Économie saïB musette dans une note sur les objectifs du développement durable

“Le Modèle Social Algérien est intenable”

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Meziane RABHI Publié 19 Mai 2021 à 09:49

© Archives/Liberte
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Le principe de ciblage des couches défavorisées n’est plus à discuter en vue de réduire les subventions, estime le sociologue Mohamed Saïb Musette.

L’Algérie est devenue le leader du social en Afrique en 2020, relève Mohamed Saïb Musette, sociologue, directeur de recherche au Centre de recherche en économie appliquée pour le développement (Cread), dans une note sur le principe LNOB (Leave no one behind : ne laissez personne pour compte), critère de base dans la réalisation des objectifs de développement durable (ODD), de l’agenda 2030 des Nations unies. Mohamed Saïb Musette rappelle que le rapport sur les ODD en Afrique, publié en septembre 2020, indique que la Tunisie accède au premier rang des pays africains, estimés sur la base de 70 indicateurs, avec un score de 67,10. 

L’Algérie est reléguée en 4e position avec un score de 65,9 points. L’île Maurice occupe la 2e position (66,79) et le Maroc arrive à la 3e place avec un score de 66,3 points.

Cependant, souligne-t-il, sur le plan du social, l’Algérie est classée en première position en Afrique avec un score de 76,74 points, estimé sur la base de quatre thématiques liées aux inégalités sociales dans le pays : accès aux services de qualité, extrême pauvreté et privation matérielle, inégalité selon le genre et inégalité des revenus. Ces thématiques sont mesurées à partir de 32 indicateurs pour le continent africain. L’île Maurice pointe en deuxième position avec un score de 74,74 points, La Tunisie occupe la 3e place (73,51) et le Maroc le 4e rang avec 71,11 points. L’Algérie peut-elle maintenir cette position de leader ? Pour le chercheur Mohamed Saïb Musette, “le coût de ce leadership serait intenable à moyen terme”. Les débats provoqués autour des subventions de l’État, indique-t-il, datent depuis quelques années. “La nécessité de cibler l’aide matérielle et financière aux catégories sociales les plus vulnérables reste l’un des défis les plus importants pour les autorités”, souligne Mohamed Saïb Musette. “Ce classement en 2020, en pleine pandémie de Covid-19, a pourtant laissé des segments entiers de la population dans le dénuement. Les couches moyennes souffrent potentiellement d´un déclassement. La pauvreté risque de refaire surface, si ce n’est déjà fait, car notre indicateur de pauvreté date de plus de 10 ans”, relève le sociologue. Ce dernier estime que “l’inclusion sociétale reste à parfaire”. Mohamed Saïb Musette indique, en outre, que “le positionnement de l’Algérie en qualité de leader africain sur ces indicateurs des LNBO est établi en comparaison avec les autres pays du continent”. Ce classement, précise-t-il, “ne permet en aucune façon d’adopter des politiques en direction des groupes vulnérables ou plus précisément des catégories de personnes qui subissent l’exclusion sociale”. 
Pour le chercheur, “nul besoin de faire un état des lieux du social pour affirmer qu’il reste encore beaucoup à faire pour une inclusion sociétale totale des catégories sociales les plus vulnérables connues, à savoir les enfants abandonnés, les jeunes délinquants ou en danger moral, les jeunes chômeurs, les mères célibataires, les séniors délaissés par leur famille, les personnes à mobilité réduite ou encore les migrants en situation irrégulière, les demandeurs d’asile, les réfugiés...”. 

Le classement de l’Algérie en qualité de leader du social relève aussi des acquis relevant de l’ère du socialisme avec des subventions qui commencent à peser lourdement sur le budget de l’État. “La période de l’État providence est mise à rude épreuve pour la soutenabilité de dépenses sociales à moyen terme. Le principe de ciblage des couches défavorisées n’est plus à discuter en vue de réduire les subventions qui sont accordées actuellement aux riches comme aux populations démunies”, fait remarquer Mohamed Saïb Musette. 

Meziane Rabhi

 

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