Des Gens et des Faits 12e partie

MERIEM

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Yasmina HANANE Publié 28 Juin 2021 à 21:50

Résumé : Tassadit ne donne pas sa réponse tout de suite. Elle devait réfléchir et poser ses conditions. Pour cela, elle donnera rendez-vous à Aïssa pour le lendemain. Ce dernier, impatient de la retrouver, arrive avant elle à l’endroit indiqué. Tassadit ne refuse pas sa proposition. Cependant, elle ne pouvait quitter la famille qui l’avait hébergée. 

Seulement, Kaci est un homme instruit, qui avait quitté le village depuis des années. Il travaille en France et gagne bien sa vie. De ce fait, il a pu prendre en main son destin et épouser Hemama. Ne pouvant supporter les regards malveillants des gens de son village, la jeune femme a demandé à son mari de la ramener ici dans le village de ses ancêtres. Certes, elle n’a plus personne sur qui compter, mais ici au moins elle a la paix. Kaci lui a promis de l’emmener en France, une fois qu’il aura réglé certaines affaires. Lorsque j’ai frappé à leur porte, Hemama qui était enceinte de son premier enfant fut heureuse de m’avoir auprès d’elle. Kaci m’a alors intimé l’ordre de rester auprès de sa femme jusqu'à son retour. Tu comprends donc mes hésitations à donner suite à ta proposition. Je regardai Tassadit. Pourquoi devenais- je vulnérable auprès d’elle ? 
- Je comprends tes motivations à rester auprès de Hemama. C’est très louable de ta part d’être reconnaissante envers tes bienfaiteurs. Voilà donc ce que je te propose si tu consens à devenir mon épouse. Je reste dans ce village, et nous pourrons nous marier dans les meilleurs délais. Je vais construire une petite maison pour nous deux et tenter d’acheter un lopin de terre. Ainsi, je pourrai travailler et toi tu pourras t’occuper de Hemama jusqu'à nouvel ordre. Je veux dire durant la journée, car, comme tu dois le savoir, il est inconcevable pour une femme mariée de passer la nuit ailleurs qu’auprès de son mari. Qu’en dis-tu ?
Elle fit une petite moue. 
- Je n’y vois aucun inconvénient, à part le fait que ta famille risque de te déshériter. 
- Eh bien, qu’elle le fasse ! Je suis comme ce Kaci. Je dois même trancher dans mes affaires. J’ai déjà vécu deux amères expériences avec deux femmes choisies par ma mère. Le résultat n’est pas des plus flatteurs comme tu le sais. 
Tassadit acquiesce. 
- J’en connais un bout sur ton passé, Aïssa. J’espère que tu sais ce que tu fais. Je n’aimerais pas devenir encore une fois la risée du village. 
- Tu es une femme extraordinaire, Tassadit. Une autre à ta place aurait vite fait de virer et Dieu seul sait dans quelle direction !
Sans trop tarder, je prends les devants pour chercher une maison. Un vieux paysan me proposera une ancienne écurie moyennant mon fusil. Je fis alors de mon mieux pour aménager un foyer, où Tassadit pourrait se sentir à l’aise. Une fois ce toit de fortune acquis, je l’épousai sans tambour ni fanfare. Un imam récitera la Fatiha devant deux témoins, et le tour est joué. Tassadit devint alors mienne, et mon bonheur n’avait plus de limites. Hemama nous aidera à nous installer en nous offrant des couvertures, quelques écuelles et une cruche. Nous nous contentions de peu. Tassadit partait tous les matins accomplir sa besogne auprès de sa bienfaitrice, et rentrait chaque soir avec un quartier de galette et des victuailles. Je ne pouvais rester les bras croisés, alors que mon épouse trimait pour moi. On commençait à me connaître au village. Mon sérieux et ma promptitude à rendre service ne passèrent pas inaperçus. J’étais aussi un habile chasseur, et le travail de la terre n’avait pas de secret pour moi. Quelqu’un me proposera de m’occuper de ses champs. Je ne refusai pas, mais posai mes conditions. Procéder à un partage équitable de la prochaine récolte. Un peu offusqué par cette proposition inattendue, l’homme tenta de négocier, mais je ne lui en laissai pas l’occasion. C’était à prendre ou à laisser. Il prit !
Le travail donnera ses fruits. La récolte était au-dessus des espérances, et d’aucuns disaient que ma main portait l’empreinte de la baraka.
 

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