Des Gens et des Faits 107e partie

MERIEM

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Yasmina HANANE Publié 20 Octobre 2021 à 09:35

Résumé : Meriem est surprise par la demande en mariage de Hakim. Ce dernier voudrait l’épouser, alors qu’elle a d’autres projets en tête. Le jeune homme ne s’arrête pas là et va jusqu’à lui demander si elle n’a pas un soupirant. Offusquée, la jeune fille trouve les mots qu’il faut pour lui répondre.

Meriem soupire.
- Le sujet est trop sérieux, Hakim. Le mariage n’est pas un jeu d’enfant. Nous sommes encore trop jeunes pour nous lancer dans une telle aventure.
Il acquiesce :
- Tu as raison. Je suis le seul à blâmer. Il faut dire aussi que je suis aveuglé par mes sentiments.
Elle met une main sur son bras.
- Rentrons, veux-tu ? Je suis sûre que ta mère a dû nous concocter 
un succulent dîner. Nous allons y faire honneur et fermer cette “parenthèse” entre nous.
Une semaine passe. Amar arrive. Il est heureux de revoir le village et les siens. Houria tente encore de se faire accepter par son mari, mais il affiche son habituelle indifférence à son égard et se contente de faire de longues promenades avec Aïssa et parfois avec Meriem pour rendre visite à quelques parents qui 
habitent dans les villages voisins. 
Les affaires fructifient et, comme à chaque fois qu’il est au village, on vient solliciter sa contribution pour la réalisation de quelques projets, comme la construction d’une mosquée ou d’une école, le forage d’un puits ou pour baliser un sentier abrupt. Amar ne refuse jamais de mettre la main à la poche pour aider les villageois dans le besoin.
Souvent, c’est avec son fils Aïssa qu’il se rend chez ces familles qui n’osent pas tendre la main car leur fierté est plus grande que leur faim. Amar veut démontrer à son rejeton que les vrais nécessiteux ne sont pas ceux qui mendient, mais plutôt ceux qui supportent leurs souffrances sans jamais se plaindre. Il voudrait qu’Aïssa apprenne autant qu’il le pourrait les rudiments de l’existence. Un fils doit doubler son père en tout point. Pour cela, il devrait le seconder dans toutes ses prérogatives. Aïssa approuve son paternel. Depuis qu’il vit auprès de lui en France, il a appris à mieux le connaître et découvre chaque jour en lui des qualités qu’il ne soupçonnait même pas. Il en est d’ailleurs très fier et ne cesse de le démontrer. Chose qui emplit d’aise Amar. Aïssa est tellement attaché à Meriem qu’il l’appelle parfois “ma petite mère”. Elle est si affectueuse et empressée à répondre à tous ses besoins qu’il oublie qu’il se trouve loin de Houria, sa propre mère. Cette dernière, jalouse d’avoir été détrônée par sa belle-fille, reproche à son fils sa négligence. Elle est restée au village, et il devrait penser à lui écrire régulièrement et à lui donner de ses nouvelles, au lieu de se contenter de lui envoyer des bonjours ou des petits cadeaux avec des émigrés de passage. Encore mieux, elle insinue à chaque occasion que c’est à lui d’insister auprès d’Amar, son père, pour la ramener en France, où elle pourra vivre avec le reste de la famille, au lieu de se morfondre dans ce village perdu. Aïssa, qui n’est pas tout à fait encore un adolescent, ne comprend absolument rien à ce langage, qui le dépasse. Il conçoit le refus de son père à ramener Houria à Paris, car il commence à bien connaître sa mère et sa langue pendue. Il a questionné Meriem à ce sujet, mais elle s’est contentée de lui donner des réponse évasives. Seulement Aïssa est trop intelligent et comprend tout à demi-mots. Il a surpris aussi quelques bribes de conversation entre Taos et son père, qui parlait avec chaleur d’Aïcha, sa première femme, et affichait un sincère regret quant à son mariage avec Houria. Le garçon aurait aimé voir son père plus heureux. Sa générosité n’a d’égale que son grand cœur, et c’est un homme de parole que tous les villageois respectent, allant jusqu’à le vénérer. 
- À quoi penses-tu ?
Il sursaute. Meriem est sur le seuil de sa chambre et le regarde. Il relève la tête et lui sourit.
- Oh à rien. Je me disais qu’il fait trop beau dehors pour se cloîtrer à la maison.
- Alors, qu’attends-tu pour sortir ?
- Je m’y apprêtais justement. Où est passé papa ?
- Aux dernières nouvelles, il était parti prendre des nouvelles d’Ali le berger. Tu sais bien qu’il est malade.
- Oui. On parlait de lui hier au soir. Papa voulait l’hospitaliser, mais Daouia s’y était opposée. Elle craint que son mari ne trépasse loin d’elle.

 


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