Des Gens et des Faits 30e partie

LES VOIES DE L’AMOUR

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Yasmina HANANE Publié 05 Mai 2021 à 17:40

Résumé : Ziya revient à l’agence pour annoncer à Zeliha qu’il a l’intention de lancer des affaires commerciales à partir d’Istanbul. Il lui propose d’être sa représentante. Elle gagnera un bon salaire et aura son propre appartement. La jeune femme demande à réfléchir, car cette proposition inattendue la laisse pantoise.

Je soupire. Aziza était-elle aucourant de ces affaires ?
Ziya secoue la tête.
- Pas encore. Elle est enceinte et un peu mal en point. Et puis, elle ne comprend pas grand-chose à mes affaires. Pour elle, c’est la rentabilité qui compte. À chaque fin de mois, elle fait le bilan des achats, des dépenses et des salaires du personnel. Elle gère merveilleusement le budget familial, mais ne connaît pas grand-chose au commerce. Alors je m’abstiens de l’encombrer avec des sujets qui ne l’intéressent pas.
- Et pour moi ? Lui as-tu dis que tu allais me proposer du travail ?
Il secoue encore la tête.
- Non, puisque je ne suis pas encore certain de ta réponse.
- Alors parles-en lui. Si elle ne trouve pas d’inconvénient, je travaillerai pour toi.
Il fronce les sourcils.
- Pourquoi trouvera-t-elle un inconvénient ?
- Je ne sais pas, moi. Les… les femmes sont jalouses. Elles n’aiment pas trop que leur mari s’entoure d’éléments féminins, même si c’est pour le travail. Regarde un peu le cas de certaines secrétaires. Les femmes des patrons leur mettent souvent les bâtons dans les roues afin de les éloigner de leur homme et…
Ziya lève la main.
- Arrête Zeliha. Aziza n’est pas aussi possessive que cela. Tu es sa cousine, et elle sait que je préfère avoir affaire avec des gens de notre connaissance qu’avec des étrangers. Je sais ce que tu penses. Ma femme n’est pas au courant de cette nouvelle perspective, mais si cela peut te rassurer, je lui en parlerai dès mon retour en Algérie. Entre-temps, réfléchis à ma proposition.
Je hoche la tête.
- Parfait, Ziya. J’y penserai.
- Tu ne regretteras pas de travailler pour moi. Et… et dans le cas contraire, tu pourras toujours démissionner. Je vais faire en sorte que tu aies des gages en cas de démission, afin de pouvoir subvenir à tes besoins, jusqu’à ce que tu trouves un autre travail.
Je relève la tête.
- Je vais être assurée ?
- Bien entendu. Que crois-tu donc ? Je ne suis pas un simple marchand. 
N’oublie pas que j’ai traversé le monde. J’étais dans la diplomatie, et je connais tous les avantages et les inconvénients d’un travail tel que celui que je viens de te proposer.
Je baisse la tête. Ziya me propose un travail bien rémunéré et des gages. Le faisait-il par amour pour moi, ou bien est-ce son sens des affaires qui le rendait si affable ?
Ne voulant pas brûler les étapes, je préférais prendre du recul avant de donner ma réponse.
Ziya s’en va et me laisse pantoise. Je hume encore les relents de son parfum et me rends compte que j’avais oublié de lui en demander la marque. Mon esprit travaillait sans répit. 
Je devrais accepter ce boulot. Je vais avoir un appartement pour moi toute seule à Istanbul ! Et puis la perspective de pouvoir voyager sans regarder aux dépenses m’enchantait. À moi le monde. Je vais être la représentante commerciale d’un homme comme Ziya !
Puis mes pensées bifurquent sur Fatten Alibey. Cet homme que je n’aimais pas tellement, n’allait-il pas s’opposer à la proposition de son ami ?
Mais quelque chose en moi m’assurait que Ziya avait déjà tout prévu. Et c’était le cas.
Deux semaines plus tard, il me recontacte, et je réponds favorablement à sa proposition. Sans plus attendre, je quitte Marseille pour Istanbul.
L’appartement qu’on avait prévu pour moi se trouvait au centre de la capitale et à l’orée d’un grand quartier commercial.
Je n’en croyais pas mes yeux, en ouvrant la porte du luxueux immeuble où désormais j’allais habiter.
Mon “chez-moi” était non seulement spacieux, mais aussi meublé avec goût et recherche. Je découvre dans la salle de bains toute une collection de savons de luxe, de parfums, de shampooings, de bains moussants, etc.
Ziya avait tout prévu. Une bibliothèque bien garnie trône dans le salon, où se trouve aussi un piano à queue.
Je sors sur le balcon. Du haut du cinquième étage, je pouvais admirer le pont du Bosphore. Une vue pittoresque s’étend devant moi. La nuit, c’est un spectacle enchanteur qui vous invite à sortir de chez vous et à aller vous balader à travers les restaurants, les dancings et les magasins. J’étais heureuse et comblée.
Fatten vient me retrouver pour me montrer les premières ficèles du métier. Je devais trouver des clients, enrichir l’ancien fichier et mettre à jour les documents des marchandises déjà écoulées.
Mes connaissances dans la publicité et le marketing s’avérèrent incomplètes, voire insuffisantes par rapport à ce qu’il m’apprenait tous les jours. J’étais une élève assidue. Pour faire mieux, je me lançais corps et âme dans le travail. Au bout d’un mois, j’excellais dans mes nouvelles tâches.

À SUIVRE

 

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