Des Gens et des Faits 58e partie

LES VOIES DE L’AMOUR

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Yasmina HANANE Publié 09 Juin 2021 à 08:43

Résumé : Surprise par la demande de Djamil, je tente de reprendre mes esprits. Mon cousin me propose de prendre le temps de réfléchir. La Turquie est un beau pays, et demain nous irons rejoindre le reste de l’équipe à Izmir. L’histoire de notre grand-père me paraît encore incroyable, mais les photos sont là pour la confirmer.

Je reprends l’album et me remets à regarder les photos, mais Djamil m’arrêtera au bout de quelques minutes.
- Nous n’allons pas passer la nuit ici. Je pense qu’il est grand temps pour nous de rentrer à notre hôtel pour prendre quelques heures de repos. Nous aurons tout le loisir de regarder ces photos ensemble.
Il hèle un taxi, et nous rentrons. Je me rends directement dans ma chambre pour prendre un bain et me changer. Comme le sommeil me fuyait, je m’empresse de reprendre l’album et de détailler les photos une par une.
Après les photos de notre famille, il y avait des photos de Ziya et de Zeliha. Partout où ils s’étaient rendus, ils semblaient heureux d’être ensemble.
Ils étaient jeunes, beaux et croquaient la vie à pleines dents. Un peu plus loin, les photos d’un beau bébé accrochent mon regard : Mohamed-Ali. Il était magnifique. Je sens des larmes ruisseler sur mes joues. Ce beau bébé était mort, alors qu’il se rendait à peine compte de son existence. Je comprends amplement le chagrin de Zeliha et de grand-père. Un aussi beau petit garçon ne pouvait laisser indifférents tous ceux qui l’avaient connu.
Je refoule mes larmes pour continuer à tourner les pages de l’album. Au-dessous de certaines photos sont inscrits des dates et quelques commentaires. Les heureux événements, les cérémonies, les anniversaires, etc.
Ziya avait rajouté des photos de ses autres enfants. Tante Keltoum en tenue traditionnelle le jour de ses noces, mon père et ma mère lors de leurs fiançailles, oncle Wahid qui tient un bébé dans ses bras : Djamil.
Je passe un doigt caressant sur la photo. Djamil est aujourd’hui un jeune homme qui veut m’épouser. Je soupire. D’après lui, la famille semble accorder un grand intérêt à notre relation, alors que moi-même, je n’y ai même pas fait attention. Jusqu’à ce soir, Djamil était pour moi le cousin et le petit confident occasionnel. Sans plus. 
J’allais refermer l’album, lorsqu’une enveloppe en tombe. Je la ramasse et constate qu’elle portait mon prénom : Narimène.
L’écriture fine et penchée était celle d’une femme. Zeliha, sûrement. Mais quand l’a-t-elle rédigée et pourquoi ne me l’avait-elle pas remise en main propre ?
Trop de questions se bousculaient dans ma tête, sans trouver de réponse. En fait, la réponse se trouvait sûrement dans la missive qui m’était destinée. Je me calle contre mes oreillers et déplie le papier rose et parfumé. Les lignes fines et rapprochées s’étalaient devant mes yeux. Elles semblaient vouloir me transmettre un message tellement profond que je me penche en avant pour mieux m’imprégner de leur sens. Zeliha avait dû passer la moitié de la nuit à écrire, et pour cause, elle remontait le temps, pour me reparler d’elle et de Ziya. Le coup de foudre existe, disait-elle, mais dans mon cas, il va falloir que j’ouvre tout grands mes yeux pour chercher l’étincelle qui brillait dans les yeux de Djamil.
Elle avait tout vu. Tout compris au premier coup d’œil, alors que moi, je ne m’étais jamais douté de quoi que ce soit. Djamil ressemblait à Ziya comme deux gouttes d’eau, me disait-elle. Elle avait apprécié cette ressemblance, et tout comme pour elle-même, elle me demande de me rapprocher un peu plus de lui, afin de comprendre ses états d’âme et l’amour qu’il nourrissait à mon égard.
Comment une jeune femme aussi avisée que moi n’avait-elle pas deviné tout ce volcan qui bouillonnait en lui ?
Zeliha me reprochait mon indifférence et mon manque de perspicacité. Bien sûr, j’étais encore jeune et inexpérimentée et sûrement inconsciente. Je l’entendais nettement me gronder et me faire des remontrances. Sa voix douce pénétrait dans mes oreilles et fouinait dans les tréfonds de mon être. Savait-elle que Djamil allait me faire des révélations le soir même ?
Peut-être qu’après avoir pris connaissance du récit de Zeliha et du mariage secret de notre grand-père Djamil s’était-il décidé à m’avouer son amour, afin de devancer les heurts du destin.
Dans sa lettre, Zeliha me donnait des conseils. La vie l’avait mûrie, et elle ne pouvait se taire devant une réalité aussi évidente que l’amour de Djamil envers moi. Elle était navrée devant cette désinvolture que j’affichais et m’exhortait à faire preuve de plus de délicatesse. Un homme aussi amoureux que Djamil et aussi sincère, je ne risque pas de le rencontrer à chaque coin de rue. Alors, il faut savoir saisir sa chance lorsqu’elle se présente, et la mienne se présentait maintenant et sous de bons auspices. 
Elle me demande donc d’ouvrir les yeux et de voir le monde sous un autre angle, car le hasard, ce vieux farceur, ne s’affiche pas toujours sous des auspices favorables. Elle est pourtant sûre que ma sagacité allait l’emporter et que je vais finir par remarquer l’amour que me portait mon cousin et que je serais l’heureuse élue de cet homme qui possède, en sus de son charme, des qualités indéniables. Elle n’en doutait plus !
Elle termine sa lettre en me présentant ses vœux les plus sincères pour une vie heureuse et prospère. Pour elle, mon mariage avec Djamil était imminent.

 


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