Économie Rétention des cartes Chifa au sein des officines

Les justifications du Syndicat national des pharmaciens

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Badreddine KHRIS Publié 25 Avril 2021 à 22:55

© D. R.
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La direction générale de la Caisse nationale des assurés sociaux (Cnas) vient d’envoyer à ses agences de l’ensemble des wilayas une note les instruisant de procéder au contrôle et à l’inspection des pharmacies d’officine afin de résoudre la problématique de la rétention des cartes Chifa. Pour de multiples motifs, les pharmaciens retiennent en effet les cartes des assurés sociaux avant de leur fournir les prestations nécessaires. 

Une décision désapprouvée par la Cnas qui a constaté des actes de fraude via cette conservation à laquelle recourent les pharmaciens. Les contrôleurs de la Cnas ont débusqué certains pharmaciens qui accumulent des cartes Chifa avec lesquelles ils obtiennent des ordonnances et vendent de ce fait leurs médicaments. 

Une solution parmi tant d’autres pour augmenter leurs chiffres d’affaires. La caisse soulève également un problème d’utilisation abusive de ces cartes avec la complicité de certains pharmaciens. Le phénomène de la sur-utilisation de la carte Chifa coûte à la Cnas des sommes colossales. Ce qui a contraint la DG de renforcer le contrôle et de multiplier les inspections vers les officines. Cette démarche n’a pas été du goût du Syndicat national des pharmaciens d’officines (Snapo). 

“La programmation d’une telle procédure à l’encontre des pharmaciens jette le discrédit sur l’ensemble de la profession et des professionnels”, souligne le vice-président du Snapo, Abdelhak Zefizef. “Les pharmaciens prennent en charge au quotidien des millions de citoyens et d’assurés sociaux malgré plusieurs contraintes et difficultés mais ils se retrouvent in fine stigmatisés et accusés de fraude”, déplore ce pharmacien. 

Pour lui, le Snapo a toujours “dénoncé la rétention des cartes”, car “cela va à contre sens des principes du libre choix du citoyen et crée au sein même de la profession une concurrence déloyale et une domiciliation involontaire des assurés sociaux au sein de certaines officines à des fins de monopole”.

Abdelhak Zefizef a tenu à indiquer les quelques raisons qui poussent l’assuré social à laisser sa carte au sein de l’officine. Il cite le cas où l’assuré n’a pas sur lui l’argent nécessaire pour s’acquitter des 20% restants du total de l’ordonnance quant celle-ci dépasse les 80%. 

“Souvent, le malade propose au pharmacien de garder sa carte Chifa jusqu’à ce qu’il revienne avec l’argent pour payer le reste de l’ordonnance. Parfois cela dure plusieurs jours sans que le patient se manifeste.

Il y a des périodes où ce sont plusieurs assurés qui vivent la même situation. D’où l’accumulation des cartes Chifa au sein des pharmacies”, affirme notre interlocuteur. Les officines fraudeuses existent certes, reconnaît Abdelhak Zefizef, mais sont rares.

L’autre cas de figue avancé par notre source a trait à la rupture des médicaments. “Si je n’ai pas la quantité suffisante mentionnée par le prescripteur sur l’ordonnance, je dois retenir la carte du malade pour lui débrouiller le reste des médicaments dans les quelques jours à venir”, indique-t-il. Et d’ajouter : “cette rétention n’est pas synonyme de trafic”. 

Dans le cadre du contrôle médical à distance, pratiqué par la Cnas, le pharmacien a besoin également de la carte du patient. Selon ce pharmacien, le contrôle médical à distance pose problème. Dans de nombreuses localités, argue-t-il, le système de contrôle à distance n’est pas convenablement opérationnel. 

“Les réponses du contrôle viennent en retard ou après plusieurs jours, et ce lorsque ce ne sont pas des problèmes de connexion au niveau local ou central qui mettent à rude épreuve cet outil et compliquent davantage la tâche des pharmaciens et perturbent leurs prestations au profit des assurés sociaux”, relève ce responsable syndical qui soutient que “la rétention des cartes est la résultante inévitable du système Chifa tel qu’il est appliqué et qui nécessite une réforme”.               
 

Badreddine KHRIS

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