Des Gens et des Faits 36e partie

Les flammes de la passion

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Yasmina HANANE Publié 14 Février 2021 à 20:37

Résumé : Nedjma dévoile à Nazim un amour de jeunesse : son attachement à son professeur de maths, alors qu’elle n’était qu’une adolescente qui préparait son baccalauréat. Ce Casanova prenait à ses yeux toute la signification d’un amour partagé. Elle appréhendait déjà de devoir un jour quitter le lycée et de vivre loin de lui… 

Les mois filèrent. Je passai mon bac, que je décrochai avec succès. Le jour de la remise des diplômes, je fus surprise de voir que c’était mon professeur bien-aimé qui était chargé de me remettre le mien. Il m’embrasse sur les deux joues et, à ce seul contact, je faillis perdre la raison. Je trébuche, et il me retient. Une seconde passe. Une onde traverse mon corps et je cesse de respirer. 
Suis-je réellement sur terre ? J’étais sur un nuage rose. On mettra bien sûr le tout sur le compte de la grande émotion. Je suis bachelière et bientôt je rejoindrai les bancs de l’université. 
J’étais la seule à connaître la véritable raison de ma confusion. Je versai quelques larmes, qui passèrent bien entendu inaperçues dans de telles circonstances. De retour à la maison, je me suis enfermée dans ma chambre, pour revivre en souvenirs cette cérémonie durant laquelle j’ai pu approcher cet homme que mon cœur 
réclamait.
Les vacances finies, j’ai rejoint l’université. Je voulais épater moi aussi cet homme qui m’avait prise au piège au premier regard. J’optais dès le début pour les mathématiques. Un choix que mes parents et mes proches approuvèrent. Que pouvais-je faire de mieux, moi qui vénérais les chiffres ? Les mois passent. Je ne suis pas retournée au lycée malgré une irrésistible envie, mais je pouvais avoir des nouvelles de mon professeur par le biais de mes anciennes camarades. 
Je savais qu’il avait été titularisé et qu’il enseignait pleinement dans un autre lycée. Je tentais alors d’en connaître plus sur lui. Hélas ! au bout d’un temps, on m’apprit qu’il avait été appelé sous les drapeaux et que, pour des raisons administratives, il allait effectuer son service national dans une ville au fin fond du Sud. On avait besoin dans ces contrées éloignées d’un enseignant tel que lui, qui devrait deux années durant assurer des cours de mathématiques et de physique.
Je pris mon mal en patience. Pour démontrer ma détermination à aller jusqu’au bout, je travaillais sans relâche. Je pus facilement donc  décrocher ma licence et quitter l’université pour aller enseigner de mon côté les mathématiques dans un lycée. Un choix ? Plutôt une lubie. Faire comme lui. Suivre ses traces dans le seul espoir d’attirer son attention un jour. Deux années passent. Je commençais à perdre espoir. Jamais plus je ne le reverrai, me dis-je. J’ai tout simplement construit des châteaux en Espagne. Cet homme, qui a déjà dû terminer son service national depuis longtemps, avait peut-être préféré rejoindre une autre ville du Sud.
Un enseignant qui le connaissait bien me parlera un jour de lui. Mustapha (c’est son prénom)  avait effectivement choisi de rester encore quelques années dans le Sud, où il appréciait le calme environnant et la 
sérénité des lieux. 
Je n’osais demander ses coordonnées à mon collègue. J’étais départagée entre l’envie de poursuivre mon chemin sans demander mon reste et celle d’attendre encore, d’espérer encore…
Cela faisait déjà cinq années qu’on ne s’était pas revus. Se rappelle-t-il seulement de moi ?
C’était le cas, pourtant !
Les voies du destin sont impénétrables. Jamais au grand jamais je n’aurais cru que les choses allaient se dérouler à une telle vitesse. Du jour au lendemain, je me retrouve entraînée dans un engrenage d’événements auxquels je ne m’attendais pas du tout.
Ce fut lors d’une cérémonie de fin d’année organisée par la direction de l’éducation que je le rencontrai. Nos regards se croisent et nos sourires nous poussent l’un vers l’autre. Nous nous sommes salués et je tentais de calmer mon excitation. Je me pinçais très fort pour m’assurer que je ne 
rêvais pas. 

 


(À SUIVRE)
 Y. H.

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