Des Gens et des Faits 61e partie

LES VOIES DE L’AMOUR

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Yasmina HANANE Publié 12 Juin 2021 à 22:31

Il était déjà 17h. Dans deux heures, nous devrions quitter l’hôtel pour une autre destination. Notre guide me l’avait confirmé en me recommandant d’être à l’heure, car aucun retard ne sera toléré.
Je me lève et ouvre toute grande la fenêtre qui donnait sur un grand parc. Des couples assis çà et là sur les différents bancs en bois vert discutaient et riaient. Des jardiniers taillaient dans les grands bacs de fleurs et redressaient les arbustes alignés tout au long de la bordure en gazon naturel. Des jets d’eau complétaient ce tableau romantique à travers cette étendue de verdure qui reposait les yeux.
Mon regard se porte au loin, et je remarque alors un jeune couple qui riait et se donnait des tapes. Djamil !
Mon cousin était là et en galante compagnie !
La jeune rousse qui s’accrochait à son bras ne devait pas faire partie de notre équipe, puisque je ne l’avais jamais vue auparavant. Je sens un pincement au cœur, et mes lèvres se mettent à trembler. Que faisait Djamil avec cette fille ? Qui était-elle ? Et pourquoi cette familiarité entre eux ?
Les questions se bousculent dans ma tête. Je reviens dans ma chambre et referme rageusement la fenêtre avant de prendre mon téléphone pour tenter de joindre encore une fois mon cousin. Cette fois-ci son mobile était éteint !
Je bondis sur mes jambes ! Djamil avait oublié jusqu’à mon existence ! Cette fille avait dû lui jeter un sort !
Je sors en courant de ma chambre et, comme l’ascenseur était occupé, je dévale quatre à quatre les escaliers, pour descendre au parc et retrouver mon cousin.
Mais, à mon arrivée, le banc était vide et le couple avait disparu !
Je me laisse alors tomber sur l’herbe et me prends la tête entre les mains. J’avais envie de verser toutes les larmes de mon corps.
Pourquoi Djamil me tourne-t-il le dos au moment même où je me découvre des sentiments profonds envers lui ?
Mes yeux déversèrent leur trop-plein, et mes joues s’inondèrent. Je me sentis si vulnérable, si offusquée, que je ne voyais plus rien autour de moi. Le jardin et son enchantement avaient disparu, et l’amertume avait remplacé l’euphorie que j’avais ressentie auparavant.
Djamil me lâchait. En fait, moi aussi j’avais joué à la pudique et à la difficile, alors que sans tourner en rond il avait été directement au but. Il voulait m’épouser. Il m’aimait. Zeliha l’avait deviné et moi non. Mais moi aussi je l’aimais. Oui. Je l’aimais sans le savoir. Tout le monde le savait et moi pas. Zeliha avait-elle aussi ressenti cette attirance entre nous ? C’était fort probable, puisqu’elle avait déjà pris les devants et m’avait déjà présenté ses vœux.
Que pouvais-je donc attendre maintenant ? Que cette jeune rousse me pique Djamil et que je rentre bredouille à la maison ? Non !
La révolte gronda en moi. Non ! Djamil sera à moi. Personne ne pourra me l’arracher !
Je me rappelais mes anciennes lectures et les histoires d’amour où les réactions de femmes jalouses étaient imprévisibles. Moi aussi je l’étais en ce moment. Je ne pouvais laisser mon cousin se faire embobiner par une femme qu’il venait de rencontrer, alors que moi, sa cousine, était là à me morfondre. Je vais montrer de quel bois je me chauffe à cette intruse. Je vais lui donner une correction qui lui coupera à tout jamais l’envie de regarder un homme. Hein ?
Ma réaction me surprend. Je n’avais jamais imaginé à un moment de ma vie que j’allais devenir aussi agressives et aussi prête à bondir pour défendre mon amour. Est-ce parce que je ne connaissais encore rien aux sentiments ? Est-ce parce que Djamil n’avait jusque-là jamais compté pour moi autant ?
Je relève la tête et essuie mes larmes d’une main rageuse. À travers les branches du bougainvillier en fleurs qui se dressait devant moi, j’entrevis mon cousin qui revenait avec cette jeune femme à ses côtés. Il s’approchait du banc qui se trouvait juste derrière moi et ne pouvait sûrement pas me rater.
J’étais assise sur l’herbe. Mon visage était boursoufflé et mouillé de larmes. Mes yeux enflés me faisaient mal. Je me mouchais bruyamment lorsque Djamil s’arrêta devant moi.
Tout d’abord surpris de me trouver là, puis encore plus surpris de me voir dans l’état où j’étais, il se penche et me prend par les épaules, avant de me  demander :
- Narimen ? Mais que fais-tu là toute seule, et pourquoi pleures-tu ? Tu es malade ?
 

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