Économie Le gouvernement acculé par les urgences économiques et sociales

Le dilemme des réformes douloureuses

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Ali TITOUCHE Publié 21 Février 2021 à 23:36

Le gouvernement face à de nombreux défis à relever. © Archives Liberté
Le gouvernement face à de nombreux défis à relever. © Archives Liberté

Le gouvernement aura la  lourde  tâche  de  redonner  confiance  aux acteurs économiques, tout en consentant des réformes de fond pour instaurer un nouveau modèle de croissance.

À l’issue  d’une année 2020 pour le moins chaotique, le gouvernement reste confronté à de nombreux défis ; le plus important étant la reprise économique,  car  la  panne  peut   déboucher  sur  une  crise  sociale  insurmontable.

Le pays connaît un  ralentissement économique sans précédent, dû, entre autres, à la panne politique de 2019, à la rechute des cours du brut dès le début  de  l’année  2020,  combinée  à  un  choc  pandémique  d’une rare violence,  mettant  des  pans  entiers  de  l’économie  sous  “respiration artificielle”.

Tout  au  long  de  2019  et  2020,  la  confiance  des  investisseurs  et  des opérateurs économiques s’est érodée, en l’absence d’actions d’envergure de nature à remettre la machine économique en marche. 

Le gouvernement va  devoir redonner confiance  aux  acteurs économiques, pris en tenailles entre l’absence de réelles perspectives sur le court terme et un défaut de réformes de fond  censées projeter l’économie sur un nouveau modèle de croissance.

À  l’issue  d’une  année  2020  marquée  essentiellement  par  un  usage, probablement excessif, des leviers de politique monétaire, les principaux chantiers de réformes sont plus que jamais d’actualité, tant il est vrai que les urgences, vieilles de plusieurs années déjà, sont constamment remises à plus tard.

L’impact de la pandémie n’a fait qu’accroître  les incertitudes, dont les sources remontent à la mi-2014, année durant laquelle le marché pétrolier a connu un spectaculaire retournement de situation. 

Alors que la rentabilité du baril de Brent s’érodait dangereusement, le stock en dinars cumulé  par  le  FRR (Fonds  de  régulation  des  recettes pétrolières), estimé  à  environ 5 000 milliards  de  dinars  en 2014, s’est  évaporé en deux années, alors que les réserves de changes — indice de solvabilité — chutent d’un plus haut de 193 milliards de dollars à la mi-2014 à moins de 50 milliards de dollars actuellement.

Signe   d’une  crise  financière  évidente, les  déficits  budgétaire  et  courant caracolent respectivement à près de -2 800 milliards de dinars et 14,2% du PIB, ce qui équivaudrait à 20 milliards de dollars, soit les ratios les plus élevés de ces 10 dernières années. 

La  rechute  des  prix  du  pétrole  amorcée  dès  le  début 2020  a  montré les limites des palliatifs administrés jusqu’ici par les différents gouvernements qui se sont succédé à la manœuvre.

Face  aux  difficultés engendrées  par  le  double  choc  coronavirus-chute des cours pétroliers, le gouvernement n’a de choix  que de prendre le taureau par les cornes et assumer pleinement ses responsabilités face à une situation qui vire désormais au rouge.

Avec le double choc coronavirus-chute des cours pétroliers, le gouvernement se trouve devant  un  dilemme  de taille : rigueur  budgétaire  versus politique volontariste au bénéfice des entreprises et de la croissance. 

Inutile  de  disserter  sur  les  capacités  financières du  pays  qui  réduisent substantiellement la marge de manœuvre d’un gouvernement qui semblait prendre option en  faveur  des outils  de  politique  monétaire  plutôt que de s’investir pleinement dans les réformes de fond, dont certaines sont forcément difficiles mais inévitables.

Dans sa dernière note de conjoncture, la Banque d’Algérie a souligné à juste titre la nécessité d’efforts d’ajustement soutenus, notamment budgétaires, pour rétablir la viabilité de la balance des paiements et limiter l’érosion des réserves officielles de changes.

Ces efforts auxquels n’a cessé d’appeler la Banque centrale et les institutions de Bretton Woods consistent en des réformes structurelles de nature à diversifier les sources de financement, à mieux gérer les finances publiques et l’allocation des ressources, à libérer le potentiel de croissance hors hydrocarbures et à diversifier l’offre domestique et les exportations de biens et services.

Certes, la pandémie fait renoncer nombre de pays à l’orthodoxie budgétaire aux fins de libérer la croissance, mais il est question, pour le gouvernement, d’un exercice d’équilibriste à mettre en œuvre, entre les impératifs de la conjoncture, se rapportant à soutenir l’économie et les entreprises, et la nécessité de réformes structurelles à mener sans délai afin de diversifier le modèle de croissance et assainir les finances publiques.

L’heure est carrément aux mesures de rupture. Notamment après une année blanche  qui  aura  aggravé  les  vulnérabilités  et  accru  les  incertitudes macroéconomiques, faute d’actions et d’ajustements de fond. 
 

Ali TITOUCHE

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