Économie Marché du gaz

Regain de tension entre l’Europe et la Russie

  • Placeholder

Ali TITOUCHE Publié 01 Février 2021 à 23:04

L’affaire de l’opposant russe Alexeï Navalny risque de compromettre l’avenir du gazoduc Nord Stream 2. La France a appelé, hier, l'Allemagne à abandonner le projet de gazoduc Nord Stream 2 avec la Russie en réaction au sort qui est réservé à l'opposant russe Alexeï Navalny dans son pays. “Nous avons toujours dit que nous avions les plus grands doutes sur ce projet dans ce contexte”, a déclaré le secrétaire d'État français aux Affaires européennes, Clément Beaune, sur radio France Inter. La France est-elle favorable à un abandon ? “On l'a déjà dit, en effet”, a-t-il répondu. Le Nord Stream 2 est un gazoduc, long de 1 250 kilomètres au total, qui permettrait d’acheminer le gaz russe vers le port allemand de Greifswald, son point d’arrivée.

Ce gazoduc devrait à terme doubler les flux de gaz russe à destination du marché européen ; lequel est déjà approvisionné au moyen de Nord Stream 1. Le Nord Stream 2 permettra d’acheminer un volume supplémentaire annuel de 55 milliards de mètres cubes. La tension d’ordre politique provoquée par l’affaire Alexeï Navalny vient s’ajouter à une série d’autres tensions opposant Bruxelles à Moscou. À Bruxelles, la Commission européenne juge que ce gazoduc place l'Europe en situation de dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie, renforce l'influence de Moscou et affaiblit l’Ukraine. L’affaire de l’opposant russe Alexeï Navalny relance de plus belle les appréhensions européennes quant à ce projet, alors que Bruxelles cherche à s’affranchir de l’emprise russe sur ses approvisionnements en gaz naturel.

L’Europe importe 90% de son gaz ; la Russie étant son principal fournisseur accapare 40 à 50% des approvisionnements, suivie de la Norvège qui assure environ 20%.
Viennent ensuite le Qatar et l’Algérie quasiment à parts égales. Depuis peu, de nouveaux fournisseurs sont venus bousculer les partenaires traditionnels de l’Europe, à savoir l’Azerbaïdjan qui a annoncé en janvier le début de ses premières livraisons de gaz vers l’Europe, et les États-Unis qui, faut-il le souligner, ont réussi, début 2020, à détrôner l’Algérie sur le marché espagnol du gaz naturel.

La dernière note de conjoncture publiée par l’administration douanière fait état d’un recul net des exportations algériennes à destination de ses clients du Vieux Continent. Sur les onze premiers mois de 2020, les exportations de l’Algérie vers l’Italie ont reculé de 27,21%, alors que ses livraisons à destination de la France ont chuté de 35,70% et de 46,72% vers l’Espagne ; des pays réputés être les principaux débouchés au gaz algérien. Ce mouvement baissier n’est pas une surprise, puisque l’année 2019 a été marquée, elle aussi, par une baisse nette du volume global d’exportation, comparé aux quantités exportées en 2018.

Dans son bilan annuel pour l’année 2019, le ministère de l’Énergie a fait part d’une baisse de 14,9% des exportations d’hydrocarbures, en volume, à 61,7 millions de TEP (tonne équivalent pétrole). Les exportations de gaz naturel ont chuté de 30,7% en 2019. La baisse chronique des volumes exportés, amorcée depuis maintenant plusieurs années, semble profiter à d’autres fournisseurs, dont les États-Unis et l’Azerbaïdjan, qui veulent tirer profit de la volonté de l'Europe centrale et orientale de remplacer leurs centrales électriques à charbon par des centrales à gaz. 

Ali Titouche

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

    • Placeholder

    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00

  • Chroniques DROIT DE REGARD Trajectoire d’un chroniqueur en… Liberté

    Pour cette édition de clôture, il m’a été demandé de revenir sur ma carrière de chroniqueur dans ce quotidien.

    • Placeholder

    Mustapha HAMMOUCHE Publié 14 Avril 2022 à 12:00