Économie Malgré les litiges sur l’accord d’association

L’Union européenne reste le premier fournisseur de l’Algérie

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Badreddine KHRIS Publié 15 Janvier 2021 à 23:13

© D. R.
© D. R.

La  France  qui  arrive  en  tête  des  pays  européens  fournisseurs  de l’Algérie avec une part de 10% des échanges commerciaux, est  suivie de l’Italie, de l’Allemagne et de l’Espagne. 

De par leur position géographique, l’accord d’association qui lie les deux parties et la qualité de leurs produits, les pays de l’Union européenne (UE) ont été en tête de liste des fournisseurs de l’Algérie durant l’exercice 2020.

Les statistiques avancées avant-hier par le directeur général du commerce extérieur au ministère du Commerce, Khaled Bouchelaghem, placent la France en tête des pays européens fournisseurs de l’Algérie avec une part de 10% des échanges.

Elle est suivie de l’Italie (7%), de l’Allemagne (6,5%) et de l’Espagne (6,2%). En matière d’exportations, l’Italie est le premier client de l’Algérie avec un taux de 14,5%, suivie de la France (13,7%) et de l’Espagne (10%), contre 9% pour la Turquie et 5% pour la Chine.

Selon ces indicateurs et les opérations réalisées en 2020, l’UE constitue le “principal partenaire stratégique” de l’Algérie en termes d’échanges commerciaux, note Khaled Bouchelaghem dans un entretien accordé à l’APS. 

Le même responsable a indiqué que le tarif douanier des marchandises provenant des pays de l’UE s’élève à 15% contre un tarif douanier de 30% pour les autres pays à travers le monde.

Interrogé sur les détails de la suppression des droits de douane avec l’UE, il a rappelé l’existence d’une zone de libre-échange en vigueur (sans paiement de droits de douane), précisant que l’accord est limité, dans ses annexes, uniquement aux produits industriels.

Les produits agricoles et la richesse animalière sont scindés en deux, à savoir les produits non concernés par le démantèlement des barrières tarifaires et ceux pour lesquels des tarifs douaniers bas sont appliqués, a-t-il précisé. 

L’Algérie, pour rappel, avait émis des réserves en 2014 dans le but de sauvegarder la balance commerciale qui était en sa défaveur.

En effet, après évaluation, il a été constaté des “manquements en ce qui concerne l'application de l'accord d'association notamment dans son aspect commercial”, avait relevé le ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, en décembre dernier. Pour sa part, le ministre délégué chargé du Commerce extérieur, Aïssa Bekaï, a souligné que “les concertations entre l'Algérie et l'Union européenne (UE) se poursuivaient toujours dans le but d'évaluer l'accord d’association”.

Les premières discussions à ce sujet se sont déroulées au mois de septembre dernier. D'autres concertations techniques ont eu lieu en décembre où ledit accord a été passé en revue. L’objectif est d’arriver à un accord sur les données commerciales, selon Aïssa Bekaï, qui explique que l'Algérie et l'UE ont chacune, de son côté, fait leur propre évaluation de ce document.  

Manquements
“Nous sommes en concertation avec l'UE pour combler toutes ces lacunes. Car, tout accord est sujet à un ajustement”, a, de son côté, expliqué le ministre de l’Industrie, Ferhat Aït Ali. D’où la volonté de révision du document exprimée par l’Algérie. L’accord, faut-il le rappeler, a été signé dans la précipitation en 2002 et est entré en vigueur en 2005 sur insistance de l’ancien Président qui a voulu, coûte que coûte, concrétiser ce partenariat.

Sur instruction de l’ex-chef de l’État, les négociateurs ont été forcés de mettre un terme aux discussions et de procéder immédiatement à la signature de l’accord. Et les conséquences négatives de cet empressement sont aujourd’hui réelles sur le terrain. L’accord stipule, dans son volet commercial, l’instauration d’une zone de libre-échange des produits industriels et la libération progressive des produits agricoles et agroalimentaires et les produits halieutiques.

Le document prévoyait pour cela une période de transition de 12 ans, jusqu’en 2017, afin que l’Algérie élimine progressivement ses droits de douane sur des produits industriels et qu’elle applique une libéralisation sélective de ses produits agricoles. Cette période a, par la suite, été prolongée de trois ans, jusqu’au 1er septembre 2020, pour certains produits, comme l’acier, les textiles, les produits électroniques et l’automobile.

250 milliards de dollars d’importations en 11 ans 
L’application intégrale de cet accord consistera en un démantèlement intégral des droits de douane. Or, si le démantèlement tarifaire total prévu par cet accord venait à être appliqué, il aurait des effets désastreux sur une économie algérienne déjà fortement fragilisée.

Une chose est certaine, Alger n’a jamais caché son insatisfaction par rapport à la mise en œuvre de cet accord depuis 2005. Les résultats enregistrés depuis l’entrée en vigueur de l’accord sont jugés en deçà des attentes, voire décevants. L’arrivée des investissements directs étrangers (IDE) tel que promis à la faveur de cet accord n’a pas eu lieu.

La balance commerciale de l’Algérie avec son partenaire européen a toujours été favorable à la rive nord de la Méditerranée. Le déséquilibre des échanges est flagrant. En 11 ans, l’Algérie a importé pour plus de 250 milliards de dollars et a exporté vers l’Europe pour moins de 14 milliards de dollars en produits hors hydrocarbures.

L’UE semble voir ainsi en l’Algérie un simple espace commercial pour vendre ses marchandises. Dans un contexte de déséquilibre commercial, l’accord de libre-échange est bénéfique pour les entreprises, la croissance et les emplois en Europe, mais peu favorable pour l’économie algérienne.

En février dernier, lors d’un atelier d’évaluation de l’accord d’association, les chiffres présentés par le ministère du Commerce montrent que les importations de l’Algérie avoisinaient, avant l’entrée en vigueur de ce partenariat, les 9 milliards de dollars en 2003, contre 21 milliards de dollars d’importations depuis l’UE en 2018.

Ce bilan illustre parfaitement ce déficit permanent de la balance commerciale hors hydrocarbures, enregistré durant la période 2003-2018. Ce constat peu reluisant n’a pu être évité par les mesures de sauvegarde prévues dans l’accord. 

Ainsi, en cas de menace sur n'importe quelle filière de la production nationale, une demande collective peut être introduite, afin de protéger un quelconque produit concurrencé par un autre produit étranger similaire.

Les mesures protectionnistes pour certains produits ont une durée de 5 ans, durant laquelle est appliqué le droit additionnel provisoire de sauvegarde (Daps), un droit additionnel qui vient s'ajouter à la taxe douanière et à la TVA.

La valeur du Daps, en vigueur actuellement est définie par un taux oscillant entre 30 et 200 %, a rappelé Khaled Bouchelaghem, qui a fait état de l'existence de 992 clauses tarifaires soumises actuellement à cette taxe. 
 

Badreddine KHRIS

 

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