La consécration, pour la première fois, du premier jour de l’an amazigh Yennayer, journée chômée et payée, constitue un acquis indéniable de la longue quête identitaire pour laquelle se sont sacrifiées plusieurs générations de militants de la cause, épris qu’ils étaient d’un idéal qui devait réconcilier leur pays avec son histoire plus que millénaire. La pensée va donc, avant tout, à toutes ces ombres frêles qui ont bravé, des décennies durant, parfois au prix de leur vie, un système politique despotique pour tenter de briser la chape de plomb qui pesait sur tous ceux qui osaient remettre en cause le négationnisme identitaire ambiant. Le chemin de lutte qui est, sans cesse, semé d’embûches et de pièges, et la bataille, à armes inégales, face à un pouvoir politique autiste à toute expression démocratique venant de la société, n’était pas chose aisée. Loin s’en faut. Les premiers militants de la cause, ceux qu’on désigne maladroitement comme les auteurs d’une crise dite berbériste, celle de 1949, l’avaient vérifié à leurs dépens, eux qui avaient été pourchassés jusqu’à la mort, malgré leur engagement sans faille dans la lutte de Libération nationale. Peut-être que nous ne le répétons pas assez, mais il y a lieu aujourd’hui de le ressasser, encore et encore, pour que tout le monde sache que les acquis identitaires d’aujourd’hui ne sont pas tombés du ciel et qu’ils ne sont que le fruit d’une longue et rude lutte. Des militants ont accepté le sacrifice suprême pour défendre leurs idéaux, d’autres ont affronté, avec beaucoup de courage, la répression, les geôles et la torture. Le sacrifice n’a pas été vain. Les pionniers peuvent dormir du sommeil du juste. Les nouvelles générations ont su reprendre admirablement le flambeau, comme l’ont démontré, tout récemment, ces images de marées humaines, constituées majoritairement de jeunes et d’étudiants, qui ont battu le pavé en Kabylie, dans les Aurès et dans le M’zab, pour mettre en garde contre toute atteinte au legs ancestral. Ces derniers jours, les chantres du larbinisme et les lèche-bottes de tous bords pérorent à n’en plus finir pour mettre les avancées enregistrées dans ce domaine sur le compte d’un seul homme, le chef de l’État en l’occurrence. Un négationnisme en cache un autre. N’est-ce pas qu’ils doivent se taire pour toujours, tant ils ont été les serviteurs zélés d’un régime nihiliste qui n’a eu de cesse de renier la profondeur historique de la terre des aïeux ?
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