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Des familles entières affamées par la crise sanitaire

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AFP Publié 13 Janvier 2021 à 08:57

© D.R
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Norbert Bango et sa femme Vivien perdaient le sommeil à voir les familles affamées par la crise sanitaire, alors ce couple de restaurateurs de Budapest a décidé de transformer leur cuisine en un lieu de solidarité. Contraints par la pandémie à fermer leur établissement, ils rallument leurs fourneaux, au moins une fois par semaine, pour servir des repas chauds et distribuer des denrées alimentaires essentielles. Malgré la récession, la Hongrie a offert un soutien limité aux entreprises.

Des centaines de milliers de travailleurs se sont donc retrouvés sans emploi, et les queues devant “Kis Kulacs” (“petite flasque”) se sont allongées, atteignant des centaines de mètres.  “Nous sommes le seul restaurant du centre de Budapest à proposer une telle initiative”, explique à l'AFP Vivien, 35 ans, tout en versant un ragoût fumant sur des bols de nouilles prêts à être emballés. “Nous avons renoncé à nos vacances de Noël en famille cette année, nous ne pouvions pas dormir en sachant que des gens ne mangeraient pas à leur faim”, confie-t-elle. 

Société du travail 
Le couple a racheté ce lieu il y a deux ans et y organisait de populaires petits concerts, avant que la Covid-19 ne chasse clients et touristes, les incitant à se reconvertir. “Nous avons vu arriver tellement de familles avec enfants que je me suis promis de continuer coûte que coûte à les aider”, raconte Norbert, 48 ans. Dans la foule, nombreux disent avoir perdu leur emploi à cause de la pandémie, comme Cecilia Jakab, mère célibataire de trois enfants, qui faisait le ménage dans des bureaux avant d'être congédiée avec 49 autres collègues. “Nous ne pouvons plus payer les factures, mais depuis que Norbi et Vivi ont ouvert leur porte, au moins mes enfants ont de quoi se nourrir”, ajoute cette femme de 37 ans.  

Si le nombre de chômeurs a peu augmenté d'après les statistiques officielles, le taux se situant à environ 4,5% en novembre, le gouvernement leur fournit une protection sociale minimale. Le montant est plafonné à 130% du salaire minimum d'environ 500 euros par mois, mais surtout le versement des indemnités est stoppé au bout de trois mois, une période extrêmement courte au regard des standards européens. 

“Nous ne recevons plus rien donc beaucoup finissent ici”, confirme, patientant devant le restaurant, Andras Mezo, un cuisinier de 47 ans sur le carreau depuis mars. “Le Premier ministre souverainiste,Viktor Orban, vante ce qu'il appelle une société fondée sur le travail et s'oppose à l'État-providence sous toutes ses formes”, explique l'économiste Zoltan Pogatsa. “Il estime que personne ne devrait percevoir de revenus qui ne soient pas le fruit d'un labeur, même si les employés paient des cotisations”.  
    
Détresse
Au final, “le gouvernement a consacré la somme relativement modeste de 140 millions d'euros pour protéger les emplois, alors qu'il aurait pu en sauver bien plus s'il avait mis en place un programme de chômage partiel similaire à celui de l'Autriche voisine”, souligne une récente étude de l'Institut de réflexion économique GKI. 

À l'exception de quelques subventions salariales dans le tourisme par exemple, l'effort s'est focalisé sur le gel des paiements liés aux prêts et taxes, ainsi que sur des investissements de prestige qui “n'ont rien à voir  avec la protection de l'économie réelle”, selon GKI, comme la construction d'un nouveau stade d'athlétisme. Norbert Bango affirme de son côté n'avoir reçu aucun coup de pouce des autorités, que ce soit au niveau national ou local pour fournir les dizaines de milliers de repas à son compteur ces derniers mois. “Seul le secteur privé nous aide, ainsi que des particuliers”, déplore-t-il. Les mairies, pour beaucoup, gérées par l'opposition depuis les élections locales de 2019, se plaignent également d'avoir été privées de revenus fiscaux qui leur permettaient de soutenir des programmes sociaux tels que les aides alimentaires d'urgence. 

Ni le gouvernement ni les responsables du quartier où se situe le restaurant n'ont répondu aux questions de l'AFP. Le pouvoir “ne veut pas admettre la détresse sur le terrain”, commente, désabusé, Zoltan Swanda, un bénévole de 44 ans qui aide le couple de “Kis Kulacs”. 

 


Peter MURPHY/AFP

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