Des Gens et des Faits 56e partie

LES VOIES DE L’AMOUR

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Yasmina HANANE Publié 07 Juin 2021 à 08:36

Résumé :  Le récit de Zeliha paraissait invraisemblable. Nous venons de découvrir la seconde vie de notre grand-père Ziya. Une vie qu’il a tenue secrète jusqu’à la fin de ses jours. Zeliha nous remet un album photo qui comporte des clichés de Ziya, de sa famille et de son fils Mohamed-Ali. En somme, un lien entre le passé et le présent. Nous la quittons enfin pour aller dîner. 

L’atmosphère était conviviale et les plats délicieux. Un orchestre jouait quelques morceaux romantiques, et Djamil me fait un clin d’œil.
- Veux-tu danser ?
- Un slow ?
- Pourquoi pas ? Notre grand-père a fait ses quatre cent coups ailleurs, et au début de leur relation, il invitait Zeliha au restaurant avant de l’emmener danser.
Je secoue la tête.
- Ce récit me paraît incroyable. Je... Je n’arrive pas encore à assimiler toute cette histoire.
Je prends l’album photo et l’ouvre. De belles photos s’étalèrent devant mes yeux. Il y avait notre grand-mère en grandes tenues de soirées, des bébés, puis des enfants… Notre grand-père encore sur les bancs de l’université, puis lors de la cérémonie de son mariage et enfin un autre volet de sa vie avec Zeliha.
- Regarde, Djamil, dis-je en tendant l’album à mon cousin. Regarde 
comme ils étaient jeunes et beaux.
Djamil rapproche sa chaise et jette un coup d’œil aux photos.
- Zeliha était ravissante. Je comprends que notre grand-père ait succombé à son charme.  
- Aziza aussi était très belle.
Djamil hausse les épaules.
- Bof. Avec son caractère acerbe, elle n’a pas dû lui rendre la vie facile. C’est pour cela qu’il est allé chercher ailleurs.
- Mais il l’aimait. Il l’adorait même.
Djamil hausse de nouveau les épaules.
- On peut aimer une femme et la craindre en même temps. 
- Tu crois ?
- Je ne le crois pas. J’en suis certain.
Je continue de tourner les pages de l’album.
- Tu vois ces bébés ? Ce sont nos parents. Oncle Wahid était trop joufflu, tante Keltoum un peu maigre et Nafissa, ma mère, trop blonde.
- Je crois qu’ils ont gardé les caractéristiques physiques. C’est un peu héréditaire aussi, puisque Aziza était un peu ronde et Ziya grand et svelte.
- Notre grand-père avait de la classe. Tu vois, là, avec son costume sombre et sa cravate grise ? Et puis ce chapeau qui lui va comme un gant et ce port altier. Il a dû faire des victimes parmi la gent féminine.
Djamil sourit.
- Tout comme moi, ma chère cousine.
Je me mets à rire.
- Toi ?
- Oui, moi. Tu ne vois donc pas que là où je passe toutes les femmes me 
suivent du regard ?
- Non. Je n’ai pas tellement remarqué.
Il pousse un soupir.
- Je me disais que tu ne remarquais rien. Pour la psychologue que tu es, c’est vraiment aberrant.
- Mais que veux-tu que je remarque donc ? Je sais que tu rencontres des amies, que tu aimes bomber le torse devant quelques-unes, mais en dehors de cela, ton alter ego ne devrait pas être trop différent de ceux des autres jeunes hommes de ta 
génération.
- Charmant, ma chère cousine. Tout ce que tu viens de raconter est très charmant. 
Il secoue la tête.
- Nous sommes à Istanbul pour un voyage organisé, qui s’avère plutôt fructueux pour nous, et je pensais qu’en étant enfin seuls et ensemble, tu allais au moins me prendre en 
pitié et découvrir les sentiments que je nourris à ton égard depuis de nombreuses années.
- Quoi ?
La stupeur me fera lâcher l’album photo que je tenais. Djamil se baisse et le récupère, avant de le refermer.
- Laisse tout ça, veux-tu ? Le passé ne pourrait m’intéresser, si je ne peux vivre le présent comme je l’ai toujours envisagé. 
- Et... Et comment l’as-tu envisagé ? parvins-je à prononcer après un grand effort.
Il sourit et incline un peu la tête.
- Je suis comme Ziya. J’aime tout ce qui est beau, charmant et attirant. Je veux gagner sur tous les bords et, en dehors de ma situation professionnelle, qui n’est pas des plus brillantes, je crois que je possède tous les atouts requis pour séduire n’importe quelle belle créature. Féminine, bien sûr.
Il avait débité les derniers mots sur un ton narquois. Je lisais l’ironie dans ses yeux, tout en me demandant s’il était sérieux dans ses propos.
Il me prend la main et la porte à ses lèvres.
- Narimène, n’as-tu jamais pensé à nous deux ? N’as-tu jamais deviné que je suis fou amoureux de toi ?

 


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