Économie Marché parallèle des devises

Des capitaux d’origine “incontrôlée”

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Meziane RABHI Publié 13 Février 2021 à 23:10

© D. R.
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Le ministre des Finances a indiqué tout récemment  devant  les  membres de l'Assemblée  populaire  nationale  (APN)  que  son  département  s’attelait  à trouver une solution à la prolifération du change informel en associant tous les acteurs à travers une approche globale.

“De tels marchés  existent  dans  beaucoup de  pays  du  G20” a-t-il soutenu, mais ce qui inquiète  en Algérie, “c'est l'origine de ces capitaux”, a-t-il affirmé sans donner plus de précisions. En 2018, le  Fonds  monétaire  international (FMI) avait consacré, dans un rapport, une analyse au marché des changes parallèle et illégal qui s’est formé  au fil  des  ans, et  qui  semble  gagner en ampleur et en sophistication. 

Pour l’institution de Bretton  Woods, juguler  le  marché des changes parallèle devrait être une  des  priorités  du  gouvernement.  L’offre  de  devises  sur le marché  parallèle  provient  probablement,  pour  la  majeure  partie,  des rapatriements des retraites d’anciens expatriés algériens, des envois de fonds d’expatriés algériens  actuels,  de  la  surfacturation  des  importations  et  des recettes touristiques qui échappent au secteur bancaire.

La demande semble  être  alimentée  par  les  opérations  de  change  en  vue d’importations faisant l’objet de restrictions ou d’autres achats pour lesquels le bien-fondé de  l’opération  ne  peut  être  établi, de  la  fuite  de  capitaux  pour investir à l’étranger ou  échapper  à  l’impôt, et/ou comme réserve de valeur et la spéculation sur les fluctuations des taux de change officiel et parallèle.

“L’existence du marché parallèle complique la gestion macroéconomique car elle alimente les anticipations inflationnistes, fausse la  formation  des prix et affaiblit les canaux de transmission de la politique monétaire”, avait estimé le FMI.

Ce dernier estime que “l’ajustement  progressif  du  taux  de  change officiel, le  relèvement  des  plafonds  indicatifs  des  montants  de  devises  que  les voyageurs  peuvent  emporter  et  l’assouplissement  des  restrictions  aux importations  pourraient  réduire  l’ampleur  du  marché  parallèle, mais  ne suffiraient pas à l’éliminer”.

Pour le FMI, l’unification des deux marchés ne sera possible qu’en libéralisant progressivement les transactions en capital, une mesure qui ne pourra être envisagée qu’une fois les conditions macroéconomiques devenues plus favorables. 

La prime appliquée sur le marché parallèle s’élèverait actuellement à environ 40% du taux de change officiel.  Sur le marché parallèle, un  euro  s’échange contre 209 dinars à l’achat et à 211 dinars  à  la  vente, alors  que le dollar se négocie à 171 DA à l’achat, et 174 DA à la vente. 

Sur le marché officiel, la valeur de l’euro est fixée par la  Banque centrale à 167,34 DA la semaine dernière, alors que le  dollar valait 139,37 dinars. En l'espace de dix ans, le dinar a perdu 42%  de  sa  valeur vis-à-vis  du dollar américain et 74% de sa valeur vis-à-vis de l'euro.

En  2011, il  fallait  débourser  (en  moyenne  annuelle) 102 dinars pour  avoir un euro et 73 dinars pour avoir un dollar américain. En 2020, il faut débourser (en moyenne annuelle) un peu plus de 144 dinars  pour  avoir  un  euro et un peu plus de 127 dinars pour avoir un dollar américain. 
 

Meziane RABHI

 

 

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