Des Gens et des Faits 28e partie

MERIEM

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Yasmina HANANE Publié 17 Juillet 2021 à 20:14

Résumé : L’inconscience de Houria provoque une tragédie. Alors qu’elle se trouvait à son travail, sa fille convulse et rend l’âme. La jeune inconsciente appréhende à juste titre la réaction de son mari. Ce dernier, aveuglé par la colère, lui donne la correction de sa vie. Elle tente de se justifier.

Mais Amar n’entend plus rien. Il prend sa ceinture et se met à frapper sa femme qui criait en se cachant le visage avec ses mains. Elle tente d’échapper à son mari, mais ce dernier, emporté par la colère et le chagrin, la prend par le bras et se met à lui donner des coups de poing, puis des coups de pied.
Elle s’affale sur le sol et tente de s’accrocher à quelque chose pour se relever. Des voisins réussissent enfin à retenir Amar. Il lâche sa ceinture et se laisse tomber sur le lit en sanglotant. Puis il lance un juron et menace sa femme :
- Je ne veux plus te voir dans cette maison. Plus jamais. Je jure sur tous les saints que tu vas retourner au bled, juste après l’enterrement de la petite.
Elle allait riposter, mais des voisines l’entraînent vers le salon qui s’emplissait de minute en minute. Des collègues d’Amar sont accourus, ainsi que des voisins de l’immeuble mitoyen. Une ambulance ramène le corps de la petite Melaaz, qui semble dormir alors qu’on la met sur le grand lit de ses parents.
Amar se met à genoux devant elle et déverse son chagrin. Il interdit à Houria de s’approcher de sa fille. C’est elle la cause du malheur qui leur arrive ; il lui fera payer chèrement la rançon. Le lendemain, on enterra la petite innocente. Il y avait grande foule au cimetière. Des compatriotes compatissaient à la douleur du jeune père, et d’autres amis et collègues de travail assurèrent la famille de leur sympathie. Deux jours plus tard, Amar prend un billet d’avion pour Houria et la renvoie au bled avec une famille d’émigrés qui s’apprêtait à partir en vacances. Il garde Meriem et Ghania auprès de lui et demande à la voisine, qui s’occupait de Ghania, si elle pouvait faire le ménage et la cuisine, moyennant un petit revenu mensuel. La voisine accepte. Il peut donc reprendre tranquillement son travail. Les week-ends, il les passe auprès de ses deux filles qui s’amusent beaucoup en sa compagnie. Meriem, qui vient de boucler ses 8 ans, comprend un peu la situation. On lui avait dit que sa petite sœur Melaaz était repartie chez Dieu, Qui voulait la garder auprès de Lui, car elle était souffrante. Mais Ghania qui vient tout juste de boucler ses deux années, pleure de temps à autre et réclame sa mère. Amar a beaucoup de mal à la consoler. Il passe parfois toute la nuit à la bercer dans ses bras, ou lui fait prendre un bain pour la calmer. Elle dort alors jusqu’au matin, puis la voisine se charge de venir l’habiller pour la déposer à la crèche.
Quelques mois passent. Houria ne donne pas signe de vie. Elle a repris sa vie au bled, dans la vieille maison de ses parents. Pourtant un jour, quelqu’un vient apprendre à Amar qu’il venait d’avoir un fils. L’héritier tant attendu est venu agrandir la famille et lui faire oublier la disparition de la petite Melaaz. 
Amar demeure bouche bée. Houria ne lui avait pas dit qu’ils attendaient un enfant. Est-ce une omission de sa part, ou bien ne savait-elle pas encore qu’elle était enceinte lorsqu’il l’avait renvoyée au bled ? Six mois se sont écoulés depuis le drame de Melaaz. Six mois de peine et de chagrin qu’il a toujours du mal à surmonter. Il demande à son employeur quelques jours de congé, puis se rend dans une agence de voyages pour prendre son billet vers l’Algérie. Il prend Ghania avec lui, mais Meriem, qui est en pleines évaluations trimestrielles, reste chez leur voisine de palier. Une journée printanière l’accueille alors qu’il met le pied sur le sol de son pays. Lorsqu’il a quitté Paris dans la matinée, le ciel était bas et une pluie torrentielle s’abattait sur la ville. Ici tout renaît après l’hiver. Il aspire une bonne goulée d’air et prend Ghania dans ses bras pour héler un taxi. Quelques heures plus tard, il arrive dans son village. Il se rend tout d’abord à la ferme pour déposer ses bagages et se reposer. Ghania a dormi le long du trajet, mais maintenant elle joue avec sa peluche et réclame à manger. Amar fait bouillir des pâtes sur un réchaud. C’était tout ce qui restait dans ses placards. Il aurait pu sortir pour prendre quelques légumes frais de son potager, mais le temps presse. Il veut se rendre chez Houria et voir le bébé.

 


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