Économie Dépôts à vue et crédits bancaires

De l’absurdité des taux d’intérêt

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Ali TITOUCHE Publié 14 Février 2021 à 23:36

© D. R.
© D. R.

Les taux d’intérêt des dépôts à vue restent très faibles en Algérie, ne favorisant pas l’épargne et le captage des ressources, alors que ceux appliqués à l’octroi des crédits bancaires pénalisent l’investissement.

Alors que les banques ont de plus en plus de mal à capter des ressources pour dégager des liquidités, le taux de rémunération des dépôts demeure curieusement bas, ne favorisant point l’épargne et la bancarisation.

Les  taux  d’intérêt  appliqués  aux  épargnants  tournent  autour  de  2%, soit en dessous  du taux  d’inflation qui est, officiellement, de 2,4%, ce qui fait que les déposants perdent au change, alors que la conjoncture plaide en faveur de la mise en place de mesures pour encourager l’épargne.

Il est peu probable que l’objectif d’inclusion financière puisse se réaliser avec un taux de rémunération des dépôts aussi insignifiant. Il est quasiment l’un des plus faibles de la région. Cette politique de rémunération des dépôts est d’autant plus aberrante que les épargnants s’orientent de plus en plus vers la thésaurisation plutôt que d’emprunter le chemin inverse. 

D’autant plus que le coût des ressources récoltées par les banques est quasi nul. Mieux, certaines banques de la place arrivent même à dégager une profitabilité sur des ressources récoltées presque gratuitement. À l’inverse, les épargnants ont du mal à compenser le coût des services bancaires par la rémunération des dépôts à vue. 

Une étude réalisée par le cabinet Finabi sur les bilans des banques publiques et privées confirme la gratuité des ressources récoltées par le secteur bancaire algérien. Le coût net moyen pondéré du secteur se situe à hauteur de 0,58%. Certaines banques arrivent même à générer du bénéfice des ressources récoltées en sus du rendement secrété par les ressources octroyées (crédits accordés) à leurs clients. 

Aussi curieux que cela puisse paraître, même les banques islamiques offrent le même rendement à leurs clients. Le rendement des commissions d’une des banques investies dans la finance islamique tourne autour de 2,58%. Ce qui confirme l’idée selon laquelle l’investissement à la mode des banques de la place dans la finance islamique serait plus rentable, voire moins coûteux qu’une hausse de la rémunération des dépôts à vue. 

En théorie, le taux de rémunération des dépôts doit être supérieur à celui de l’inflation anticipée sur une année pour pouvoir mobiliser les ressources. Or, la Banque centrale qui dit réussir à stabiliser l’inflation sur une année reste — jusqu’ici — de marbre sur l’évolution des taux d’intérêt, sur fond de discours politiques appelant les banques à investir dans la collecte de l’épargne et la bancarisation des capitaux évoluant dans les circuits informels de l’économie.

Les deux démarches sont pour le moins antinomiques ; celle rappelant l’absence de volonté politique à même de réduire la masse monétaire évoluant en dehors du circuit bancaire et la faiblesse des taux de rémunération des dépôts.

En revanche, étant donné les impératifs de la conjoncture, liés essentiellement à la nécessité de faire repartir la croissance et soutenir l’investissement, le bon sens veut que les taux d’intérêt appliqués aux prêts bancaires dédiés aux investisseurs soient bas. Ce n’est pas le cas en Algérie puisque ces taux tournent autour de 6 à 8%, ce qui n’est pas de nature à aider la relance. 

“C’est une marge exagérée”, commente un des investisseurs que nous avons joint par téléphone. “Ces taux d’intérêt sont exagérément élevés par rapport au taux de profit de nombreuses entreprises, ce qui est à la fois pénalisant et coûteux pour les entreprises notamment en cette conjoncture de choc pandémique qui a mis à genoux des pans entiers de l’économie”, estime notre interlocuteur. 

Avec la crise et l’absence de perspectives, les taux d’intérêt bancaires appliqués aux entreprises, combinés au défaut de croissance et à l’effet psychologique, inhibent les intentions d’investissement. 

De plus, empêchées d’investir en raison des difficultés d’accès aux prêts bancaires et/ou à cause des coûts que ceux-ci peuvent générer, des entreprises ont dû reporter leurs projets et/ou réduire la voilure. Une situation qui risque d’aggraver le coût social de la crise.   
 

Ali TITOUCHE

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