Des Gens et des Faits 55e partie

LES VOIES DE L’AMOUR

  • Placeholder

Yasmina HANANE Publié 05 Juin 2021 à 21:14

RésuméAprès avoir tenté de reprendre pied, Ziya brade ses affaires à Paris pour revenir en Algérie auprès de sa famille et somme Zeliha de rentrer auprès de ses parents en Turquie. Elle se relance dans les affaires. Elle revoit Fatten, qui se plaint de sa solitude et auquel elle propose de faire un testament au profit des enfants de Ziya. Djamil et Narimène sont subjugués par le récit.

El le sourit.
- C’est une chose impensable, je le conçois, mais c’est la réalité, et je me devais de vous la raconter.
- Vous êtes restés ensemble, toi et Ziya, durant toutes ces longues années, et grand-mère ne l’avait jamais su.
- Ni quiconque d’autre, hormis mes parents et Fatten. Mohamed Asil Azmi le saura bien plus tard.
- Ce cher Fatten avait tout de même gardé le secret. Il n’était pas aussi mauvais qu’on le pensait.
- Non, pas du tout. Il aurait pu nous faire chanter, mais il avait compris que les jeux étaient faits et que Ziya avait sauté le pas. À quoi cela lui aurait-il servi d’ébruiter les choses ?
- À offusquer Aziza, dis-je.
- Ou à détruire un foyer, lance Djamil.
- Il aurait pu en profiter pour épouser Aziza.
- Mais non, il la connaissait trop. Elle avait du caractère, votre grand-mère. Et puis Fatten ne l’intéressait pas. Je suis certaine qu’elle s’était douté de ses sentiments, mais n’en avait jamais fait allusion. 
Même à moi.
Djamil s’étire et jette un coup d’œil à sa montre.
- Il est vingt heures. Nous avons passé toute la journée à vous écouter. Vous devez être fatiguée, tante Zeliha ; il est grand temps pour nous de nous retirer, et pour vous de vous reposer.
- J’ai passé une très agréable journée avec vous. Tous ces souvenirs qui remontent, cela m’a surtout permis de revivre ces moments heureux que j’ai pu voler à la vie. Votre grand-père était un homme formidable, et je ne regretterai jamais de l’avoir épousé. Ah ! Si au moins on avait pu garder notre enfant !
Des larmes brillèrent dans ses yeux, mais elle se reprit et lança :
- Avant que vous ne partiez, je vais vous remettre un album photos que vous pourrez garder en souvenir de Ziya. Il y a dedans un tas de clichés pris à Paris, ici à Istanbul et lors de nos voyages. Il y a aussi des photos de Mohamed-Ali. Heu… Je vous demanderais de les garder précieusement. Ces photos font partie de votre famille, et un jour vous serez emmenés à les exhiber, du moins si vous reprenez tout le récit que je viens de vous narrer. Je hoche la tête. Cette femme était à la fin de sa vie et espérait transmettre un peu de son passé à la famille de ce mari qui l’a aimée et qu’elle a adoré. Elle avait vécu dans son souvenir et était heureuse de nous rencontrer, car nous étions pour elle, non pas ces étrangers de passage, mais les petits-enfants de Ziya ! Et pour tout l’or du monde elle n’aurait raté l’occasion de nous remettre ces liens du passé qu’elle avait jusque-là précieusement gardés.
Elle revint vers nous avec un grand album relié de cuir et me le tendit.
- Voilà, je vous en fais cadeau. J’aimerais qu’après ma mort vous évoquerez mon souvenir, non pas comme une intruse, mais comme une femme qui avait réellement fait partie de votre famille. 
J’acquiesce et nous nous levons pour prendre congé de cette seconde grand-mère, que nous venons de découvrir et de rencontrer. Je n’arrivais pas encore à croire qu’elle était là devant nous, alors que la veille, nous ne la connaissions pas encore.
- Merci grand-mère, mumurais-je.
Émue, elle me serra dans ses bras.
- Merci à toi, ma petite-fille. Je serai toujours heureuse de vous recevoir chez moi, du moins tant que je suis de ce monde.
Djamil lui serra la main et la remercia.
- Mon père tombera sûrement à la renverse lorsqu’il apprendra votre existence. Il... Il ne va sûrement pas me croire, mais les photos sont là pour prouver que cette fois-ci je ne me paye pas sa tête.
Il rit.
- Mon père est tellement pointilleux. Tellement sûr de lui que la moindre critique l’offusque.
- Il a sûrement hérité du caractère de sa mère Aziza.
- Je ne cesse de le lui répéter. Il a hérité de toutes ses tares.
Zeliha se mit à rire, avant de nous accompagner jusqu’au portail.
- Vous auriez pu passer la nuit chez moi.
- Merci pour l’hospitalité, mais je pense que nous devrions rentrer à l’hôtel pour récupérer nos affaires et rejoindre le reste de l’équipe demain à Izmir.
- C’est comme vous voulez. Dans tous les cas, vous serez toujours les bienvenus chez moi, ne l’oubliez surtout pas.
- Merci. Vous êtes adorable.
Nous avons quitté Zeliha et nous nous sommes mis à marcher à petits pas jusqu’au grand boulevard. L’air était frais mais la nuit était agréable. Djamil tenait l’album photos sous son bras. Nous brûlions tous les deux d’envie de l’ouvrir, mais la faim nous tenaillait, et nous nous empressâmes de nous rendre dans un restaurant pour dîner.
 

À SUIVRE

[email protected]
VOS RÉACTIONS ET VOS TÉMOIGNAGES SONT LES BIENVENUS

 

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

    • Placeholder

    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00

  • Chroniques DROIT DE REGARD Trajectoire d’un chroniqueur en… Liberté

    Pour cette édition de clôture, il m’a été demandé de revenir sur ma carrière de chroniqueur dans ce quotidien.

    • Placeholder

    Mustapha HAMMOUCHE Publié 14 Avril 2022 à 12:00