Des Gens et des Faits 57e partie

LES VOIES DE L’AMOUR

  • Placeholder

Yasmina HANANE Publié 07 Juin 2021 à 22:02

RésuméNous jetions un coup d’œil  aux photos de famille, lorsque Djamil me surprit par une  déclaration  inattendue.  Il  m’avoua  son  amour  et  son attachement, alors que jusque-là rien n’avait éveillé cet intérêt en moi. Il est un peu déçu par mon indifférence à son égard et se met à débiter des phrases incohérentes.

Je retire doucement ma main. Non pas par pudeur, mais parce que pour la première fois de ma vie quelque chose m’avait remuée. 
On dirait qu’un rideau se levait sur une scène où je me voyais moi-même en train d’interpréter le rôle principal auprès d’un acteur que je connaissais déjà, pour avoir longtemps joué à ses côtés. Était-il possible que mes sentiments envers Djamil soient bien plus profonds qu’une relation familiale ?
Nous avions grandi ensemble, certes, et il avait toujours pris ma défense devant les remarques acerbes de ma grand-mère ou de sa propre sœur, mais de là à imaginer autre chose…
La nuit était belle et étoilée. Le ciel dégagé était illuminé par les reflets lunaires. Ce soir j’avais découvert un tas de choses. Tout comme Aziza à une autre époque, je me sentais fière d’être l’élue d’un cœur aussi tendre que celui de mon cousin. Suis-je amoureuse de Djamil sans le savoir ? N’avais-je jamais rien remarqué dans son comportement avec moi ou bien avais-je mis ses excès de galanterie sur le compte de notre lien de parenté ?
- Ce voyage m’a ouvert les yeux sur un tas de choses, Narimène.
Il avait interrompu mes méditations et repris ma main dans la sienne.
- Je veux que tu réfléchisses un peu, ma chère cousine. 
Y a t-il un autre homme qui a compté un jour dans ta vie ?
Je secoue la tête.
- Non. Je… Je ne me suis pas intéressée aux hommes. Je voulais tout d’abord terminer mes études et me stabiliser.
- Oui, mais il y avaient des hommes qui s’étaient intéressés à toi. 
Tu as bien reçu un tas de demandes en mariage.
- Certes, mais cela ne veut rien dire.
Il m’interrompt.
- Si… Si… Cela veut dire bien plus que tu ne le penses. Tu as refusé toutes ces demandes. Aucun homme n’a pu susciter ton intérêt. Tu sais 
pourquoi ? Je vais te le dire moi : tu m’attendais.
- Hein ? Je... Je ne crois pas.
- Arrête donc de chercher des échappatoires, Narimène. Tu m’attendais. Tu te rappelles de ton précèdent anniversaire ? Ta maman a jugé opportun de nous mettre côte à côté autour de la grande table familiale. Elle avait compris depuis longtemps que nous étions faits l’un pour l’autre. Elle avait été jusqu’à me faire un clin d’œil afin que je découpe le gâteau avec toi. Kamel aussi avait compris mon intérêt pour toi, tout comme le tien envers moi. Tante Keltoum et ma mère n’étaient pas du reste. Je crois qu’il n’y a que ce tordu de Wahid qui n’avait encore rien vu. Mon père pense plus à ses sous qu’à autre chose.
- Il veut peut-être te voir marié avec la fille d’un riche industriel, issu d’une famille aristocratique.
- Je m’en fous de ce qu’il veut. Lui, il a fait sa vie. Je dois faire la mienne comme je l’entends. Je ne savais pas quoi répondre à Djamil. Ce cousin que j’ai toujours admiré, je ne pouvais le nier, m’inspire confiance et protection. Étaient-ce les deux choses que je voulais retrouver chez mes 
soupirants ?
Je regarde Djamil, qui tenait toujours ma main. Un jour, je me rappellerai de ces instants. Un jour 
lointain, lorsque je serai aussi vieille que Zeliha. Enfin, si Dieu m’accorde une longue vie.
- Djamil, je ne sais quoi te dire. Tu me prends au dépourvu avec ta déclaration. Je... Je ne trouve aucune réponse plausible pour le moment et…
Il lève la main. 
- Je n’ai pas besoin de connaître ta réponse tout de suite. Je ne veux ni te brusquer ni te mettre dans l’embarras. Tu prendras tout ton temps pour réfléchir. Il sourit.
- Nous sommes censés être en vacances, en voyage organisé. Demain nous rejoindrons le reste de l’équipe à Izmir. Nous profiterons du soleil, de la mer et de la sérénité de cette ville balnéaire. Nous allons sûrement visiter d’autres lieux. La Turquie est un très beau pays, et notre grand-père Ziya y revenait souvent.
- Il avait ses affaires et ses relations.
- Et Zeliha. Il avait cette histoire d’amour caché. Lorsque nous raconterons cette réalité à nos parents, ils tomberont des nues.
- Certainement. Ils ne vont peut-être pas nous croire non plus.
- Pourquoi ? On ne badine pas avec de telles choses. Et puis il y a cet album photo qui résume tout.
 

À SUIVRE

[email protected]
VOS RÉACTIONS ET VOS TÉMOIGNAGES SONT LES BIENVENUS

 

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

    • Placeholder

    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00

  • Chroniques DROIT DE REGARD Trajectoire d’un chroniqueur en… Liberté

    Pour cette édition de clôture, il m’a été demandé de revenir sur ma carrière de chroniqueur dans ce quotidien.

    • Placeholder

    Mustapha HAMMOUCHE Publié 14 Avril 2022 à 12:00