Des Gens et des Faits 104e partie

MERIEM

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Yasmina HANANE Publié 17 Octobre 2021 à 09:53

Résumé : Hakim propose à Meriem une balade en ville. Cette dernière accepte d’emblée et découvre avec surprise que beaucoup de choses ont changé durant son absence. Elle a du mal à reconnaître certains quartiers et constate que la ville a évolué dans tous les domaines.

Meriem se saisit de son sac à main et descend du véhicule. Elle a envie de marcher à travers les ruelles de la ville. En fait, elle ne connaît pas bien la grande ville, qu’elle n’a visitée que quelquefois avec son père. Ils avaient fait les magasins ensemble pour acheter des souvenirs et parfois des graines pour la ferme ou du matériel pour les paysans. La dernière fois qu’elle a foulé le sol de ces anciens quartiers qui lui reviennent en mémoire, c’était pour manger dans un restaurant traditionnel, qui proposait quelques plats du terroir, qu’elle a appréciés. 
Et puis, il y avait aussi ces marchands de zalabia qui l’avaient charmée par leur manière de plonger leur grande louche dans l’huile fumante, pour retirer les croustillants gâteaux, avant de les replonger dans un sirop sucré. La jeune fille tente de retrouver ses repères et finit par tomber sur un cordonnier qui l’oriente vers un marchand de zalabia qui se trouve au détour d’une ruelle. Entraînée par sa curiosité, elle pousse sa promenade jusqu’à un autre quartier commerçant pour acheter un coupon de tissu à Taos et quelques petits souvenirs qu’elle compte prendre avec elle en France. Les bras chargés, elle pense enfin à retrouver Hakim, qui doit s’impatienter. Il l’attendait dans son véhicule en lisant un journal. À sa vue, il sourit.
- Tu as dévalisé les magasins ?
- Non, pas encore, mais je compte le faire bientôt. Pour aujourd’hui, j’ai acheté de la zalabia et quelques bricoles.
- De la zalabia ?
- Oui. J’en raffole. Il y a bien quelques Tunisiens qui la préparent en France, mais je préfère de loin celle de notre ville. Elle est exquise.
Hakim sourit toujours.
- Je ne comprendrai jamais les femmes. Certaines évitent les sucreries pour garder une taille fine le plus longtemps possible, et d’autres se rabattent sur les confiseries et les gâteaux sans limites.
- Tu exagères, Hakim. Je ne me prive pas de sucrerie, mais je n’en abuse pas non plus. Cela fait des années que je n’ai pas goûté à cette zalabia.
- Nous consommons cette confiserie plus couramment durant le mois de ramadhan. Le sucre est une source d’énergie et est très conseillé pour aider les jeûneurs à supporter les longues journées d’abstinence. Si tu aimes autant cette confiserie, je me ferai un plaisir de t’en acheter à chaque fois que je descendrai en ville.
Elle s’installe à ses côtés sur le siège avant et lance :
- Je te remercie, mais je n’ai pas l’intention de faire une cure de zalabia. Loin de là, mon cher ami. Je préfère manger plutôt nos figues sèches qui sont la meilleure source d’énergie qu’on puisse trouver dans notre contrées. (Elle rit.) Allez, tu peux démarrer. Heu… j’espère que tu as fini de faire toutes tes emplettes.
Il met le contact et démarre.
- J’ai trouvé ce dont j’ai besoin. Du fil de fer, des clous, des planches et quelques outils de jardinage. Je vais clôturer nos terres en attendant que quelqu’un les prenne en charge. Ma mère prend de l’âge et n’arrive plus à gérer seule les travaux de la ferme et de nos champs.
- Oui. Tu as raison, Hakim. Tante Taos n’est plus de prime jeunesse. Tu devrais l’aider autant que tu le peux, maintenant qu’Omar n’est plus avec vous. 
- Omar est fou. C’est un aventurier. Il est parti au Canada, sans aucune assurance.
- Bof ! Tu sais, de nos jours, les jeunes rêvent à l’Eldorado. En fait, rien ne vient sans rien. Il faut trimer dur. Ici ou ailleurs, c’est pareil. Il suffit d’avoir de la volonté pour réussir.
Hakim quitte la ville et s’engage sur la route.
- Il m’arrive à moi aussi de rêver à te rejoindre en France et à m’y installer. Tu veux bien me trouver un petit boulot ?
Elle rit.
- Non. Je ne peux rien te trouver. Tu as encore tes études à terminer ici. Et puis qui va rester donc avec tante Taos ? Vous n’allez tout de même pas tous l’abandonner dans ses vieux jours

 


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