Des Gens et des Faits 31e partie

MERIEM

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Yasmina HANANE Publié 23 Juillet 2021 à 17:46

Résumé : Houria demande à son mari de lui pardonner ses dérapages. Mais Amar, encore sous le choc de la disparition de la jeune Melaaz, jure qu’elle ne remettra plus les pieds à Paris. Elle est née et a grandi dans ce village ; elle se réadaptera facilement à la vie paysanne. Houria est offusquée.  

Ses yeux semblaient sortir de leurs orbites.
- Non Amar. Non… Ne me fais pas ça. Pense un peu à nos enfants. Le petit va grandir loin de toi.
- Pas uniquement le petit. Je te laisse aussi Ghania. Elle est trop jeune et ne supporte pas  ton absence. À chaque fois que l’occasion se présentera je t’enverrai un mandat et tout ce dont tu auras besoin pour élever convenable nos enfants. Moi je dois trimer, je dois ramasser encore de l’argent et assurer ma retraite. Les terres sont toujours hypothéquées. Je dois payer mon dû, si je veux les récupérer. Mais la ferme est prospère. Tu pourras t’y installer et prendre tes aises.
- Non... Non Amar. Ne me fais pas ça. Je t’en supplie. Je t’en supplie. Je veux repartir avec toi en France.
- C’est fini. Tu peux oublier Paris et le reste.
Il s’apprêtait à quitter les lieux, puis revient sur ses pas pour passer une main caressante sur la joue de son fils.
- Il s’appellera Aïssa.
Une semaine passe, et Amar repart en France. Malgré ses supplications, Houria reste au bled avec ses deux enfants. Meriem est surprise de voir son père revenir seul, mais il la rassure. C’est bientôt l’été et ils iront tous les deux passer un long mois de vacances en famille. Meriem va sur ses dix années. C’est une véritable petite fée de foyer, qui s’occupe à choyer son père. Elle sait lui préparer son café bien dosé, cirer ses chaussures, laver ses chaussettes et le couvrir quand il s’endort tout habillé sur le canapé du salon.
Elle est aussi une élève assidue. À l’école, on lui fait toujours ses éloges, et il en est très fier. La fille d’Aïcha lui procure autant de bonheur que l’avait fait sa défunte mère. De son côté, il ne rate jamais une occasion pour lui démontrer sa gratitude. Il lui achète de beaux vêtements, l’emmène faire de longues promenades à la campagne, lui donne son argent de poche et, quand le temps le permet, ils vont tous les deux au cinéma. Meriem aime le cinéma et le théâtre. Elle fait d’ailleurs partie d’une troupe théâtrale à l’école et répète souvent ses textes le soir devant son père. En somme, Amar peut respirer d’aise, maintenant qu’il a remis les pendules à l’heure. Pas pour longtemps !
Les vacances d’été arrivent, et Meriem, qui ne tient plus en place, accompagne son père dans les magasins pour acheter des cadeaux et autres présents destinés à la famille et à certains de leurs connaissances. Amar a réservé leurs billets, et c’est le cœur palpitant qu’ils prennent ensemble l’avion à destination du pays. Au village, on les reçoit à bras ouverts. Comme à leur habitude, les villageois, qui vouent un respect et une admiration sans limites à Amar, lui réservent un accueil des plus chaleureux. Comme il n’a pas encore fêté la venue au monde de son héritier, Amar organise une grande cérémonie et convie tout le village à prendre part au grand couscous de l’année. 
L’ancienne mosquée ne désemplit pas de la journée. Les vieux serrent ce fils prodigues dans leurs bras, et les plus jeunes s’invitent à ses côtés pour l’entourer et entamer de longues discussions. Meriem a été confiée à sa belle-mère Houria, qui est restée à la ferme. Elle est heureuse de retrouver Ghania et le petit Aïssa, qu’elle ne connaissait pas encore. Le bébé a six mois et se porte comme un charme. Meriem lui pince la joue, et il sourit. Une dent menace de sortir de la gencive inférieure. La jeune fille le prend dans ses bras et le serre fortement contre elle. Ce petit frère, venu à point pour faire oublier le chagrin de Melaaz, a redonné l’envie de vivre à son pauvre père. Houria a accroché une amulette à son cou pour le préserver du mauvais œil. Aussi superstitieuse qu’elle est, elle ne le montre qu’aux plus proches de la famille. Ghania a beaucoup grandi. Elle court à travers la maison et saute à la corde dans la grande cour. Meriem la regarde jouer un moment, avant de s’approcher d’elle.
- Je veux jouer avec toi.

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