Économie RÉFORME DU SECTEUR BANCAIRE PUBLIC

Éternels atermoiements

  • Placeholder

Youcef SALAMI Publié 15 Mai 2021 à 22:29

© D. R.
© D. R.

L’Algérie n’a pas progressé dans la réforme bancaire en raison du fait que  la  politique  financière  renferme  encore  de  lourds  éléments d’étatisme. L’expert financier Souhil Meddah pointe, pour sa part, le manque de ressources humaines bien formées et de volonté politique.   

L’Algérie n’a pas progressé dans la réforme bancaire, et ce, pour diverses raisons dont, notamment, le fait que la politique financière renferme encore de lourds éléments d’étatisme. En effet, le système financier se caractérise par une prédominance excessive des banques publiques, le secteur privé, représentant pourtant un ressort essentiel du monde de la finance dans les pays à économie de marché, reste encore minoritaire aujourd’hui en Algérie.

L’État ne semble pas vouloir copier des modèles en matière de réforme bancaire qui ont fait leurs preuves dans plusieurs pays où les progrès accomplis dans le domaine de la privatisation des banques sont encourageants et où les capitaux étrangers occupent une place importante dans le secteur bancaire.

Il y a quelques années, le pays avait initié le processus de privatisation d’une ou deux banques, mais l’opération a rapidement tourné court.Jusqu’à présent, on ne sait pas pourquoi le processus s’est arrêté. Mais pour certains, ce projet a été mis sous le boisseau, parce que l’État s’est recroquevillé dans une forme de logique dogmatique pour garder son monopole sur les banques.

C’est peut-être là l’une des raisons expliquant le peu d’entrain que le pays met dans la mise en œuvre du processus de la réforme bancaire. Souhil Meddah, expert financier, a un autre point de vue à ce sujet. Il relève que “le manque de ressources humaines bien formées et de volonté politique sont les principaux obstacles à la réforme bancaire”, au sens large du terme.

Pourtant, poursuit-il, l’Exécutif sait que “la pérennité du système financier passera par une réforme des banques et que cela concourra durablement au développement et à la croissance économique”. L’expert rappelle que les banques publiques “n’ont pas réussi à innover et à étendre la gamme de leurs produits et de leurs services”. De même, ajoute-t-il, “elles ne sont pas parvenues à mettre en place un système d’information décentralisé fonctionnant à travers un réseau bien fluidifié”.

Il relève en ce sens : “Nous sommes à l’ère du numérique au quotidien, et les banques doivent moderniser les systèmes de paiement avec la mise en place d’instruments de paiement et de circuits d’échange assurant la célérité et la sécurité des opérations bancaires. Cela fait aussi partie de la réforme bancaire.”

Une question se pose, cependant : peut-on exiger des banques d’engager des réformes, alors qu’elles ont à gérer des créances douteuses et qu’elles continuent d’accorder des crédits à des entreprises publiques en difficulté aujourd’hui et qui risquent de se porter plus mal encore à l’avenir ?

Voilà une question à laquelle il faut aussi trouver une réponse dans la politique de l’Exécutif. Souhil Meddah insiste à ce propos sur le fait qu’il y a “nécessite de développer un modèle managérial qui permettrait aux banques d’améliorer leur offre de service et, conséquemment, leurs performances”. Les banques publiques seront désormais dirigées par un organe bicéphale composé d’un directeur général et d’un conseil d’administration.

Cette forme de gestion ne risquerait-elle pas de créer de la confusion ? Souhil Medadh estime que pour le principe, la frontière “est bien nette entre les deux”, expliquant que le conseil d’administration établit la “politique de la banque” et le directeur général “l’exécute”.

Il ajoute que le directeur général “peut consulter” le conseil d’administration au sujet de certaines questions et qu’il est “comptable” envers lui. Et de poursuivre : “Le conseil d’administration et le directeur général doivent néanmoins adopter une feuille de route, énonçant les responsabilités qu’ils assumeront et les fonctions que doit remplir chacun d’eux.”

Il est bon de rappeler que l’État avait déjà mis en œuvre par le passé le modèle de direction bicéphale. Cependant, cette politique s’est avérée être un échec total. Pour notre interlocuteur, “le contexte de l’époque ne se prêtait pas à ce mode de management”. 

Il y a lieu, en effet, de se replacer dans le contexte au cours duquel, des mesures de soutien financier ont été adoptées par le FMI en faveur de l’Algérie. Souhil Meddah estime que le pays avait ainsi “d’autres préoccupations que la mise en œuvre et le suivi d’une réforme managériale”.

Il explique que dans le contexte actuel, où les banques ont intérêt à se mettre en phase avec les exigences de l’heure en matière financière et de modernisation, un “commandement bicéphale peut fonctionner de manière responsable et efficace, à condition qu’il fasse appel à des compétences de haut niveau et travaillant dans un environnement sain”.
 

Youcef SALAMI

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

    • Placeholder

    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00

  • Chroniques DROIT DE REGARD Trajectoire d’un chroniqueur en… Liberté

    Pour cette édition de clôture, il m’a été demandé de revenir sur ma carrière de chroniqueur dans ce quotidien.

    • Placeholder

    Mustapha HAMMOUCHE Publié 14 Avril 2022 à 12:00