Des Gens et des Faits 47e partie

Les flammes de la passion

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Yasmina HANANE Publié 27 Février 2021 à 22:07

RésuméPlus Nassima parlait et plus Nedjma découvrait le monstre qui se cachait derrière cet homme qu’elle avait épousé et qu’elle avait cru connaître. Elle avait du mal à admettre que ce dernier pouvait devenir agressif et battre sa femme et ses enfants. Pourtant, c’était la réalité. Le mirage n’avait duré qu’un temps !   

Je découvris, comme derrière un brouillard qui commençait à se dissiper, l’image d’un homme que je pensais connaître et que, hélas, je ne connaissais rien de lui. Absolument rien. L’homme que j’avais connu, aimé et épousé n’était pas le même. J’étais si confuse que je n’arrivais pas à ordonner mes idées.  
Je continuais ma ronde à travers ma chambre. Il faut faire quelque chose, me dis-je. Il faut triompher de cet homme ignoble. On ne peut pas rester là, les bras ballants, à regarder le temps passer, alors que les choses prenaient de plus en plus d’ampleur. Qu’allons-nous devenir toutes les deux ? Et qu’allaient devenir les enfants d’un tel père ? Peut-être que cet homme avait une troisième femme. Oui, il pouvait facilement contracter un autre mariage sans crainte, étant donné que nos lois l’autorisent à prendre quatre épouses.
- Je dois rentrer.
Nassima me tire de mes méditations.
- Les enfants doivent s’impatienter. Je leur ai dit que je sortais pour une petite course.
Les enfants ! Un mot que berçaient dans leur cœur toutes les mamans. Ces anges. Cette bénédiction du Créateur. Pourquoi devrait-on leur faire endurer nos marasmes ? Ils auront aisément le temps d’en connaître les leurs plus tard.
Je demandais :
- Ils ont quel âge, les chers petits ?
- Kamelia a huit ans, et Badis en a six.
- Vous êtes donc mariés depuis plusieurs années. 
- Oui. Une dizaine d’années.
Je fis un rapide calcul pour remonter le temps, et je conclus que Mustapha était déjà marié, alors que j’étais encore en classe de terminale et folle amoureuse de lui. 
Quelle imbécile j’étais !
- Tu peux rentrer, Nassima. Je vais voir ce que je pourrais faire dans l’immédiat.
Nassima me serre le bras avant de me quitter. Je ressentais son désarroi. Je ressentais sa détresse. Cette femme ne pouvait compter que sur elle-même pour sauver ses enfants.
Je m’assis sur mon lit, et ma mère vint me rejoindre avec le plateau du petit-déjeuner :
- Tu n’as rien avalé depuis hier. Tu veux donc faire une syncope ?
Je repousse le verre de jus qu’elle me tendait. La syncope, ce n’est pas le jeun qui la provoquera, mais d’autres facteurs. J’enfilai en hâte des vêtements de sortie et pris mon sac, sous le regard éberlué de ma mère qui tenta de me raisonner. Mais dans ma situation la raison elle-même n’avait plus lieu d’être.
Je croisai mon père au seuil de l’entrée. Il me jeta un regard curieux avant de brandir son index, signe chez lui d’une grande contrariété :
- Ce salaud, si je l’attrape, je lui tordrai le cou.
- C’est ce que j’ai l’intention de faire père.
Je sortis hâtivement pour éviter des questions embarrassantes et me mis à marcher d’un pas rapide. Je sentis tout le poids de ma déception, qui, cumulée au poids de mon ventre, me rendait furieuse. J’étais furieuse de ne pas pouvoir aller plus vite et furieuse d’avoir été prise au piège des sentiments. J’étais une idiote qu’un petit chenapan sans scrupules avait fait rouler dans la farine. Je m’arrêtai dans un jardin public, achetai un journal et allai m’asseoir sous un arbre. Je n’en pouvais plus. Ma respiration était saccadée et mes forces commençaient à m’abandonner. Mon Dieu. Mon Dieu, ne cessais-je de répéter. Mon Dieu, aidez-moi. Aidez-moi à voir plus clair et à prendre la décision la plus logique dans cette affaire. J’ouvris mon journal et tentai de lire les grandes lignes. Bien sûr, le cœur n’y était pas, mais quelquefois la lecture me permettait d’apaiser mon esprit.
 

(À SUIVRE)
Y. H.

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