À la menace du Maroc de rompre le contrat sur ce gazoduc, le ministre algérien de l’énergie a rassuré les clients espagnols que les volumes de gaz ne sauraient être affectés avec cette décision.
Le ministre de l’Énergie et des Mines, Mohamed Arkab, a affirmé, avant-hier, lors de l’audience qu’il a accordée à l’ambassadeur d’Espagne à Alger, Fernando Moran, que l’Algérie “s’engage à assurer l’ensemble des approvisionnements en gaz naturel de l’Espagne via le Medgaz”, un gazoduc reliant directement l’Algérie à l’Espagne (il ne traverse pas le territoire marocain), peut-on lire dans un communiqué transmis par le ministre de l’Énergie à notre rédaction.
En fait, le ministre de l’énergie voulait rassurer l’Espagne quant à la poursuite de son approvisionnement en gaz à la suite d’éventuelles craintes de perturbation que pourrait induire la rupture des relations diplomatiques entre l’Algérie et le Maroc. Il faut en déduire que l’Algérie se passe du gazoduc Maghreb-Europe (GME), un tube acheminant du gaz algérien à l’Espagne, mais qui passe par le territoire du royaume chérifien. Arkab a mis en avant les efforts déployés par l’Algérie pour “garantir la sécurité des approvisionnements en gaz naturel du marché espagnol à travers les importants investissements consentis pour acheminer dans les meilleures conditions le gaz naturel sur ce marché”.
De même, il a mis en exergue “les récents projets initiés, à l’image de l’extension des capacités du gazoduc Medgaz”, un projet dont se chargent Sonatrach et son associé dans le Medgaz, Naturgy, une entreprise espagnole spécialisée dans le commerce du gaz naturel. Les deux compagnies ont mis sur la table 90 millions de dollars pour augmenter les capacités de Medgaz de deux milliards de mètres cubes par an. L’opération d’extension devrait permettre d’acheminer 10 milliards de mètres cubes de gaz par an vers la péninsule ibérique à travers Medgaz.
Il est attendu que ce projet d’extension soit achevé au quatrième trimestre 2021. L’Algérie dispose de gazoducs pour exporter son gaz naturel, mais également de méthaniers pour acheminer du gaz naturel liquéfié (GNL). Le ministre de l’Énergie et des Mines a évoqué cela avec l’ambassadeur d’Espagne, en mettant en relief “les capacités” que le pays possède et qui lui permettent de “répondre à la demande en gaz de plus en plus croissante des marchés européens et plus particulièrement du marché espagnol, et ce, grâce à la flexibilité en termes de capacités de liquéfaction dont l’Algérie dispose”.
Le ministre de l’Énergie a, par ailleurs, abordé, à l’occasion de cette audience, la nouvelle loi sur les hydrocarbures, en “invitant” les compagnies espagnoles à “renforcer davantage” leur présence en Algérie et “bénéficier” des avantages offerts par la nouvelle législation. Il a, en outre, exprimé la “volonté” de l’Algérie “d’élargir” la coopération avec l’Espagne aux domaines “d’intérêts communs”. Il est utile de rappeler que le gazoduc Maghreb-Europe a été mis en service en 1996. Il achemine du gaz depuis Hassi R'mel vers l'Espagne et le Portugal en traversant le détroit de Gibraltar. Long de 1 400 kilomètres, il permet de transporter, chaque année, près de 12 milliards de mètres cubes. Le Maroc s’approvisionne en gaz naturel via ce gazoduc. Il en pompe 800 millions de m3.
Youcef Salami
