Magazine Il le justifie par un devoir envers l’environnement

En Irlande, un baron écologiste rend son domaine à la nature

  • Placeholder

AFP Publié 18 Octobre 2021 à 09:30

Randal Plunkett, baron de Dunsany, pose dans l'enceinte de son siège Dunsany Castle, au nord-ouest de Dublin, le 13 octobre 2021. © D.R
Randal Plunkett, baron de Dunsany, pose dans l'enceinte de son siège Dunsany Castle, au nord-ouest de Dublin, le 13 octobre 2021. © D.R

Le trentenaire aux cheveux longs, dont le style contraste avec l'apparence plus sobre de ses ancêtres, a lancé le projet “radical” de ré-ensauvager son vaste domaine, laissant la nature suivre son cours. 

Exit les tondeuses et le bétail, bienvenue aux animaux sauvages, champignons et marécages: Randal Plunkett, 21e baron de Dunsany et trentenaire écologiste, a fait le pari du “ré-ensauvagement”, en laissant la nature reprendre ses droits sur le domaine de son château irlandais. 
À 25 km au nord-ouest de Dublin, une partie des terres du château de Dunsany a complètement changé d'aspect sous la houlette de cet héritier de la dynastie qui y règne depuis 900 ans. Au loin, un cerf roux apparaît l'espace d'un instant, entre des arbres d'un vert incroyable, puis disparaît dans les 300 ha du domaine ancestral qui ont désormais été abandonnés à la nature, soit un peu moins de la moitié du domaine. “J'avais une sorte de devoir envers l'environnement”, a déclaré à l'AFP l'aristocrate de 38 ans, perché sur un tronc en décomposition où poussent des champignons. 

“Je suis le gardien du domaine pour cette génération, et le domaine, ce n'est pas seulement le château, c'est aussi l'environnement”, affirme le trentenaire aux cheveux longs, dont le style – tee-shirt d'un groupe de death metal américain et veste en faux cuir – contraste avec l'apparence plus sobre de ses ancêtres immortalisés sur des tableaux du château. Il y a 8 ans, ce végétalien a lancé le projet “radical” de ré-ensauvager son vaste domaine. Le bétail a été évacué et les tondeuses à gazon abandonnées, Randal Plunkett laissant la nature suivre son cours. 

Comprendre la terre 
Et les résultats se font sentir. Des martres, une espèce très rare, ont déjà été aperçues dans le domaine, où la loutre et le cerf élaphe prospèrent. Buses, milans royaux, faucons pèlerins, éperviers, crécerelles et bécassines: les oiseaux sont légion. Il y aurait même un pivert, le tout premier observé dans la région depuis un siècle, affirme M. Plunkett. Sur une partie du domaine, la pelouse s'est transformée en un large marais, où l'on compte 23 espèces d'herbes et de nombreux insectes. 

“Au fur et à mesure que je l'observais, j'ai commencé à comprendre ce que faisait la terre”, explique-t-il après avoir traversé à pied un sous-bois sinueux. “C'est devenu un projet de ré-ensauvagement”, ajoute-t-il, alors que deux chiens de race Jack Russell nommés Beavis et Butt-head piétinent ses Doc Martens véganes. Selon le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), il faudrait ré-ensauvager l'équivalent de la Chine au cours de la prochaine décennie pour enrayer la “dégradation” des terres et maintenir la hausse des températures en dessous de 2°C. La semaine dernière, des centaines de militants écologistes ont manifesté devant le palais de Buckingham avec une pétition signée par 100 000 personnes demandant à la famille royale britannique de ré-ensauvager ses terres. Ils espéraient ainsi qu'Elizabeth II enverrait un message fort en tant qu'invitée au sommet de l'ONU sur le climat, à Glasgow (Écosse), où les dirigeants mondiaux tenteront à partir du 31 octobre et pendant deux semaines de prendre des mesures pour enrayer le réchauffement climatique. 
 
Guerre pour la nature 
L'Irlande a beau être connue pour sa verdure, qui lui a valu le surnom de “l'île d'émeraude”, 65% de sa superficie est désormais consacrée aux terres agricoles. Selon l'ONU, l'élevage est responsable de 14% des émissions mondiales des gaz à effet de serre. Le ré-ensauvagement, lui, permettrait, entre autres, de réduire les émissions de CO2, et d'augmenter la biodiversité. Mais l'idée de ne pas exploiter au maximum une terre agricole n'est pas facile à faire entendre. Au début, les habitants du coin ont pris Randal Plunkett pour un “abruti”, se rappelle-t-il : “Ils pensaient que je détruisais des terres agricoles en parfait état”, que “j'étais juste un décadent”.

Le baron a d'ailleurs dû faire face à des menaces et du vandalisme. Lui qui considère son domaine comme une “oasis”, où la chasse au cerf est interdite, patrouille aux aurores pour tenir à distance les braconniers. “C'est devenu une guerre et nous la gagnons lentement parce que la vérité c'est qu'il faut agir face au changement climatique”, affirme-t-il. “Je pense que nous devons faire beaucoup plus que ce que nous faisons et, malheureusement, ce ne sera pas fait par les gouvernements”, ajoute avec pessimisme le baron. “J'essaie de populariser une idée, dont je sais pertinemment qu'elle sera utile”, affirme-t-il. “Nous ramenons le sauvage en Irlande, cet endroit autrefois connu pour être vert”.

 


AFP

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

    • Placeholder

    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00

  • Chroniques DROIT DE REGARD Trajectoire d’un chroniqueur en… Liberté

    Pour cette édition de clôture, il m’a été demandé de revenir sur ma carrière de chroniqueur dans ce quotidien.

    • Placeholder

    Mustapha HAMMOUCHE Publié 14 Avril 2022 à 12:00