Économie Crise dans la filière avicole

Hausse attendue des prix des viandes blanches

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Badreddine KHRIS Publié 28 Janvier 2021 à 08:55

© Yahia Magha/Liberté
© Yahia Magha/Liberté

Selon le président du Conseil interprofessionnel de la filière avicole, plus de 70% des éleveurs sont en arrêt d’activité.

L’Institut technique des élevages (Itelv) prévoit une hausse de plus de 30% des prix des viandes blanches durant le premier trimestre de l’année en cours. Les prévisions de cet institut font également état d’une baisse de l’offre du poulet vif sur les marchés à compter du mois de février prochain. 

“On s’attend à une baisse des mises en place des bandes de poulet, ce qui causera certainement une baisse de la production et une hausse des prix aux différents stades suivant le mécanisme de la loi de l’offre et de la demande”, est-il précisé dans la note de conjoncture de l’Itelv. Un constat partagé par le président du Conseil interprofessionnel de la filière avicole (Cnifa), El-Moumen Kali, qui avoue que les éleveurs subissent de plein fouet les méfaits de la conjoncture difficile que traverse le pays.

“Les éleveurs ne sont pas en train de mettre le poussin d’un jour à l’élevage, actuellement”, constate ce dernier en évoquant une “baisse de 60% de la production”. Contacté hier, le président du Cnifa explique ce recul dans l’élevage par la flambée des prix de la matière première à savoir le maïs et le soja. 

“Il y a trois mois, le quintal de maïs se vendait à 2 600 DA, il est proposé aujourd’hui entre 5 000 et 5 500 DA, soit quasiment le double. Le soja, qui affichait 4 700 DA le quintal, est cédé à 13 500 DA, pratiquement trois fois le prix initial. L’aliment de poulet de chair qu’on achetait entre 5 000 et 5 200 DA le quintal est commercialisé à 8 000 DA.

Encore faut-il le trouver sur le marché !”, déplore El-Moumen Kali. Cette envolée des tarifs s’explique, selon lui, par la hausse des cours de ces matières sur le marché international due, certainement, à une baisse de la production engendrée par la crise sanitaire de la Covid-19.

La dévaluation du dinar par rapport à l’euro et au dollar a également eu un impact direct sur cette hausse, souligne-t-il encore. Face à toutes ces contraintes, l’éleveur préfère ne pas investir de nouveau dans ce créneau devenu désavantageux et non rentable à cause non seulement de l’envolée des prix des matières premières, mais aussi de la baisse des tarifs du poulet sur le marché national. 

Le prix de revient du kilogramme de poulet est estimé entre 240 et 260 DA, mais l’aviculteur, explique El-Moumen Kali, le vend présentement à près de 170 DA, perdant ainsi entre 80 et 100 DA sur chaque kilo… C’est insoutenable à la longue pour l’éleveur. La baisse de la demande sur le marché provoquée par l’érosion du pouvoir d’achat des Algériens n’a fait que compliquer davantage la situation. 

Plus de 70% des aviculteurs dans l’informel
Et si les aviculteurs s’engagent dans de pareilles conditions, ils essuieront des pertes sèches qui les pousseront immanquablement à abandonner ce business. 

Nombreux sont ceux qui ont pris cette option et qui ont choisi une autre activité. Une chose est certaine, affirme le président du Cnifa, “plus de 70% des éleveurs sont en ce moment à l’arrêt”. À peine 30% maintiennent leur activité. La filière, rappelle El-Moumen Kali, est portée par quelque 25 000 éleveurs dont plus de 70% exercent dans l’informel. “Ce sont des aviculteurs qui travaillent au noir avec une absence totale de traçabilité”, relève-t-il.

Il s’agit, il faut le reconnaître, d’un phénomène grave sur lequel doivent se pencher sérieusement les responsables concernés étant donné le danger qui peut provenir de ces produits d’origine inconnue ! Les autorités sont tenues de prendre en charge de manière convenable ce dossier, en commençant par convaincre les éleveurs informels, à travers des mesures incitatives pour intégrer le circuit officiel et légal de commercialisation. 

Les administrations doivent, elles-aussi, accomplir leurs missions en leur facilitant les procédures et autres démarches pour la constitution de leurs dossiers de demandes de registre du commerce, d’obtention de carte de fellah… “À l’aviculteur désireux d’obtenir une carte de fellah, la Chambre agricole exige un acte de propriété du terrain sur lequel il compte réaliser son projet… C’est inadmissible”, déplore  notre interlocuteur. 

 


Badreddine K.

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