Économie étude de l’Union européenne sur le secteur algérien du médicament

Les mises au point de l’Unop

  • Placeholder

Meziane RABHI Publié 01 Février 2021 à 23:06

© Archives/Liberté
© Archives/Liberté

Selon l’Union nationale des opérateurs de la pharmacie (Unop), l’alignement sur les pratiques européennes n’indique pas la bonne voie pour promouvoir la concurrence dans le contexte du marché pharmaceutique algérien.

L’Union nationale des opérateurs de la pharmacie (Unop) qualifie d’“assez dangereuses” les recommandations d’une étude, financée et réalisée pour le compte du Conseil national de la concurrence, par l’Union européenne (UE), sur le thème de la concurrence dans le secteur algérien du médicament. Selon le président de l’Unop, Kerrar Abdelouahed, l’étude, endossée par le Conseil de la concurrence, a complètement débordé de son objectif principal.

“En mettant au cœur de leur analyse les aspects liés aux restrictions sur les importations de médicaments et sur la protection du marché interne, les auteurs de l’étude de l’UE ont déplacé le curseur du terrain de la concurrence vers celui de l’organisation de la filière industrielle nationale et de la politique pharmaceutique publique”, relève l’Unop. C’est également le constat de Mouloud Hedir, économiste et expert des politiques commerciales.

Ce dernier a noté que l’étude s’est focalisée sur la manière dont sont gérées les importations en Algérie. “C’est un domaine qui ne devrait pas figurer dans le cadre d’une étude sur la concurrence”, a-t-il estimé. Pour l’économiste, le débat sur la concurrence dans le secteur pharmaceutique, et sans doute aussi dans d’autres secteurs d’activité, doit établir une claire séparation entre les aspects liés au mode de régulation des importations et ceux de l’organisation strictement interne du marché.

“Le cercle vertueux commence par la concurrence interne entre les acteurs locaux”, souligne, de son côté, Abdelouahed Kerrar, indiquant que son organisation n’a été consultée ni sur les termes de référence ni pour les conclusions. L’Unop ne comprend pas le postulat central pris en compte par les auteurs de l’étude et posant comme base implicite pour l’analyse du marché algérien la référence à l’organisation en vigueur sur le marché européen.

Selon l’Unop, l’alignement sur les pratiques européennes n’indique en aucune façon la bonne voie pour promouvoir la concurrence dans le contexte du marché algérien. La conséquence implicite de cette référence aux pratiques en vigueur au niveau des économies européennes est qu’elle pose comme base que le champ de la concurrence devrait s’exercer non seulement entre acteurs exerçant sur le marché pharmaceutique interne, mais également à une échelle plus large, entre ces derniers et des acteurs pharmaceutiques étrangers. Pour l’Unop, une étude sur la concurrence du marché algérien du médicament devrait établir, en termes de démarche méthodologique, une cloison étanche entre marché interne et marchés externes. Mouloud Hedir souligne que depuis l’instauration de l’interdiction d’importer des médicaments fabriqués localement, la production locale a enregistré un taux de croissance annuel moyen de 17,5% sur une période de dix années.

Le président de l’Unop constate, pour sa part, que les importations de médicaments, entre 2014 et 2019, sont passées de 2,2 milliards de dollars à 1,1 milliard dollars. “La concurrence doit servir le développement économique”, a indiqué Mouloud Hedir, relevant que dans le secteur pharmaceutique, une filière réglementée, le champ de la concurrence est extrêmement réduit.

“On ne peut dire qu’il y a des distorsions énormes de la concurrence à partir du moment où c’est l’État qui fixe les marges à la production et dans la distribution de gros et de détail, et c’est l’État qui fixe le prix final de n’importe quel médicament”, a-t-il fait savoir. L’économiste relève également l’indigence des statistiques sur l’état du marché du médicament, le positionnement de chaque intervenant et la répartition des parts de marché.

Une des principales leçons que l’Unop aura tirée, et qu’elle a tenu à mettre en exergue à l’issue de son analyse de l’étude de l’UE, c’est que la concurrence n’est pas un thème neutre. De manière générale, estime l’organisation, la mise en œuvre de règles de concurrence doit viser tout autant à stimuler la production locale qu’à protéger le consommateur. 

Meziane Rabhi

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

    • Placeholder

    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00

  • Chroniques DROIT DE REGARD Trajectoire d’un chroniqueur en… Liberté

    Pour cette édition de clôture, il m’a été demandé de revenir sur ma carrière de chroniqueur dans ce quotidien.

    • Placeholder

    Mustapha HAMMOUCHE Publié 14 Avril 2022 à 12:00