Économie Lies Kerrar, expert en finances

“Les politiques de création monétaire ont leurs limites”

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Meziane RABHI Publié 09 Février 2021 à 22:27

© D. R.
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Dans cet entretien, l’expert financier Lies Kerrar revient sur la dernière mesure de la Banque d’Algérie qui  a abaissé  le  taux  de  réserves obligatoires de 3 à 2%. Il  estime  que  les  déficits  du  Trésor auxquels  s’ajoutent  ceux des entreprises publiques vont siphonner les liquidités ainsi dégagées.

Liberté :  La Banque  d’Algérie  vient  d’abaisser, à nouveau  le  taux de réserves obligatoires pour les banques primaires. Que faut-il attendre de ce réajustement ?
Lies Kerrar : Quand on abaisse les réserves obligatoires on permet aux banques de prêter plus. On appelle cela de la  création monétaire.  Cela augmente la masse monétaire. C'est comme si on imprimait plus de billets. Si c’étaient des mesures conjoncturelles, dues à la crise de la Covid, ce ne serait pas inquiétant.

La plupart des pays du monde ont eu des mesures similaires pour atténuer l’effet de la crise. Mais  chez  nous, ce  n’est  pas  conjoncturel.  On  a  des déficits budgétaires qui datent d’avant  la  crise de la Covid. C’est la même chose pour la  balance  des  paiements.  On  importe  plus  que  ce  qu’on exporte. Et pour l’instant, aucune réforme concrète n’est initiée pour renverser la tendance. 

La création monétaire peut-elle constituer une solution durable ?  
Il ne faut pas oublier que cette création monétaire vient après l’épisode du “financement non conventionnel” avec lequel on a fait de la création monétaire de façon considérable sans financer la moindre réforme qui permette de revenir à des équilibres budgétaires soutenables. En plus de cela, nos lois de finances annoncent des déficits sans être explicites sur comment ces déficits vont être financés.

Car il n’y a pas des recettes magiques. Il faut bien  que  l’argent  vienne de quelque part. Et actuellement, ce qui est le plus vraisemblable c’est que le Trésor finance ses déficits directement ou indirectement en puisant dans la liquidité bancaire et en puisant dans la trésorerie des entreprises (en retardant des paiements de commande publique).

Mais cette méthode a des limites. Et elle a surtout comme inconvénient de siphonner toute la liquidité dont ont besoin les entreprises pour faire fonctionner l’économie et maintenir des emplois. C’est pour cela qu’on a besoin de façon urgente d’un plan de réforme explicite et concret. 

Un taux de réserves obligatoires à 2% suffira-t-il à soutenir le niveau de liquidités des banques ?   
C’est de la création monétaire… Mais les déficits du Trésor auxquels s’ajoutent les déficits des entreprises publiques vont siphonner bien plus que ce que ces mesures pourraient créer comme liquidités. 
 
Le plan de relance économique nécessitera  un  accompagnement du secteur bancaire en termes de financement.  Cette mesure est-elle de nature à soutenir l’activité ?
C’est justement cela le problème. Les déficits du Trésor et des entreprises publiques ne sont pas virtuels. Ils sont concrets. Et ces déficits sont trop importants pour laisser de la liquidité au reste des acteurs économiques.
 

Propos recueillis par : M. RABHI

 

 

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