L’Actualité Célébration du nouvel an amazigh à travers le pays

Yennayer la marche de l’Histoire

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Arab CHIH Publié 12 Janvier 2022 à 11:25

© D.R
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Célébré avec faste à travers le pays, Yennayer, reconnu comme fête nationale et officielle, constitue sans doute un facteur d’intégration nationale. Une avancée qui gagnerait à être renforcée par la promotion et la généralisation de la langue amazighe. 

Pour la 5e année consécutive, Yennayer, décrétée journée chômée et payée le 27 décembre 2017 par le défunt président Abdelaziz Bouteflika, sera célébré officiellement et en grande pompe. Cette année, le Haut-Commissariat à l’amazighité (HCA) a jeté son dévolu sur la capitale de l’Ahaggar, Tamanrasset, pour abriter les festivités officielles dont le coup d’envoi a été donné, dimanche 9 janvier, avec, à la clé, une grande parade ayant attiré une foule nombreuse. Outre Tamanrasset, le nouvel an amazigh sera célébré, comme d’ordinaire et depuis longtemps, aux quatre coins du pays. Une belle occasion, en somme, pour les Algériens de se réconcilier avec leur identité millénaire.

À coup sûr, la décision de l’État de décréter Yennayer fête nationale est une autre belle avancée du combat pour la réhabilitation de la dimension amazighe de l’Algérie, longtemps victime d’un ostracisme. Une décision que le secrétaire général du HCA, El-Hachemi Assad, avait eu à qualifier, fin 2017 déjà, de “saut qualitatif pour la consolidation de la cohésion de la société algérienne” et de “motivation supplémentaire pour la poursuite des efforts dans le sens de la généralisation graduelle de la langue amazighe à travers l'ensemble du territoire national”. Pour Abderrezak Dourari, professeur des universités en sciences du langage et directeur du Centre national pédagogique et linguistique pour l’enseignement de tamazight, l’officialisation de la fête de Yennayer est “l’une des décisions les plus importantes prises par l’État algérien depuis l’indépendance”.

“Dans la construction des États, il est nécessaire d’obtenir l’assentiment de la population qui, à son tour, adhère, grâce à ce qu’on appelle en anthropologie, les symboles d’intégration nationaux. Quand un État adopte les symboles nationaux auxquels les citoyens adhèrent, il obtient en même temps leur adhésion à ses institutions”, a-t-il expliqué. Parce que “le symbole est plus fort et plus ancré dans l’imaginaire des citoyens que le sacré”, le professeur Dourari a trouvé “bonne” la décision d’officialiser le nouvel an amazigh, tout en se félicitant du fait que “les institutions de l’État le célèbrent avec faste”.  

Il faut dire que grâce aux sacrifices de toute une génération de militants avant comme après Avril 80, le combat amazigh a arraché de haute lutte beaucoup d’acquis. À commencer par l’introduction en 1995 de l’enseignement de tamazight à l’école au lendemain de la fameuse grève du cartable qui a duré une année puis, dans la foulée, la création du HCA. Il y a aussi la création des instituts de tamazight dans les wilayas amazighophones ayant formé des bataillons d’enseignants de langue amazighe  mais aussi celle, récemment, de l’académie de langue amazighe même si, plus de 2 années après avoir vu le jour, elle est restée “en jachère”, pour reprendre l’expression utilisée par El-Hachemi Assad, début octobre 2021 lors d’une conférence de presse. Mais l’acquis le plus important c’est incontestablement la reconnaissance du caractère national et officiel de la langue amazighe. 

Pour autant la cause amazighe a-t-elle atteint tous ses objectifs ? Non. La preuve, le secrétaire général du HCA n’a pas cessé d’attirer l’attention des autorités sur la situation de l’enseignement de tamazight, en réclamant qu’il soit rendu obligatoire et sur tout le territoire national. Pas plus tard que jeudi 6 janvier, il a déclaré, au forum de radio Tizi Ouzou qu’il compte remettre prochainement aux autorités un mémorandum portant une vision stratégique de promotion de l'enseignement de tamazight (2022-2038) pour en finir avec le caractère facultatif de l’enseignement de tamazight et permettre sa généralisation à tout le territoire national. Il y a aussi le statut de tamazight dans la Constitution algérienne que beaucoup de militants et spécialistes trouvent quelque peu inférieur à celui accordé à la langue arabe. C’est dire que, malgré les belles avancées réalisées jusqu’ici, il reste à la dimension amazighe encore beaucoup de chemin à parcourir pour retrouver toute sa place dans la vie de la nation.

 


Arab C.

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