Des Gens et des Faits 59e partie

LES VOIES DE L’AMOUR

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Yasmina HANANE Publié 09 Juin 2021 à 21:49

Résumé : Je passe la moitié de la nuit à regarder les photos de notre famille, ainsi que celles de Ziya avec Zeliha et leur enfant Mohamed-Ali. Alors que j’allais refermer l’album, une enveloppe en tombe. Zeliha s’adressait à moi et me reprochait mon indifférence envers Djamil. Elle avait compris au premier coup d’œil que mon cousin était amoureux de moi !

Dans l’enveloppe se trouvaient aussi une carte de visite qui comportait l’adresse et le numéro de téléphone d’une maison de haute couture. Zeliha m’exhortait à prendre rendez-vous le plus tôt possible avec la directrice à Istanbul, afin de commander ma robe de mariée et de me la faire livrer au moment opportun. Elle y veillerait d’ailleurs. Elle avait déjà pris les devants pour m’offrir ce premier cadeau et s’était sentie en droit d’être celle qui sera ma première dame d’honneur. Si je le voulais, bien sûr. Je remets la longue lettre et la carte dans l’enveloppe parfumée et dépose cette dernière sur ma table de chevet. Il était déjà deux heures du matin, et je me demandais si je n’étais pas en train de rêver à tous ces événements depuis que je suis en Turquie. Je me pince très fort, et le lendemain l’hématome qui ornait mon poignet me confirmera que je n’avais pas rêvé. J’étais bel et bien à Istanbul, et mon cousin m’avait avoué son amour pour moi. Je soupire en regardant la grande bleue à travers les rideaux de la porte-fenêtre qui donnait sur la terrasse. De ma chambre je 
pouvais constater que le jour était levé depuis belle lurette et que des touristes avaient déjà assiégé les abords de la plage. Mon téléphone avait sonné plus tôt, mais comme je dormais encore à moitié, je n’avais pas daigné répondre. 
Djamil était sûrement déjà levé et avait même dû faire quelques foulées sur la plage. Quelqu’un frappe à ma porte. Djamil, frais et dispos, m’embrasse sur les deux joues.
- Alors, bien reposée ?
Je hoche la tête.
- Oui. Je n’ai pas pu fermer l’œil jusqu’au petit matin, mais les quelques heures de sommeil dont j’ai pu profiter m’ont fait du bien.
- Alors, prête à entamer le voyage vers Izmir ?
- Bien sûr. Nous devrions rejoindre la troupe. Heu… Je suis prête. Tu veux bien m’aider à porter ma valise ?
- Donne-la-moi. Je vais te précéder au restaurant. Nous allons tout d’abord prendre un bon petit-déjeuner avant de songer à prendre la route.
La journée est rayonnante. Je prends mon fourre-tout et récupère quelques affaires qui traînaient encore dans ma chambre. Mes yeux tombent sur la lettre de Zeliha, et je m’empresse de la mettre dans mon sac à main. Je souris en repensant à ses conseils. Elle était peut-être dans le vrai, me dis-je. Je n’ai pas son expérience pour comprendre les états d’âme de mon cousin, mais je savais que Djamil allait revenir sur le sujet. Il avait attendu ce voyage pour m’avouer son amour. En fait, ce n’était pas cette histoire d’héritage qui l’intéressait, mais, tout compte fait, n’est-ce pas un héritage tout cet amour qu’il ressentait pour moi ? Un peu comme Ziya l’avait ressenti pour Zeliha, alors qu’ils étaient en France. Je rejoins Djamil pour le petit-déjeuner, puis nous montons dans un bus de touristes qui se rendaient justement à Izmir. 561 km. Sept heures de route. Malgré plusieurs arrêts dans des relais routiers, j’étais épuisée. Je me rendais compte plus tard que la fatigue nerveuse que j’avais ressentie était la première coupable de mon manque de forme. Mon esprit n’avait cessé de ruminer tout au long du trajet. Assis, à côté de moi, Djamil avait tenté de me distraire, en me montrant certains sites fabuleux et en nommant les villages que nous traversions au fur et à mesure que les heures avançaient. Mais devant mon manque d’intérêt, il bat en retraite et prend un journal, avant de se laisser aller contre son siège et de s’endormir.  Il faisait presque nuit lorsque nous arrivons à l’hôtel où étaient logés nos compatriotes. Nous retrouvons notre guide, qui ironisera sur notre voyage organisé qui, pour nous, était plus un voyage de famille. Ce qui n’était pas tout à fait faux. Après le dîner, nous assistons à un spectacle de chants locaux et de danses kurdes cette fois-ci. Je me sentais si lasse que je monte me mettre au lit, sans attendre la fin de la soirée. Djamil, par contre, s’amusait comme un fou. La fatigue n’avait pas eu trop d’impact sur sa forme, et il était prêt à traverser la Méditerranée à la nage s’il le fallait, m’avait-il dit en riant.
Je rejoins ma chambre. Mais loin de m’endormir, je relis la lettre de Zeliha. Pourquoi ? Je ne saurais le dire. J’étais comme hypnotisée par cette missive. On dirait que cet écrit avait traversé le temps et les époques pour m’atteindre. Vais-je encore faire languir Djamil ? Je m’étais fixé pour délai la fin de ce voyage pour lui donner ma réponse. D’ici là, je vais souffler un peu et me reposer comme il se doit. Ce n’est pas tous les jours qu’on prend des vacances. Surtout comme les miennes cette fois-ci.
Lorsque je me réveille le lendemain, la matinée était déjà très avancée. Je m’étire dans mon lit, tout en me demandant si Djamil était déjà levé et, dans ce cas-là, pourquoi il ne m’avait pas réveillée comme à son habitude ?
 

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