
Le dernier rapport de l’ONU a fait état d’une nette dégradation de la situation sécuritaire au Mali et a pressé les acteurs maliens à accélérer la mise en œuvre de l’Accord d’Alger.
Une nouvelle attaque de présumés terroristes, dimanche soir dans le nord-est du Mali, a fait au moins une dizaine morts parmi la population civile d’un village frontalier avec le Niger, ont rapporté plusieurs sources. “Ce jour 15 juillet 2018, des bandits armés affiliés au réseau criminel opérant le long de la frontière Mali-Niger ont fait irruption dans la localité d'Injagalane (situé à une cinquantaine de kilomètres de Menaka côté Ouest). Ils ont ouvert le feu sur les civils de la communauté Ibogholitane et Idarfane, tuant douze (12) personnes et calcinant trois (3) véhicules dont un camion”, a indiqué le Mouvement pour le Salut de l’Azawad (MSA) dans un communiqué. “Ces crimes abominables commis à l'encontre des civils tendent à créer la terreur”, a estimé le MSA, allié du Groupe d’autodéfense des Touareg Imghad et alliés (GATIA), membre de la Plateforme (pro-Bamako). Pour le MSA, les terroristes veulent créer la zizanie entre les communautés en faisant passer ces massacres pour des violences ethniques. “Les auteurs de ces massacres s'en prennent à toutes les communautés sans exception”, lit-on dans le même communiqué, dans lequel le MSA a expliqué “qu’il est odieux de couvrir ces agissements sous forme de conflit ethnique quand on sait que ces massacres sont perpétrés par des extrémistes dans le but de faire déguerpir toutes les populations de leurs zones d'ancrage”.
L'attaque a été confirmée par un responsable du gouvernorat de Menaka, principale ville de la région. “Des hommes armés circulant sur plusieurs motos ont fait irruption dans le marché d'Injagalane”, a déclaré ce responsable à l'AFP sous le couvert de l'anonymat. “Ils ont tiré dans la foule, il y a eu 14 morts, plusieurs véhicules et motos brûlés”, selon cette source. L’attaque de dimanche fait partie d’une longue série d’autres attaques qui ont fait plus d’une centaine de morts, en majorité des civils isolés.
Ces attaques ont été l’œuvre dans leur grande partie par la branche sahélienne de l’autoproclamé État islamique qui dispute le terrain à d’autres groupes terroristes dans la bande sahélo-sahélienne. La dégradation de la situation sécuritaire dans le centre du Mali intervient en pleine campagne électorale pour la présidentielle malienne, dont le premier tour est prévu pour le 29 juillet.
Le président sortant, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), est candidat à sa propre succession, face à seize autres rivaux.
L’enjeu de cette élection est d’autant plus grand qu’il s’agit d’un virage important dans la vie politique à Bamako, où le processus de paix et de réconciliation au Mali est toujours en cours. Tout changement de cap du futur président, si IBK venait à perdre à cette élection risque d’entraîner le pays dans l’incertitude, alors que la mise en œuvre de l’Accord d’Alger a beaucoup avancé, même si cela demeure en deçà des objectifs tracés par rapport aux délais fixés. La recrudescence des violences armées, de quelque nature que ce soit, constitue une menace pour le retour de la paix dans tout le Mali.
Lyès Menacer