Des Gens et des Faits 103e partie

MERIEM

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Yasmina HANANE Publié 15 Octobre 2021 à 19:18

Résumé :  Cinq années passent. Meriem décroche son diplôme d’architecte, et son père insiste pour qu’elle aille passer quelques jours au bled avec son jeune frère Aïssa, qui vit avec eux en France. Taos est heureuse de les revoir, mais Houria n’a pas changé de comportement envers sa belle-fille.

Meriem ébauche un sourire.
- Elle est ce qu’elle est. Laisse tomber, Houria, et viens me donner les nouvelles du village. Que deviennent Daouia et Ali, son mari ?
- Ils sont toujours au service de la ferme. Daouia a ramené un petit orphelin pour l’élever. Il fait le bonheur de sa famille.
- Je suis heureuse pour elle et Ali.
- Tu vois, c’est un dilemme pour un couple comme le leur. Daouia a déjà fait plusieurs fausses couches, et la dernière avait failli l’emporter. 
- Je sais. Elle m’avait raconté un pan de sa vie il y a quelques années. Elle et Ali s’aiment toujours autant qu’au début de leur mariage, à ce que je vois. 
- Oui. Il y a aussi plusieurs jeunes filles qui se sont mariées et sont devenues mères. Na Aldjia, la vieille accoucheuse, est décédée l’année dernière d’une pneumonie, et Omar, mon fils aîné, s’est installé au Canada.
Taos a la gorge nouée à cette évocation, et Meriem passe un bras autour de ses épaules.
- Il a fait son choix. Il va tenter l’aventure du Canada, comme les jeunes de sa génération. J’espère de tout cœur qu’il réussira dans cette prérogative.
Taos secoue la tête.
- Quelles que soient ses ambitions, il sera toujours un étranger sur une terre étrangère. Il aurait pu reprendre les terres de son père et les faire prospérer au lieu de se plaindre de sa situation de chômeur à longueur d’année.
- Que veux-tu, tante Taos ? Les jeunes de nos jours ont d’autres idées en tête. Omar est un homme sensé. S’il ne trouve pas du boulot au Canada, il rentrera au bled à n’en à pas douter.
Elle s’interrompt. Hakim venait de pousser la porte et passe sa tête.
- Ça te dirait une balade en ville, Meriem ? Je dois faire quelques emplettes et j’ai pensé qu’un petit tour en voiture te changera les idées.
Meriem se lève promptement.
- Tu sais bien que je ne raterai pas une telle opportunité. Donne-moi juste le temps de me changer.
La promenade est un régal pour la jeune fille, qui était restée longtemps loin de son pays. Elle constate que la ville avait changé depuis son dernier voyage. Des immeubles ont été construits, des espaces verts entourent de nouvelles bâtisses, des écoles ont “poussé” à travers les quartiers, de nouveaux magasins ont ouvert sur les grands boulevards et dans les 
artères les plus fréquentées.
- Je ne savais pas que la ville s’était agrandie aussi rapidement, lance-
t-elle à Hakim, qui conduit à côté d’elle.
- La ville grandit tous les jours. Des gens arrivent d’un peu partout pour s’installer et ramènent toujours un plus pour les autochtones. Le nombre d’habitants augmente régulièrement, et le commerce est plus florissant que jamais.
- Je le vois bien. Tous ces magasins que nous venons de dépasser n’existaient pas lors de mon dernier passage.
- Tu n’as encore rien vu. Durant tes cinq années d’absence, la ville a 
évolué dans tous les domaines.
Il donne un coup de klaxon rageur pour dépasser un camion qui roule à petite vitesse.
- La circulation devient de plus en plus difficile aussi. Avec le nombre de véhicules allant crescendo, le réseau routier s’avère insuffisant.
Il gare au bord d’un trottoir et poursuit :
- La cité étouffe sous le nombre de ses habitants. Il faut avoir des nerfs d’acier pour résister au bruit et à la pollution. Je préfère de loin le calme de notre petit village.
- Je suis tout à fait d’accord avec toi. Paris aussi est une vie bruyante et polluée. Il n’y a que lorsque je quitte la ville pour partir en banlieue ou dans les montagnes que je me retrouve.
- Alors, je vais tenter de faire rapidement mes courses pour qu’on puisse rentrer au village avant la nuit. Si tu veux te promener ou faire des achats, vas-y. Je te retrouve dans une heure.

 


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