Des Gens et des Faits 33e partie

MERIEM

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Yasmina HANANE Publié 25 Juillet 2021 à 18:17

Résumé : Amar ne rentre à la ferme qu’à une heure tardive et s’installe dans la grande salle pour fumer une cigarette en sirotant un café. Il a des insomnies depuis son retour au bled et ne dort qu’au petit matin. Un gémissement lui parvient. Cela venait de la chambre où dorment ses filles.

Il s’introduit dans la pièce plongée dans l’obscurité. Dans la pénombre, il distingue une petite ombre qui s’agite. C’est Ghania. Elle a probablement fait un cauchemar. Il s’approche d’elle, lui touche le front et sursaute : l’enfant est brûlante de fièvre. Il court vers la salle de bains et prend une serviette et une bassine remplie d’eau fraîche, puis revient auprès de sa fille qui transpire abondamment. Il allume la petite veilleuse de chevet et la prend dans ses bras, avant de déposer une compresse sur son front. Ghania ouvre péniblement les yeux. Amar se met à la bercer.
- N’aie pas peur, tu as juste un peu de fièvre, cela passera vite.
Les lèvres sèches de la fillettes tentent de s’écarter dans un sourire, mais elle ne peut que grimacer. Quelque chose ne va pas, se dit Amar. 
Faisait-elle une indigestion ?  
Il continue à lui appliquer des compresses fraîches sur le front. La fièvre s’atténue quelque peu. La petite pousse un soupir et semble endormie. Amar la redépose dans son lit et la borde encore un moment, avant de ressortir sur la pointe des pieds. Il ne veut réveiller ni Houria ni Meriem. Mais si la fièvre persiste au matin, il appellera un médecin. Depuis quelque temps, une pharmacie et une polyclinique avaient ouvert à la lisière du village. Des permanences sont assurées de jour comme de nuit. De jeunes médecins venus de la ville se déplacent jusqu’au village en cas d’urgence.
Il est encore trop tôt pour faire appel à l’un d’eux. Amar jette un coup d’œil à sa montre. L’aube ne va pas tarder à se lever. Il retourne dans la chambre des filles et tâte le front de Ghania. La fièvre est tombée. Il essuie la sueur qui perle sur ses joues et son cou, et la recouvre.
La petite a dû prendre un coup de froid. Bien qu’on soit en pleine saison chaude, il n’est pas conseillé de s’exposer à la fraîcheur de la nuit. Ghania a dû transpirer en jouant, puis était allée s’asperger d’eau fraîche, comme elle le faisait parfois lorsqu’elle échappait à la vigilance de sa mère.
Amar se rallonge sur sa natte. Il prend une autre cigarette et l’allume en remettant la cafetière sur le feu. La maison endormie ne se réveillera que plusieurs heures plus tard. Houria se lève au premier cri de son fils. Elle le prend dans ses bras et rejoint son mari dans la grande salle. Amar la toise. Elle a pris beaucoup de poids ces derniers mois et fait plus que son âge. Elle remarque son regard et demande d’une petite voix :
- Tu... tu as passé la nuit ici, dans la grande salle ?
- Oui. Tu y vois un inconvénient ?
- Pas du tout. Mais il fait frais la nuit, tu aurais dû rejoindre ton lit.
- Je n’en avais pas envie. D’ailleurs heureusement que j’étais là. Ghania a fait une forte fièvre dans la nuit, et j’ai dû rester auprès d’elle pour déposer des compresses fraîches sur son front.
Houria porte la main à son cou.
- Ghania est malade ? Pourquoi ne m’as-tu pas réveillée ?
Il hausse les épaules.
- Qu’aurais-tu pu faire d’autre ? Mais il est impératif que tu saches que cet enfant peut tomber malade à n’importe quel moment de la journée ou de la nuit. Je constate que ton sommeil est profond. Depuis que tu as Aïssa tu ne penses plus à ta fille.
- Comment ça, je ne pense plus à ma fille ? En temps normal Ghania dort dans ma chambre. C’est depuis que vous êtes là, toi et Meriem, qu’elle veut partager la chambre avec sa demi-sœur. Je... je pensais que tu en serais heureux. 
- Je le suis, bien sûr. J’aime voir mes enfants ensemble. Mais lorsque je ne suis pas là, tu devrais doubler de vigilance. Ghania me semble une fille fragile et trop frêle pour son âge. Tu ne trouves pas ? 

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