Des Gens et des Faits 29e partie

MERIEM

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Yasmina HANANE Publié 18 Juillet 2021 à 18:22

Résumé : Amar apprend par des émigrés qui rentraient du pays que Houria venait de mettre au monde un garçon. L’héritier tant attendu est enfin là et effacera sûrement le chagrin de la famille. Le jeune homme est intrigué par la nouvelle et décide de rentrer au bled.

Ghania, une fois rassasiée, se rendort. Il la dépose sur un divan et sort sur le seuil de la porte. Une femme remonte la pente. Elle porte un lourd panier. Il n’a aucun mal à reconnaître Daouia, la femme du berger, et la hèle aussitôt. Elle le reconnaît et accourt.
- Si Amar… Tu es rentré ? Je ne le savais pas.
- Je viens d’arriver.
- Sois donc le bienvenu chez toi. Heu... Je vais tout de suite te préparer quelque chose à manger. 
- Non, je n’ai pas faim. On vient de déjeuner moi et ma petite Ghania. J’aimerais que tu t’occupes plutôt d’elle. Elle est fatiguée par le voyage et dort profondément sur le divan.
- Avec joie. Je ne vais pas la quitter jusqu’à ton retour. Heu… Devrais-je préparer le dîner ?
Amar hausse les épaules.
- Si tu veux. Mais je t’avertis, je n’ai aucun légume chez moi. 
La jeune femme ébauche un sourire.
- Ne dis pas cela. L’abondance et la baraka nous entourent. C’est grâce aux récoltes de tes terres que nous mangeons tous à notre faim. Que Dieu te bénisse.
- Fais ce que tu veux, Daouia. Moi j’ai quelque chose à régler en urgence. Et surtout, surtout fais très attention à la petite. Si elle se réveille, prépare-lui un bol de lait.
- Compte sur moi. Et sois rassuré, je m’occuperai d’elle comme de mon propre enfant.
Amar traverse les prairies verdoyantes et les champs pour se rendre chez Houria, qui habite de l’autre côté du village. Sur son chemin, il rencontre quelques connaissances qui sont sincèrement heureuses de le revoir. On lui souhaite la bienvenue et on le félicite pour son nouveau-né. Après les salutations d’usage, il s’empresse de remonter le sentier qui mène chez son épouse. La porte de la maison est close, et les fenêtres aussi. Mais il entend les pleurs d’un bébé. Son cœur se met à palpiter. Son fils ! C’était son fils qui pleurait. Il donne un coup à la grande porte en bois puis attend. La voix d’une femme s’élève pour demander à quelqu’un d’aller ouvrir la porte. Une seconde plus tard, un jeune garçon lui ouvre. Amar lui donne une tape sur l’épaule et le repousse pour pénétrer dans la grande salle où brûle un feu sur lequel une femme cuisait une galette. 
À sa vue, elle se lève.
- Amar ? Oh mon Dieu ! On ne t’attendait pas de sitôt !
- Pourquoi donc ? Je dérange ?
- Non, bien sûr que non, mais Houria ne sait pas que tu es là.
- Devrait-elle le savoir ? N’ai-je pas le droit de venir voir mon fils ?
- Heu... Si... Si bien sûr.
Elle baisse les yeux et lance d’une petite voix :
- Houria se repose. Elle vient d’allaiter le bébé. Je vais lui annoncer que tu es là. 
- Non. Elle est sûrement dans la pièce du fond qui donne sur la courette. 
- Heu... Oui. Elle est encore trop faible, son accouchement n’a pas été facile.
Amar lance un regard méfiant à la femme qui se tenait devant lui. Taos, la veuve d’un ancien maquisard, rend service à tous les gens du village. Elle est sûrement là à la demande de Houria pour lui tenir compagnie.
- Je vais me rendre à son chevet. Peux-tu me préparer un café fort ?
- Bien entendu. 
- Amar se dirige vers la pièce du fond et soulève le rideau qui en cachait l’entrée. Houria dort ou... fait mine de dormir. Elle a sûrement entendu sa voix et ne semble pas prête à entamer une discussion avec lui.
Le bébé dort auprès d’elle. Le jeune homme s’approche de lui et tire un peu sur la petite couverture qui le protège du froid. Il sourit. Son fils est là ! Il sent ses yeux se mouiller. Après tous ces mois de souffrance, il peut enfin goûter à ce petit bonheur qu’il n’attendait pas.
Taos le rejoint et lui tend une tasse de café.
- Houria n’est pas encore totalement remise de ses couches.
- Je ne savais même pas qu’elle était enceinte. Quand avait-elle donc accouché ?
- Il y a une semaine. Comment l’as-tu su ?
- Par des émigrés qui venaient de rentrer. Pourquoi ne m’a-t-elle donc pas avisé ?
- Heu... je ne sais pas. Au village, on parlait d’une rupture entre vous. Elle est rentrée quelques mois auparavant toute bouleversée. Elle nous a aussi raconté ce qui était arrivée à la petite Melaaz. Je... je suis vraiment désolée pour vous.
- Je n’aimerais pas revenir sur cet épisode douloureux.

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