Résumé : Des affinités semblent se tisser entre Nedjma et le médecin. Ce qui n’est pas pour plaire à Nazim, qui se découvre une jalousie morbide. Il s’en veut à mort, mais ne peut dominer un sentiment plus fort que lui. Nedjma demeure pourtant aux petits soins pour lui et lui rend régulièrement visite. Hélas ! Rien ne peut freiner les élans d’un cœur amoureux.
Ce geste a pour effet de raviver une douleur dans l’âme du jeune homme. Il voudrait se ressaisir, mais ne peut que s’enfoncer dans sa tristesse.
La matinée avance sans que Nedjma réapparaisse.
Nazim erre à travers les couloirs comme une âme en peine. Il espère tant revoir Nedjma et discuter avec elle. Cela lui ferait le plus grand bien.
Il sent son cœur palpiter à cette évocation. Il se pose mille et une questions sur sa situation, tout en se demandant s’il est aussi fragile que cela. Est-il aussi faible pour s’éprendre d’une femme qui aurait plutôt besoin de quelqu’un de plus fort à ses côtés ?
Il secoue la tête : non. Ce qui est en train de lui arriver, il le sait bien. Il est tout simplement amoureux. Amoureux et jaloux. Oh oui ! Quel vilain petit canard il est !
Cette pensée le fait sourire. Nedjma aime l’appeler ainsi de temps à autre pour le taquiner.
Il pousse un long soupir en repensant aux regards langoureux que lui lançait le Dr Lyès. Il ne doute plus des sentiments du médecin envers la jeune femme. Cela saute aux yeux. Mais enfin, se dit-il en se donnant une tape sur le bras, ne lui avait-il pas lui-même reproché sa solitude ? Ne lui avait-il pas répété à chaque fois que l’occasion s’était présentée qu’il devrait penser à partager sa vie et ses succès avec quelqu’un ?
Bien sûr, il était sincère dans ses propos. Il voulait le pousser à refaire sa vie et à se consacrer un peu à son existence, lui qui passe la totalité de son temps dans sa clinique. Mais le jeune homme est loin de se douter que cet homme allait le devancer pour courtiser Nedjma.
Et elle donc ? Qu’en pense-t-elle ?
Est-elle éprise de ce médecin ? Est-elle tombée amoureuse comme toutes ces femmes qu’il traite et à qui il rend le sourire ?
Nedjma était un cas désespéré à son arrivée dans cette clinique. Le Dr Lyès lui a redonné confiance et lui a permis de revivre.
Ne serait-il pas ingrat de sa part de refuser les avances d’un homme qui lui a permis d’aimer la vie à nouveau ? Nedjma devait se
sentir plutôt son obligée !
Nazim se passe une main sur ses bandages. Il sent une migraine le tarauder et un bourdonnement gagner les profondeurs de ses oreilles.
Il s’appuie un moment contre le mur du couloir, avant de rejoindre d’un pas traînant sa chambre.
Elle était là !
Il a du mal à la regarder en face. Elle est là, assise sur son lit qui l’attend.
- Où étais-tu donc ? Je me demandais si j’avais bien fait de venir aujourd’hui.
Nazim se laisse tomber auprès d’elle, le souffle court :
- Je… J’étais juste à côté, dans le couloir. Je me… je me morfondais dans ma chambre. Tu es entrée par la porte de service ? C’est pour cela que tu ne m’as pas remarqué.
- Comment te sens-tu ? J’ai l’impression que tu n’es pas bien.
Le jeune homme lève la main dans un geste de protestation :
- Cela ira mieux dans un moment. Je suis juste un peu fatigué.
- Normal. Cela fait à peine trois jours qu’on t’a opéré. Tu vas encore ressentir cette fatigue durant quelques jours. Il va falloir que tu te reposes davantage et surtout que tu manges mieux. Regarde un peu ce que je t’ai préparé.
Elle soulève le couvercle d’un panier de pique-nique et Nazim hume des odeurs culinaires qui lui donnent l’eau à la bouche.
- Hum… Cela sent bon.
- Je t’ai préparé un potage de légumes, une salade variée, un cocktail de fruits et un gâteau au chocolat.
- Tu es un amour, Nedjma. Je n’ai pas senti la faim venir de toute la matinée, mais maintenant, je t’avoue que je ne pourrai résister à ce déjeuner qui me paraît un festin.
- Pas du tout. Il y a juste de quoi déjeuner convenablement après une opération chirurgicale.
(À SUIVRE)
Y. H.
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