Des Gens et des Faits 43e partie

LES VOIES DE L’AMOUR

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Yasmina HANANE Publié 22 Mai 2021 à 22:15

Résumé : Ziya légalisera religieusement son union avec Zeliha. En attendant la venue de son enfant, il lui loue un appartement à la Bastille, où elle s’y cache jusqu’à son accouchement. Lui, par contre, reprend ses affaires. La grossesse de la jeune femme ne semble pas de tout repos.

J’ai dû garder le lit durant plusieurs jours. La position allongée me procurait un peu de repos, mais je ne pouvais pas rester ainsi inactive jusqu’à mon accouchement.
Je travaillais alors en m’aidant du téléphone. Une dame de compagnie vivait avec moi. Elle s’occupait de la maison, des courses, et répondait à tous mes besoins.
Elle avait fait du secrétariat et s’avérait de grande utilité pour le traitement du courrier et la rédaction des correspondances. Moi, je m’occupais  des contacts et des négociations. Malgré mon état de santé, j’avais pu encore trouver d’autres clients et les ajouter à notre chaîne commerciale. Cela me faisait plaisir de voir que je pouvais, même à partir de chez moi, fructifier les affaires de Ziya et garder une relation permanente avec nos négociants.
Un soir, alors que je m’apprêtais à me mettre au lit, une douleur fulgurante me plia en deux. Je savais que j’étais au terme de ma grossesse et que mon accouchement était imminent. Ce que je ne pouvais deviner par contre, c’était que j’allais accoucher dans mon salon.
Le travail avait déjà commencé des heures auparavant. Je ne faisais pas attention aux tiraillements de mon dos, que je prenais plutôt pour une fatigue. J’avais déjà eu par le passé une petite lombalgie qui se réveillait de temps à autre lors de grandes fatigues, mais les derniers jours je ressentais davantage cette douleur, sans l’associer cependant à un état d’alerte. Je n’avais pas eu de contractions, et la date avancée par mon médecin était encore loin d’une bonne dizaine de jours.
Je me retins à la grande table en bois qui trônait au milieu de la pièce, avant de pousser un long cri. 
Ma dame de compagnie accourt et m’aide à me redresser, avant de me faire asseoir sur un fauteuil et d’appeler le médecin. Ce dernier arrive au moment où je perdais les eaux. Il était trop tard pour appeler une ambulance et m’évacuer à l’hôpital. Il demande alors de l’eau chaude et m’allonge sur des serviettes jetées à même le grand tapis qui ornait le sol.
Je passe les heures les plus interminables de ma vie. Le toubib m’avait prévenue que je ma grossesse était jumelée, mais je ne l’avais pas trop pris au sérieux. Ce soir, j’en aurais la certitude. Le premier bébé était une fille, qui ne vivra que quelques minutes, et le second, un petit garçon.
Je ne savais pas si je devais rire ou en pleurer. Ziya ne savait pas que je portais des jumeaux, mais j’étais certaine qu’il serait heureux de savoir que c’est le garçon qui a survécu. 
Je passe plusieurs jours entre la vie et la mort. J’avais contracté une infection, et on a dû m’évacuer dans un hôpital avant de procéder à un tas d’analyses et d’examens.
Je ne pus reprendre pied qu’une semaine après cet accouchement, qui avait failli m’emporter. Je me rappelle alors de mon fils, et je m’en inquiète. On m’assura alors qu’il était entre de bonnes mains, car Ziya était venu et avait tout de suite engagé une nourrice.
Ziya ? Il était donc là ? 
Qui l’avait appelé ? Le médecin ? Ma dame de compagnie ? Ou bien était-il venu de son propre gré tout en sachant que je n’étais pas loin du grand jour.
Où qu’il pouvait être, il m’appelait régulièrement et tous les jours. Je savais qu’il n’était pas trop à l’aise en me sachant mal en point et tout près de donner le jour à son enfant.
Je repense au petit. À qui ressemblait-il ? Je ne l’avais encore ni vu ni pris dans mes bras. Avait-il hérité des beaux traits de son père ?
Une infirmière vint m’injecter un sédatif, et j’en profitais pour faire un brin de causette avec elle. Elle m’assura que Ziya demandait à tout bout de champ de mes nouvelles et qu’il venait tous les jours, matin et soir, pour s’asseoir à mon chevet, alors que j’étais entre la vie et la mort.
Il avait fait appel aux meilleurs professeurs et avait promis de fortes récompenses à tout le personnel qui s’occupait de moi.
Et le bébé ? Elle sourit : un amour. Un petit ange tout rose qu’elle avait déjà eu le plaisir de prendre dans ses bras, car son père l’avait ramené pour un contrôle médical. Les circonstances de mon accouchement étant ce qu’elles étaient, il fallait prendre le taureau par les cornes et s’éviter d’autres mauvaises surprises. Le petit, qu’on avait prénommé Mohamed-Ali, se portait comme un charme.
Je pousse un soupir de soulagement. Dans un jour ou deux, je rentrerai chez moi et aurai tout le loisir de prendre mon fils dans les bras, de l’allaiter et de le chérir.
Je ferme les yeux un moment. Malgré toutes mes souffrances, ce bébé était le cadeau béni que j’attendais de la vie. J’avais Ziya et son enfant !
Mes idées bifurquèrent vers Aziza. Comment réagirait-elle si elle apprenait que son mari venait d’avoir un petit garçon avec sa propre cousine ? Cette cousine à qui elle avait justement confié ses soupçons et ses craintes quant à une éventuelle relation extraconjugale de Ziya.
 

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