Économie Bouadis Miloud, président du Conseil interprofessionnel des viandes rouges

“Le gel des importations n’a aucun impact sur le marché”

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Badreddine KHRIS Publié 26 Janvier 2021 à 09:04

Liberté : Le ministère de l’Agriculture a officialisé la décision du gel des importations des viandes rouges fraîches et congelées.  Comment accueillez-vous cette décision ?

Bouadis Miloud : Nous avons accueilli cette mesure avec soulagement et satisfaction. À vrai dire, cette décision a été prise il y a 6 mois par les pouvoirs publics. C’est l’une des revendications des producteurs satisfaite par la tutelle. En tant que producteur, engraisseur et président du Conseil interprofessionnel des viandes rouges, j’ai toujours revendiqué la suppression des importations de ce produit. Car celles-ci représentent une concurrence déloyale pour notre produit national. Ces opérateurs importent le produit final et s’enrichissent, et n’apportent rien en termes d’investissement, de création de valeur ajoutée, de richesses ou d’emplois à notre pays. Nous leur avons même demandé d’intégrer notre organisation en devenant eux-mêmes producteurs, mais ils ont refusé. 

Quelles sont les conséquences d’une telle mesure sur la situation du marché national ?

Aucun impact. Preuve en est que depuis la mise en application de la suspension des importations, le marché a continué à être approvisionné de manière régulière par la production locale. La viande a toujours été disponible. Même les prix ont connu une légère baisse en comparaison avec la même période l’année dernière. En tout cas, la fourchette des prix se situe actuellement entre 1 150 et 1 200 DA le kilogramme de viande rouge fraîche. En revanche, je déplore, à propos de cette question de gel des importations, un manque de communication flagrant entre les deux départements ministériels et l’ensemble des acteurs de la filière. Les responsables en charge de ce dossier doivent impérativement recevoir les importateurs qui contestent cette décision, leur expliquer les raisons et les convaincre du bien-fondé de cette démarche.    

Quel est l’apport de la production locale aux besoins du marché national ? 

Plus de 75% des besoins nationaux sont satisfaits par la production locale. Le reste, soit 25% qui est un complément, est importé généralement de France et d’Espagne, et orienté vers l’abattage. C’est mieux que d’importer de la viande fraîche destinée directement à la consommation. Car, nous dépensons de la devise et nous perdons le cinquième quartier très prisé par les Algériens.    

Ces mesures de gel ne risquent-elles pas de créer une tension sur le marché à l’approche du mois de Ramadan ?

Il ne va pas y avoir de conséquences sur l’offre, y compris durant le mois sacré. Au pire des cas, les pouvoirs publics peuvent importer des bovins vifs, en complément de l’offre existante, si celle-ci ne satisfait pas la demande. 
Avec le vif, nous allons bénéficier du cinquième quartier (les abats rouges, tels que le foie, le cœur…) les abats blancs comme la tête et les pieds de veau) et la peau qui représente une matière première pour l’industrie du cuir. 

Serait-il plus bénéfique et rentable, sur le plan nutritionnel et économique, d’importer les bovins vivants que des produits finis ? 

Nous préférons l’importation de bovins à engraisser. Des bêtes de 400 ou 500 kg qui, au bout de huit mois, prennent du poids pour arriver à 600 ou 650 kg. Ce qui va créer de l’emploi et d’autres avantages… Les importateurs, en revanche, introduisent des animaux destinés directement à l’abattage. 

Si l’offre est suffisante et la demande largement satisfaite, pourquoi alors, d’après vous, le prix des viandes rouges est excessif et inaccessible à de larges franges de la société ?

Il faut dire d’abord que les salaires des travailleurs algériens ne sont pas conséquents. Les tarifs pratiqués représentent réellement le prix de revient qui inclut le prix de l’animal qui coûte excessivement cher, la dévaluation du dinar par rapport à l’euro, 48% des droits de douane et de la TVA, la main-d’œuvre, ainsi que les intermédiaires, que sont le maquignon, le chevillard, le boucher… 

Si l’on veut que les prix soient accessibles, il faut que l’État supprime les taxes et les droits de douanes imposés notamment pour les animaux d’importation ou d’engraissement.

 

 

Propos recueillis par : B. Khris

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