Économie Présence des entreprises chinoises en Algérie

Le commerce, l’infrastructure et peu d’IDE

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Ali TITOUCHE Publié 07 Avril 2021 à 23:13

Une cinquantaine d’entreprises chinoises activent en Algérie. Leur présence dans les secteurs de production et de transformation était, jusqu’ici, quasi nulle.

La Chine en Afrique, c’est d’abord la dette, le commerce et les projets d’infrastructures de base. L’Empire du Milieu s’impose depuis plusieurs années déjà en principal créancier bilatéral de l’Afrique avec, au compteur, 13% de la dette, loin devant face aux autres créanciers. Les prêteurs traditionnels du Club de Paris ont progressivement cédé le pas à des prêteurs non-membres, notamment la Chine. 

Dans son dernier rapport annuel 2020, la Banque africaine de développement a écrit que sur la pyramide des cinq principaux créanciers bilatéraux de l’Afrique, la Chine s’impose avec 13% des parts de crédits, dont une partie “n’est pas transparente”, les États-Unis (4%), la France (2,9%), l’Arabie saoudite (2,5%) et le Royaume-Uni (2,4%). En revanche, la Chine en Algérie, c’est d’abord le commerce et les projets de commande publique. Une enquête de la Banque africaine de développement, publiée en 2012, a indiqué qu’une cinquantaine d’entreprises chinoises ont raflé l’essentiel des projets de la commande publique, d’une valeur de 20 milliards de dollars. L’appétit vorace des Chinois pour les projets d’infrastructure en Algérie ne s’est pas estompé depuis, puisque les entreprises chinoises continuaient d’accéder, à coups de plusieurs milliards de dollars, à d’importants contrats dans le BTP, dont le port d’El- Hamdania à Cherchell et la Mosquée d’Alger.

Depuis peu, les Chinois sont également omniprésents dans les contrats miniers, en raflant le projet de développement du minerai de fer de Gara Djebilet et les gisements de phosphate situés à Tébessa. Les projets attribués aux entreprises chinoises, aussi bien dans le BTP que dans les mines et les hydrocarbures, se chiffrent à plusieurs dizaines de milliards de dollars sans que ceux-ci contribuent à absorber le chômage et à améliorer l’offre domestique en biens et services aux fins de réduire le recours aux importations. Pis encore, certains de ces projets se sont transformés en scandales politico-financiers, à l’exemple de l’autoroute Est-Ouest, alors que d’autres ont fait l’objet de critiques acerbes pour mauvaise qualité des travaux, à l’instar des projets de bâtiment ; ceux de l’AADL et des LPP essentiellement. En tout cas, la présence chinoise dans les secteurs de production et de transformation était, jusqu’ici, quasi nulle. Tout comme le transfert technologique qui est le parent pauvre de la coopération algéro-chinoise. 

Diversifier par l’automobile
Officiellement, une cinquantaine d’entreprises chinoises activent en Algérie, essentiellement dans le BTPH, les technologies de l’information et de communication, dans le secteur minier et celui des hydrocarbures. Depuis 2007, la Chine a cherché à étendre ses investissements en Algérie au secteur l'automobile, mais sans succès ; l’activité étant fortement incertaines et dont les lois changent au gré des gouvernements. C’est ainsi que les chinois Jiangling Motors Cooperation et Jiangxi Coal Corporation Groupe et le groupe Mazouz ont signé un premier contrat portant sur l’assemblage de 50 000 voitures/an. D’autres contrats ont été signés dans le secteur de l’automobile, dont celui conclu par le chinois Shaan Xi et l'algérien GM Trade pour une usine d’assemblage automobile à Sétif, ainsi que celui conclu par Fandi et Shaan Xi pour l’assemblage de deux types de voitures de Shaan Xi à Borj Bou-Arréridj. L’activité était plus que lucrative aux yeux des entreprises chinoises qui n’ont pas hésité à surfer sur la vague du montage automobile. “Vue de Chine, l'Algérie est un très petit marché.

La Chine exporte pour plus de 2 000 milliards de dollars et ses premiers débouchés sont, respectivement, l'Asean, l'UE puis les USA. Concernant l'Algérie, le partenariat avec la Chine a permis d'améliorer sensiblement les termes des échanges. Le problème est que cette opportunité a surtout profité aux mafias et aux importateurs”, estime Morteda Zabouri, économiste, ex-professeur à l’Université de Montréal et ancien expert auprès du gouvernement du Canada, dans une déclaration à Liberté. Selon lui, le partenariat avec la Chine demeure à tous points de vue une opportunité pour l’Algérie, “pourvu qu’il y ait une réelle volonté de développement et de sortie des dépendances traditionnelles en améliorant les termes de l'échange”. Plus globalement, l’Algérie semble perdre au change dans ses rapports économiques avec l’extérieur, puisque, au-delà des échanges commerciaux, les sorties de dividendes par les investisseurs sont anormalement élevées comparées aux standards. D’après Kamel Benkhabecheche, économiste et conseiller en investissements sur les marchés financiers, contacté par Liberté, sur la période 2007-2019, les sorties de dividendes rapatriés par les IDE représentent presque 2,5 fois les entrées en valeur des IDE, soit 78,3 milliards de dollars de sorties de dividendes, contre un investissement total en IDE de 32 milliards de dollars. 

“Le rendement du dividende des IDE semble disproportionné (16% en 2019), alors que, à titre de comparaison régionale (Tunisie, Maroc et même Arabie saoudite –pays pétrolier), le rendement est autour de 5% (niveau normal/standard)”, estime l’économiste, soulignant que “si l’on appliquait le taux de 5% en Algérie, la balance des paiements DZ s’améliorerait de 4 à 5 milliards de dollars par an”. Pour ainsi dire, le pays gagnerait à améliorer qualitativement ses échanges avec l’extérieur, aussi bien en matière de commerce extérieur qu’en termes d’investissements. 

Ali Titouche

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