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Université algérienne : le ver est dans la tête !

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Amin ZAOUI Publié 21 Juillet 2021 à 18:39

© D.R
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À l’université de Batna, un fait inédit s’est produit ce 8 juillet 2021. Un enseignant a tiré à bout portant sur son collègue. Touchée par trois balles, dans un état critique, la victime a été transportée à l’hôpital. Un film western ! On raconte que le tireur à balles réelles a réagi parce qu’il a vu sa victime en train de parler avec son ex-femme ! Un crime d’honneur ! Nous sommes dans une université de technologie ! C’est désolant !      
À l’intérieur de l’université de Blida, et à l’occasion de l’Aïd El-Kebir 2021, appelé aussi fête du mouton, la cellule des œuvres sociales de ladite institution académique a procédé à la vente des moutons de l’Aïd par facilité aux enseignants et aux autres fonctionnaires de cette institution dite scientifique ! C’est triste ! 
À l’université d’Alger, et avec la fin de l’année et la période des soutenances, on n’hésite pas à tirer les feux d’artifice dans la cour, célébrant les réussites, et à pousser de longs youyous ! Les bandes d’enfants en bas âge circulent librement dans les couloirs. Comme dans un mariage d’un enfant du village, les amies, les parents, les cousins et cousines envahissent l’espace universitaire ! Et la musique ! Tout est normal dans un pays où tout est anormal ou presque, et c’est normal ou presque ! À l’université, établissement censé être un lieu de science et de réflexion, on vend des moutons par facilité, on tire des balles réelles sur les collègues, on fait la fête du village, et rien n’est dérangeant, et c’est normal ! C’est révoltant ! C’est triste, mais il faut le dire sans nuance aucune : l’Université algérienne est devenue une sorte de crèche pour des gros bébés. Et c’est normal dans un pays qui se cherche depuis soixante ans, en vain ! La maladie de l’université ne date pas d’aujourd’hui. Elle est souffrante depuis une vingtaine d’années, ou un peu plus. En l’absence de toute une étude stratégique, une centaine d’universités ont poussé comme des champignons. Elles sont créées partout, n’importe comment et n’importe où ! Chaque vizir qui arrive au centre des décideurs, chaque wali qui débarque dans la région, voulait construire son université. Une université pour faire plaire au douar ou à la tribu. Et ça marche ! En Algérie, depuis les années 1980, le pouvoir politique a procédé à la construction des universités de la même façon que la construction des logements sociaux. Le même esprit qui veillait sur la construction du social a programmé les universités. L’université a été construite selon la logique de d’assistanat social qui a ruiné le pays, selon l’appartenance régionale ou selon l’allégeance tribale. 
Le populisme politique a engendré le populisme académique. Si le populisme politique a ruiné la société, le populisme scientifique a ruiné les têtes et a desséché le génie individuel. On se cache derrière le populisme politique pour aveugler la science et les scientifiques. Quand le populisme touche l’université, cela signifie que la société est dans le carré rouge de l’Histoire. On attaque le noble terme “Université” qui tient son sens de l’universalisme au profit de la tribu ou du douar. Depuis l’indépendance, les pouvoirs politiques successifs en Algérie achetaient la paix en monnayant l’université, l’éducation et l’intelligence nationale.  Aujourd’hui, une catastrophe menace la science, la raison et le génie national. Et, de ce fait, le pays est menacé par la situation catastrophique de son université censée être la matrice de toute intelligentsia politique, scientifique ou artistique. L’algérianisation “al jazaâra” de l’université a tué l’université. La fierté de l’autosuffisance nationaliste universitaire a enterré l’esprit universaliste dans nos universités algériennes ; cela perdure depuis les années 1990. Dans une université où il n’y a plus de coopérant technique, plus d’enseignant étranger, plus de coopération internationale productive, la médiocrité locale devient un label !   
C’est triste. C’est désolant ! Quand l’université se transforme en une arrière-boutique du populisme politique. Une vie politique stérile est l’image d’une université infructueuse. Une vie scientifique déréglée n’est que la cause d’une vision politique populiste.  Quand l’université est submergée par l’ignorance, le pays, tout le pays, est menacé par l’obscurantisme.

A. Z.
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