Des Gens et des Faits 53e partie

L’héritage

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Yasmina HANANE Publié 02 Janvier 2021 à 19:41

Résumé : Ratibe venait d’avoir ses 18 ans. Je décidai alors de lui remettre l’enveloppe laissée à son intention par mon grand-père. Il fut étonné et agréablement surpris d’en connaître le contenu. Curieuse, je voulais tout savoir sur ce message.

Ratibe s’étira et me lança en plaisantant :
- La curiosité est un vilain défaut.
Je souris :
- Cet adage, tu aurais pu l’appliquer pour toi-même et en d’autres circonstances, Ratibe. Après tout, je suis ta mère et en droit de demander ce que je veux.
Il sourit, espiègle :
- Et si je refusais de te dire ce qu’il y a dans cet écrit ? Grand-père voulait un lien direct avec moi.
- Ratibe, m’écriai-je, hors de moi. Cesse donc de me mener en bateau et montre-moi cet écrit.
- Tu me promets d’en garder le secret ?
Je le regardai d’un air grave :
- Si c’est ce que tu veux, mon fils, je garderai le secret jusqu’à ma mort, je te le jure. D’ailleurs, jusqu’à ce jour personne d’autre, en dehors de toi, ne connaît l’existence de cet écrit. Même pas ton père. Mon grand-père l’avait remis à ma grand-mère Zahra et lui avait fait promettre de le garder chez elle jusqu’à ce que tu sois en âge de comprendre. Si elle était encore de ce monde, c’est elle-même qui te l’aurait remis. Mais voyant l’heure de son départ approcher, elle me  l’avait remis en me faisant promettre de te le donner à ta majorité et a emporté son secret dans sa tombe.
- Très bien. Alors, ouvre grands tes oreilles, maman, et écoute bien. Je vais te lire la dernière recommandation, puisque pour le reste ce n’est qu’un long processus historique sur la vie de ton grand-père et sur ses multiples réussites sociales et commerciales.
Ratibe se mit à lire d’une voix neutre :
“Avant de commencer cet écrit que tu ne liras que bien des années après ma mort, je dois d’abord te prévenir que cette lettre est en elle-même un testament de sagesse. Il est vrai, mon fils, qu’on ne se connaît pas. Qu’on ne se connaîtra jamais. Moi, je m’apprête à partir, et toi tu t’apprêtes à venir. Moi, je viens de terminer un long voyage dans ce monde, par contre toi, tu ne l’as même pas encore entamé. Je vais donc me permettre d’émettre quelques critiques sur cette vie terrestre que tu ne connais pas encore, mais que tu seras appelé à découvrir dans un avenir très proche. La vie, mon fils, n’est pas un jeu. La vie est un grand chantier, où chacun de nous doit avoir sa part de responsabilité. Chaque humain sur cette planète devrait savoir qu’il est sur terre pour une mission précise. La mienne, on a dû t’en parler, a consisté à fonder cette grande famille qui est la tienne et qui me survivra bien longtemps après ma disparition, car je compte avoir autant de descendance qu’il est possible à un être humain d’en avoir, et je crois que de ce côté-là je laisse un héritage assez consistant et non négligeable. Ma vie n’a pas été de tout repos. Comme tu dois le deviner, la responsabilité n’est pas une mince affaire. On m’appelait le patriarche. Et, effectivement, j’étais le patriarche d’une grande famille, qui devait savoir gérer ses biens afin de se mettre à l’abri de tout inconvénient, aussi précaire soit-il, qui pourrait la mener à la dérive et à la ruine. Comment aurais-je pu mener à bien ma mission si j’avais négligé un tant soit peu mes devoirs, et envers mes hommes de terrain et envers les miens. Je n’aurais pas pu survivre à l’échec. Et pour cela, j’ai tout fait pour l’éviter. J’ai longtemps lutté à contre-courant pour me maintenir à flot et arriver au rivage sans trop de dégâts. Bien sûr, la partie n’a pas été facile, mais mon abnégation et ma volonté ont fini par avoir raison de tous les aléas qui auraient pu surgir et me freiner  dans ma mission...
 

(À SUIVRE)
Y. H.

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