Économie Détérioration du climat des affaires en Algérie

L’urgence de faciliter l’acte d’investir

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Meziane RABHI Publié 24 Juin 2021 à 09:23

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L’acte d’investir en Algérie est fortement handicapé par divers verrous clairement identifiés, mais qui attendent encore d’être levés.

L’investissement direct étranger (IDE) en Algérie reste “faible”. Le constat vient du gouvernement lui-même. Dans son plan de relance économique 2020-2024, il relève que le pays attire très peu d’investissements directs étrangers dans la région Afrique du Nord, soit à peine 10% en 2019. L’essentiel de ces IDE se concentre dans le secteur de l’énergie et ne contribue pas à la diversification économique. Ceux-ci ont connu une baisse graduelle en passant de 2,3 milliards de dollars en 2010 à 1,38 milliard de dollars en 2019. Un désinvestissement a, même, été enregistré en 2015 après le choc pétrolier de 2014.

Dans son dernier rapport 2021 sur l’investissement dans le monde, la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) relève que les flux des IDE à destination de l’Algérie ont enregistré une baisse de 19% en 2020, pour s’établir à 1,125 milliard de dollars contre 1,382 milliard de dollars en 2019. “Parmi les freins aux IDE dans les secteurs hors hydrocarbures, nous pouvons citer le climat des affaires, la réglementation sur le transfert des capitaux à l’étranger ou encore la loi imposant la participation d’une partie algérienne à un minimum de 51%” reconnaît l’Exécutif.

Le climat des affaires en Algérie est comme hostile à l’entreprise. C’est ce qui ressort nettement des différents classements internationaux où l’Algérie, dans ce domaine, figure toujours dans le peloton de queue. Le rapport Doing business de la Banque mondiale pour 2020, cité par le gouvernement dans son plan de relance, classe notre pays à la peu reluisante 157e position sur les 190 pays figurant au classement. Selon la Banque mondiale, l’Algérie devrait améliorer ses performances dans certaines catégories, notamment “les facilitations à la création d’entreprises”, “l’obtention d’un permis de construire” et “l’obtention de prêt et transfert de propriété”. L’acte d’investir est fortement handicapé par divers verrous clairement identifiés et qui, à ce jour, n’ont pas encore été levés.

Certes, les pouvoirs publics ont mis l’accent à travers la LFC-2020 et la loi de finances-2021 sur l’amélioration du climat des affaires et la stabilisation du cadre juridique de l’investissement. La règle 49/51 a été aménagée et ne sera appliquée qu’aux investissements stratégiques, corrigeant ainsi les dispositions de la loi de finances complémentaire de 2009. La suppression du plafonnement des participations étrangères au capital des sociétés locales et de l’obligation de trouver un partenaire local, ainsi que la possibilité de se financer à l’étranger, pourraient générer un surcroît d’IDE à terme.

Mais pour certains économistes, des questions essentielles subsistent comme celles liées à l’encadrement financier de l’investissement étranger, les blocages imposés aux transferts de dividendes, l’interdiction absurde des capitaux étrangers à la Bourse d’Alger, la question des prix de transferts, etc.

Améliorer le fonctionnement des marchés et lutter contre les circuits informels sont un autre aspect de l’amélioration du climat des affaires. “L’Algérie devra relever plusieurs défis majeurs dont celui de la diversification économique et celui de l’amélioration du climat des investissements, et réfléchir sur les voies et moyens permettant de mettre sur la bonne voie, dans les meilleurs délais, le processus d’un développement économique national résilient, inclusif et solidaire”, prévoit le gouvernement. Mais ces bonnes intentions peinent à se traduire sur le terrain. Le nouveau code des investissements n’est toujours pas promulgué.

Dans son bilan d’activités pour le premier semestre de l’année 2021, le gouvernement évoque la finalisation d’un projet d’ordonnance, portant loi-cadre de l’investissement, qui a pour objet de fixer les dispositions régissant l’investissement, de définir les droits et obligations des investisseurs, les régimes d’incitations applicables aux investissements réalisés dans les activités économiques de production de biens et de services. Mais il ne donne aucune indication quant à sa promulgation et à sa mise en œuvre. L’Exécutif fait, également, état de la poursuite de la révision du cadre législatif et réglementaire régissant le foncier destiné à l’investissement. Sur ce dossier aussi, le gouvernement ne fournit aucune précision.

Entre-temps, aucun dossier d’investissement industriel n’a été étudié pendant plus d’une année a indiqué, récemment, le président de la Confédération algérienne du patronat citoyen (CAPC), Sami Agli. L’activité du Comité d’assistance à la localisation et à la promotion des investissements et de la régulation du foncier est bloquée, faute de texte d’application. “L’attente aujourd’hui est incompréhensible”, a alerté le président de la CAPC.

C’est le cas aussi pour le Conseil national de l’investissement (CNI) qui ne s’est pas réuni pendant des mois. Selon le bilan du gouvernement, le CNI a tenu sa 95e session le 20 mai 2021, mais pour assainir des dossiers en suspens au niveau de l'Agence nationale de développement de l'investissement. Le malaise chez les opérateurs économiques est profond. 

 


Meziane Rabhi

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