serre le bras :
- Je n’aimerais pas te décevoir, Nazim, mais il n’y a plus rien à faire pour toi au niveau des soins médicaux. Nous avons réussi à sauver ce qui pouvait l’être. Et je t’assure que c’est un véritable miracle que tes yeux soient encore intacts. La vue, c’est la vie. C’est un capital inestimable que la providence a su t’offrir au moment où le reste du visage a subi les dégâts irréversibles des flammes.
Nazim se rappelle qu’au moment de l’explosion il avait instinctivement protégé ses yeux avec son bras. D’ailleurs, il en porte encore les séquelles. 
Quelques cicatrices ornent son avant-bras, mais ce n’est rien par rapport au reste.
- Vous pouvez m’enlever les pansements, docteur ? Je sens que plus rien ne pourra plus m’ébranler.
Le médecin le regarde dans les yeux :
- Nous sommes de simples êtres humains, Nazim. Nous sommes dotés d’une conscience et de sentiments. Tant que nous serons en vie,  nous nous exposerons à toutes sortes d’émotion. Nous ne pouvons rien changer à notre destinée. Néanmoins, j’avoue que j’admire ton abnégation. Tu sais te montrer courageux devant ce coup du sort. J’ai déjà vu des malades flancher pour bien peu. 
Nazim sent quelque chose se briser en lui. Il repense à Feriel.
La jeune fille a quitté l’hôpital depuis plusieurs jours déjà, sans donner signe de vie. Même pas un coup de fil.
Pire que ses blessures physiques et ses brûlures, le jeune homme ressent une profonde souffrance morale. Cette souffrance, il reconnaît qu’il ne peut la dominer.
Il ne comprend pas la réaction de celle qui était, il n’y a pas longtemps, prête à partager sa vie et à fonder une famille avec lui.
Il ne s’attendait plus à donner une suite à ce projet. Il voulait lui demander de penser à faire sa vie et de l’oublier, mais elle ne lui en avait même pas donné l’occasion. Il ressent cela comme un affront et un mépris à son égard.
Il se reprend et demande au médecin :
- Les cicatrices de mon visage, seront-elles très visibles ?
- Pas vraiment. Nous avons tenté de “sauver la face”, mais cela mettra beaucoup de temps. Les brûlures ne se cicatrisent pas rapidement. Je dirais que le plus grand risque est dépassé. Nous craignions une infection, mais cela ne s’est pas produit.
Le médecin a dit que les brûlures ne se cicatrisent pas rapidement.
Nazim soupire. 
Les brûlures de l’âme ne se cicatrisent jamais !
- Demain, je t’expliquerai, poursuit le docteur. Quand tu ne seras plus obligé de porter tous ces bandages, tu t’habitueras à exposer ton visage à l’air libre. Cela te paraîtra délicat au début, mais tout rentrera dans l’ordre. La nature a toujours su répondre à nos attentes.
Nazim passe le reste de la journée à méditer sur son sort. Il repense à ses projets et à ce qu’il devait entamer. Mais tout est tombé à l’eau maintenant.
Il sent ses forces revenir petit à petit, mais il n’est pas encore assez remis pour se lever. D’ailleurs, il va falloir tout d’abord qu’on lui enlève les plâtres. Il repose sa tête sur l’oreiller. Sa mère est venue le matin même et a évité tout sujet se rapportant à son accident et à ses blessures. Elle lui a mijoté des plats dont il raffole mais auxquels il n’a pas touché. Sa gorge s’était nouée, et parfois il avait l’impression de suffoquer..

(À SUIVRE)
 Y. H.

 

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