Des Gens et des Faits 65e partie

Les flammes de la passion

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Yasmina HANANE Publié 20 Mars 2021 à 21:09

RésuméDr Lyès procède à l’enlèvement des bandages. Il découpe aux ciseaux les pourtours du “masque” et prépare Nazim à “rencontrer” son nouveau visage. Ce dernier est tiraillé entre la peur et l’espoir. Va-t-il retrouver un visage agréable ? Ou bien sera-t-il déçu. Dans l’intervalle, Nedjma arrive à la clinique.

Elle traverse le couloir et se dirige vers l’infirmerie. 
- Pouvez-vous me renseigner, demande-t-elle à la jeune fille qui s’y trouvait. 
- Bien sûr. Que puis-je faire pour vous ?
- Je cherche Nazim, le jeune patient de la chambre n°3. 
- Ah ! Vous voulez parler du brûlé. 
- Tout à fait. Je crois qu’on ne l’appelle plus ainsi. Il n’est plus brûlé depuis ses opérations. 
- Je suis tout à fait d’accord avec vous madame. Et il se trouve que je l’ai vu en compagnie du Dr Lyès il y a environ deux heures. Ils se dirigeaient tous les deux vers le cabinet particulier du chirurgien.
- Le cabinet particulier ? Ah le cabinet du Dr Lyès ! Celui à l’étage. Parfait. Je vais m’y rendre. Peut-être y sont-ils encore.
Elle remercie la jeune infirmière et se dirige vers le bureau du Dr Lyès. Elle connaissait bien ce bureau où elle avait passé de longues heures à discuter avec ce dernier. 
Elle entendit des voix. Une voix qu’elle ne connaissait que trop criait fort et ferme. Nazim semblait en colère. Mais le médecin semblait plutôt calme et sûr de lui. 
Elle ouvre la porte et s’introduit dans le bureau. Là une grande surprise l’attendait.
Elle eut du mal à retrouver ses sens. Les deux hommes qui lui faisaient face la regardaient sans rien dire. Que pouvaient-ils d’ailleurs dire devant un regard qui les renseignait amplement.
Nedjma fait un pas vers Nazim.
Elle s’arrête et tente encore d’assimiler l’image qui l’affrontait. Elle se frotte les yeux et se pince très fort. Non elle ne rêvait pas. 
Nazim la regardait d’un air suppliant. Que pourrait-elle donc trouver pour le rassurer ?
Elle se racle la gorge et sentit la sécheresse de sa bouche. Elle avait soudain très chaud et tira sur son écharpe. On dirait qu’une main enserrait son cou. Elle défait le nœud de sa chemise et se débarrasse de son manteau.
Nazim et le médecin gardaient le silence. Un silence lourd dont les relents était sensibles. Le cabinet était chargé d’électricité.
- Mais enfin, arrive-t-elle à articuler, que faisiez-vous tous les deux ?
Dr Lyès s’avance vers elle et toussote.
- Je viens d’enlever les bandages à Nazim. Il est comment ? Comment le trouves-tu donc Nedjma ? Ai-je bien travaillé ?
Nazim était figé dans une position qui renseignait amplement sur ses états d’âme. Ses mains tremblaient et il avait du mal à se tenir debout. Pourtant, Nedjma aurait juré qu’il avait tenté de provoquer une bagarre. Elle l’avait nettement entendu crier. Peut-être même insulter le médecin. Elle n’était pas sûre sur ce dernier point, mais elle aurait juré qu’il y avait anguille sous roche.
La jeune femme se passe la main sur son visage avant de tendre le bras et de toucher le visage de Nazim.
- Non ! Pas encore Nedjma. La peau est encore trop fragile, et un simple contact pourra provoquer une infection. Je vais tout d’abord demander à Nazim de passer un baume protecteur sur son visage. Il est encore boursoufflé et tout rouge. Mais tout va rentrer dans l’ordre dans quelque temps.
Nedjma demeure muette. Nazim qu’elle ne connaissait qu’à travers le masque de ses pansements lui paraissait nu. Il expose cette nudité saugrenue devant elle. Il en avait peut-être honte !
- Tu ne réponds pas à ma question, Nedjma. Comment trouves-tu mon œuvre ?
La jeune femme relève la tête et éclate tout d’un coup en sanglots.
Dr Lyès s’approche d’elle et tente de la prendre dans ses bras. À ce moment et comme mû par une force incroyable, Nazim s’interposa entre eux.
- Ne la touchez pas !
Intrigué, le médecin se retourne vers lui.
- Pourquoi ? Pourquoi ne dois-je pas la toucher ? J’en ai bien le droit, puisqu’elle est toujours ma patiente.
Il se passe la main sur son visage et sent une légère brûlure. 
- Excusez-moi. Je crois que j’ai eu ma dose d’émotions pour aujourd’hui. Tout ce stress me rend nerveux.
Il s’approche de Nedjma et la regarde en face.
- Je ne voulais pas que tu me surprennes. J’aurais dû te préparer bien avant à m’affronter avec mon nouvel aspect. Je ne savais pas que Dr Lyès allait me proposer d’enlever les bandages sans m’en avertir auparavant. 
 

(À SUIVRE)
Y. H.

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