Des Gens et des Faits 21e partie

LES VOIES DE L’AMOUR

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Yasmina HANANE Publié 24 Avril 2021 à 21:33

Résumé : Notre journée s’est avérée fructueuse. Nous avons réglé nos affaires avec le notaire, avant d’aller dîner sur l’une des terrasses de ce quartier ancien qui attire les touristes comme les mouches. Demain nous irons rendre visite à cette Zeliha. En attendant, nous dégustons de délicieuses glaces. J’allais jusqu’à croquer mon cornet. 

Djamil jette le sien dans une poubelle et hèle un taxi.
- On va sûrement s’inquiéter de notre longue absence.
- Tant pis. Nous avons tout de même passé une journée très bénéfique et très agréable.
- Tu peux le dire. Tu imagines un peu que la villa de Fatten Alibey va nous revenir ?
Je m’étire avant de monter dans le taxi qui s’était arrêté à notre niveau.
- Tant mieux, je viendrai alors très souvent en Turquie. Ce pays m’a déjà fascinée.
Djamil sourit et m’aide à prendre place sur le siège arrière.
Nous arrivons une heure plus tard à notre hôtel, où nos compatriotes assistent à une soirée de musique traditionnelle turque.
Le son du tambourin et les robes des derviches qui dansent au milieu de la scène ne laissent personne indifférent. Les touristes prennent inlassablement des photos, ou se joignent à la danse.
Djamil m’entraîne vers le milieu de la scène.
- Viens. Nous allons danser pour mieux digérer notre dîner.
Je tente de me dégager.
- Mais tu es fou ! Je ne sais pas danser sur ce rythme.
- Laisse-toi entraîner. Je ne te demande pas de devenir une experte en la matière.
Il me tire par le bras et commence à tournoyer autour de moi avant de me saisir par la taille et de me faire virevolter. Je ne sens plus ni mes jambes ni le sol sous mes pieds. J’ai l’impression de voler très haut dans le ciel. Les lumières diffusées par les lustres et les appliques contribuent à m’emporter vers un monde insoucieux, où seul le bonheur existe. 
Heureuse, détendue et très légère, je m’accroche aux épaules et aux bras de mon cousin pour prendre mon élan et m’élancer vers des cimes jusque-là inconnues. Je suis enivrée. Le voyage, les rencontres, notre balade en ville… Le tout me paraît déjà loin.
L’ivresse dure presque deux heures. Lorsque la musique s’arrête, je me sens comme un oiseau qui vient de voler très haut dans le ciel, avant de se poser sur une branche.
- Alors, ça va ?
Je reprends mon souffle avant de répondre :
- Oui. Je n’aurais jamais cru…
- Que tu dansais si bien ?
- Je t’assure, Djamil, que je n’ai jamais dansé sur ce rythme. Je ne me suis jamais amusée autant non plus.
- Eh bien à chaque chose son temps. Tu apprendras tous les jours une nouveauté dans ce pays.
J’étais en sueur, et mes cheveux ébouriffés collaient sur mon visage et mon cou. J’ai l’impression de sortir d’un sauna, mais l’effort en valait la peine. Je remets un peu d’ordre dans mes cheveux avant de penser à retirer ma sandale qui me torturait.
- Je crois que je vais monter me coucher. Je ne tiens plus debout.
Djamil ébauche un sourire.
- Et moi donc ? Nous sommes tous les deux prêts à entamer une longue et bonne nuit. Va te reposer. Je vais fumer une cigarette avant de monter dans ma chambre.
Mes jambes ne me portent plus. Je me glisse dans mon lit, en ayant l’impression d’avoir toujours vécu dans ce pays, alors que je viens à peine d’arriver. Trop de choses se sont passées, et bien trop vite.
Je ne m’attendais pas à ce qu’on rencontre autant de gens le jour même, ni à ce qu’on glane autant d’informations sur le cousin et la famille en même temps.
Mes idées bifurquent vers cette cousine dont le notaire nous avait parlé. Qui était-elle ? Pourquoi ne nous a-t-on jamais parlé d’elle, alors que grand-père lui rendait visite régulièrement ? Était-ce une relation amicale qui les liait ou bien… ?
L’image de ma grand-mère traverse mon esprit. Elle était belle, coquette et autoritaire. On m’avait toujours répété que grand-père était fou amoureux d’elle. 
Fatty aussi l’était. 
Je ferme les yeux pour sombrer dans un profond sommeil. J’ai l’impression de n’avoir pas dormi du tout, lorsque la sonnerie du téléphone me tire de mes songes. J’ouvre un œil, pour constater que le jour est déjà levé. Je tire la couverture sur ma tête et tente de me rendormir. Je me suis peut-être assoupie quelques minutes, car la sonnerie insistante du téléphone reprend de plus belle. Cette fois-ci, c’est l’oreiller que je mets sur ma tête. 
Une demi-heure plus tard, et ne pouvant plus me rendormir, je me lève pour de bon. Je sors sur le balcon pour constater que toute l’équipe est déjà là. Tout le monde se donne à la joie et à la paresse des vacances sous un soleil radieux.
Les uns se baignent, les autres bronzent, et toute cette agitation me pousse à enfiler mon maillot de bain pour une première trempette.
 

(À SUIVRE)
Y. H.

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