Économie L’ÉROSION DES RÉSERVES DE CHANGES SE POURSUIT

L’ALGÉRIE ENGLOUTIT SON ÉPARGNE EN DEVISES

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Ali TITOUCHE Publié 27 Juillet 2021 à 21:26

© Archives Liberté
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Les réserves de change sont passées de près de 194 milliards de dollars à la mi-2014 à 44 milliards  de dollars  actuellement, soit une perte d’environ 150 milliards de dollars.

Les réserves de change de l’Algérie se sont encore érodées en 2020 et 2021, dans un contexte  de  creusement  net  des  déficits  budgétaire  et  courant et d’excès de la dépense intérieure brute rapportée au revenu national.

Le chef de l’Etat, qui a présidé, dimanche, le premier Conseil des ministres de son nouvel Exécutif, a indiqué que le niveau des réserves de changes s'élève actuellement à  44  milliards  de  dollars  contre  un  solde  de  53  milliards de dollars à fin 2019.

Après plusieurs années de déficit chronique de la balance des paiements, le pays assiste à une contraction importante de son matelas en devises, considéré comme étant un indicateur important de sa solvabilité vis-à-vis de l’extérieur.

Le solde est passé de près de 194 milliards de dollars à la mi-2014 à 44 milliards de dollars actuellement, soit une perte sèche d’environ 150 milliards de dollars en un laps de temps de sept années seulement. Parallèlement à cette érosion considérable de ses réserves de change, le pays a dévoré l’ensemble de ses avoirs en dinars stockés dans le Fonds de régulation des recettes (FRR), dont le solde était de 5155,9 milliards de dinars à fin juin 2014.

L’érosion à rythme effréné des réserves de change, entamée depuis le second semestre de 2014, dans le sillage de la dégringolade des cours pétroliers mondiaux, tire sa source des déficits importants de la balance des paiements de ces dernières années.

Le précédent exercice a été clôturé avec un déficit de près de 20 milliards de dollars de la balance des paiements, ce qui a accéléré davantage la cadence des pertes au compteur des avoirs en devises, en l’absence de réformes budgétaires et économiques en mesure d’enrayer cette tendance baissière.

La Banque d’Algérie n’est pas allée par trente-six chemins pour identifier les origines de ces baisses annuelles des réserves de change, dont la moyenne est de 20 milliards de dollars/an.

Dans ses dernières notes de conjoncture, l’institution monétaire pointait “l’excès de la dépense intérieure brute de l’ensemble des agents économiques sur le revenu national ; autrement dit, quasiment l’excès des importations de biens et services sur les exportations”.

Dans les faits, ces déséquilibres sont générés par les importants déficits des finances publiques, souligne la Banque centrale. Alors que les recettes se rétrécissaient fortement durant les années ayant suivi le contrechoc pétrolier de la mi-2014, les précédents gouvernements se sont livré à d’importantes politiques d’expansion budgétaire, assimilant le décrochage du marché pétrolier à une bourrasque de courte durée.

Or, la dépression du marché pétrolier s’est révélée longue et sournoise et son impact sur les finances publiques, fortement tributaires de la fiscalité pétrolière, s’est traduit par le creusement du déficit budgétaire et l’érosion des ressources du Fonds de régulation des recettes.

En revanche, le déficit de la balance des paiements a fait que les réserves de change se sont fortement contractées, faute d’un traitement de choc qui aurait pu éviter au stock en devises des pertes aussi conséquentes.

Pourtant, la Banque d’Algérie avait maintes fois alerté ces dernières années sur “la nécessité d’efforts d’ajustement soutenus, notamment budgétaire, pour rétablir la viabilité de la balance des paiements et limiter l’érosion des réserves officielles de change”.

“Ces efforts devraient s’intégrer dans un vaste programme de réformes structurelles pour améliorer le recouvrement de la fiscalité ordinaire (y compris par la rationalisation des subventions), libérer le fort potentiel de croissance de l’économie nationale et diversifier l’offre domestique et les exportations de biens et services”, avait suggéré l’institution monétaire.

Dans son rapport de conjoncture publié cette semaine, la Banque mondiale a souligné que la détérioration du compte courant en 2020 a entraîné une perte ininterrompue de réserves de change, se situant à fin 2020 à 46,9 milliards de dollars, soit 12,8 mois d’importations de biens et de services.

Le solde actuel du stock en devises confirme une fois encore l’impératif de réformes structurelles et d’ajustements budgétaires de fond, faute de quoi, l’endettement extérieur serait inévitable dans les années à venir, voire coûteux et insoutenable. 
 

Ali TITOUCHE

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