Des Gens et des Faits 48e partie

Les flammes de la passion

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Yasmina HANANE Publié 01 Mars 2021 à 08:34

Résumé :  Nedjma exhorte Nassima à rentrer chez elle et à rejoindre ses enfants. Elle lui promet de trouver une solution à leur situation. Après le départ de cette dernière, la jeune femme s’habille et quitte la maison. Elle erre un moment dans la rue, avant de se décider à s’installer dans un jardin pour lire le journal…   

Je tournai les pages du quotidien et tentai d’assimiler ce que je lisais. Un fait divers saute à mes yeux. Une femme avait tué son mari. Elle l’avait agressé avec une barre de fer, puis, sans s’en départir, s’était acharnée sur son corps jusqu’à ce que ses forces s’épuisent.
L’article parlait d’une affaire de mœurs.
Je fermai les yeux en froissant la page. Cette malheureuse a dû perdre la raison au moment des faits, ou peut-être en apprenant que son mari la trompait.
La réaction d’une femme trahie est inattendue et n’est pas toujours compréhensible pour le commun des mortels.     
Je serrai mes mains l’une contre l’autre, et mes ongles s’enfoncèrent dans ma chair. En un éclair, je compris ce que je devais faire.                                                         
Je me levai et me remis à marcher. Cette fois-ci je me dirigeai vers le bureau d’une amie, avocate de son état.
On était encore au milieu de la matinée et je savais que j’avais de fortes chances de la rencontrer dans son cabinet.
Ce fut le cas. Farah me reçut tout en s’étonnant de me voir aussi agitée. Je lui narrai alors ma  mésaventure et lui demandai conseil.
Elle se mit à réfléchir un long moment avant de m’aiguiller :
- Tu peux toujours déposer une plainte pour abus de confiance et abandon de famille.
- Mais je veux qu’il paye aussi pour l’autre. Nous sommes deux à avoir été abusées.
Farah poussa un soupir :
- Hélas ! Nos lois et la chariaa 
permettent  à l’homme de prendre jusqu’à quatre épouses s’il en 
éprouve le besoin. Seulement, là aussi, et avant d’entreprendre quoi que ce soit, il doit tout d’abord avoir l’aval de son épouse ou de ses épouses s’il en a plus d’une. Dans ton cas par exemple, les choses ne se sont pas déroulées de la sorte. Normalement ton mariage, vis-à-vis des percepts religieux, n’est pas validé. Mais cet homme t’a épousée devant Dieu et Ses hommes. Tu possèdes un livret de famille, tu es donc son épouse légitime au même titre que sa première épouse.
- Pourquoi parles-tu donc d’abus de confiance ?
- Il y a abus de confiance Nedjma, car ton mari  t’a caché la réalité sur son état d’homme marié et a fait de même avec son autre épouse. Ensuite, comme c’est un homme qui ne revient au foyer que le temps d’un éclair, tu auras aussi la possibilité de l’attaquer pour abandon de famille.
- Bien. Mais aurais-je gain de cause ?
Elle haussa les épaules :
- L’affaire ne sera pas aussi aisée que tu le penses. Mais je ferai de mon mieux.
- Et que pourras-tu faire pour 
Nassima et ses enfants ?
Farah me regarda droit dans les yeux :
- Écoute Nedjma, toi tu es venue poser ton problème, et je t’ai donné mon avis. Je doute fort que cette femme en fasse de même. À ce que j’ai compris, c’est le genre de femmes effacées qui n’aimeraient pas trop se retrouver devant le 
tribunal.
C’était le cas effectivement. Je remerciai Farah en lui promettant de repasser la voir dès que j’aurais pris la décision qui me paraîtra la plus logique.
Je revins à la maison, fatiguée, malheureuse, et sans trop admettre encore ce qui m’arrivait.
Je venais à peine de rentrer dans ma chambre que mon portable se mit à sonner. C’était Mustapha. Mon sang ne fera qu’un tour dans mes veines. Je décrochai et, sans lui laisser le temps de me dire quoi que ce soit, je déballai tout ce que j’avais sur le cœur et le traitai de tous les mots.

 

 

(À SUIVRE)
 Y. H.

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