Sports ROLLAND COURBIS

“L’Algérie peut battre la Côte d’Ivoire”

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Nazim TOLBA Publié 18 Janvier 2022 à 21:20

© D. R.
© D. R.

S’il y a un technicien bien placé qui connaît très bien le football africain en général et  le  football  algérien  en  particulier, c’est  sans  doute  Rolland Courbis. Ce dernier suit avec intérêt le déroulement de la phase finale de la Coupe d’Afrique des  nations.  Dans  cet  entretien, il  évoque  l’entame ratée des Verts  et les raisons de ce  mauvais  départ. Il  estime toutefois que le champion d’Afrique en titre pourra se qualifier au prochain tour. Il en parle.

Liberté :  La sélection nationale de football a entamé  la  phase finale de la  CAN  de   la  plus  mauvaise  des  manières.   Est-ce  que  vous  vous attendiez à de tels résultats du champion d’Afrique en titre ?
Rolland Courbis : Personne n’aurait pris le risque de parier sur un mauvais départ de l’Algérie lors de cette phase finale de la Coupe d’Afrique des nations. Il s’agit de surcroît de l’équipe championne d’Afrique en titre qui s’est présentée au Cameroun avec la ferme ambition de préserver sa couronne. Or les choses ont mal tourné pour la sélection algérienne très nerveuse, à mon humble avis. Pourtant, Djamel 
(NDLR : Belmadi) a suffisamment de compétence pour endiguer le problème en question. Vous savez, j’ai trouvé une nervosité de tout le monde, même dans certains comportements. Il y a des choses que nous ne pouvons nous permettre de faire. En tant qu’entraîneur, cette nervosité est inexplicable et catastrophique à la fois. L’Algérie, de par la qualité de ses joueurs et de son entraîneur, aurait pu éviter un tel comportement lors des deux premiers matches. Résultats des courses : on – je me permets d’utiliser ce pronom personnel par sympathie et affection à l’Algérie – se retrouve dans une situation peu reluisante et dos au mur. 

Ne pensez-vous pas que l’EN a abordé cette compétition trop sûre d’elle ?
Pas du tout. Au contraire, l’Algérie a abordé ce tournoi le plus normalement du monde, avec le statut de tenant du titre. Par conséquent, toutes les sélections veulent absolument vous faire tomber. C’est la sélection à battre. Or je peux vous dire que je ne comprends toujours pas cette histoire d’invincibilité. On s’en fout du record de l’Italie, car le plus important était d’atteindre le sommet, mais le plus difficile est de s’y maintenir. D’ailleurs, quand j’entends certaines déclarations ici et là qui disent que l’Algérie est capable de gagner la Coupe du monde, je me dis que là nous allons plus vite que la musique. D’abord, une sélection africaine pourra remporter le titre mondial, pourquoi pas ?! Ça reste une éventualité. N’oublions pas que la Croatie a réussi à atteindre la finale de la Coupe du monde. Tout reste possible. Or, pour la sélection algérienne, je le dis en toute franchise, il ne faut jamais mettre la charrue avant les bœufs, car vous n’êtes pas encore qualifié au Mondial du Qatar. Il reste encore les barrages à disputer. De ce fait, il faut garder les pieds sur terre car, au risque de répéter, l’Algérie est devenue une équipe à battre à tout prix. Et si je me souviens bien, les Algériens ont toujours éprouvé des difficultés comme ce fut le cas en finale de la CAN-2019 face au Sénégal. C’était aussi le cas lors de la rencontre face au Burkina Faso, et là aussi j’ai remarqué une nervosité des joueurs sur le terrain. C’est pour vous dire que cette anxiété peut jouer un vilain tour à la sélection.

Et quelles sont les solutions, selon vous ?
Retrouver le calme chez Djamel et ses joueurs le plus rapidement. Il faudra aussi créer cette atmosphère sereine sur le terrain mais aussi sur le banc. Il faudra aussi prendre conscience de la qualité des joueurs qui existent dans l’effectif algérien afin de sortir un gros match face à la Côte d’Ivoire. L’Algérie n’a plus droit à l’erreur. Raison pour laquelle récolter les trois points est nécessaire pour poursuivre l’aventure. Je le dis une fois de plus, les Algériens sont en mesure de battre la Côte d’Ivoire, à condition de retrouver le calme et d’éviter des situations de nervosité, inutiles à mon sens. Certes, la mission s’annonce délicate devant un adversaire avide d’écarter le champion sortant de la course au titre.

Ne pensez-vous pas que l’état de la pelouse s’est répercuté négativement sur le jeu de l’EN ?
Tout à fait. L’état de la pelouse de Douala n’a pas arrangé les choses. Et pourtant, l’Algérie s’est créé un nombre incalculable d’occasions face à la Sierra Leone. Le match aurait pu se terminer sur le score de 5 à 1 sans que personne trouve à redire. Quand j’ai vu la tête triste de Belmadi lors de la conférence de presse, je me dis que le gars n’a pas perdu, mais il vient de sortir avec un petit point lors d’un match que son équipe a dominé. Et à sa place, j’aurais dit à mes joueurs de me refaire toujours des prestations pareilles tellement il y avait autant d’occasions créées en présence d’un gardien sierra-léonais qui a fait le match de sa vie. Face à la Guinée équatoriale, quand j’ai vu le onze rentrant, je me suis dit que l’Algérie allait bouffer son adversaire en présence d’un potentiel offensif énorme. Seulement, il manquait l’efficacité devant. Et c’est un détail qu’il va falloir corriger à tout prix. C’est tout. Maintenant, pour ce qui est de la Côte d’Ivoire, les Verts n’ont pas le choix. Ils doivent retrouver leur jeu habituel pour aller chercher les trois points.

Selon vous, quelles sont les clés du match ou bien quelles sont les erreurs à éviter face à la Côte d’Ivoire ?
Si j’étais à la tête de la sélection algérienne, je dirais simplement à mes joueurs d’éviter de prendre les cartons rouges parce qu’il sera stupide et idiot. Même le carton jaune récolté de façon inutile sera inacceptable. Il s’agit d’un rendez-vous capital et décisif à la fois où le moindre détail est important. 
Maintenant, si l’équipe algérienne retrouve ce calme indispensable pour être performante et qui saura éviter les avertissements bêtes, elle pourra prendre le meilleur sur son adversaire du jour. Je serais comme à mon habitude très curieux et enthousiaste de voir la réaction de l’EN algérienne.

Après deux semaines de compétition, y a-t-il des sélections qui sortent du lot et qui semblent bien parties pour s’adjuger le titre africain ?
Oui. Il y a quelques équipes qui pourront se retrouver en finale d’ici deux semaines. Je peux vous citer l’exemple du Nigeria, une sélection qui m’a fait une grosse impression, et le Cameroun, pays hôte, qui n’a pas tremblé lors du premier tour. Toujours est-il que je place l’Algérie parmi les pays favoris. Idem pour la Tunisie et le Maroc. Je place aussi le Sénégal, amoindri par plusieurs joueurs, et la Côte d’Ivoire dans le lot des surprises.
 

Entretien réalisé par : NAZIM T.

 

 

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