L’Actualité LE PAIN ENTRE PRIX SUBVENTIONNÉ ET QUALITÉ MÉDIOCRE

4 MILLIONS DE BAGUETTES GASPILLÉES EN 20 JOURS

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Said OUSSAD Publié 07 Mai 2021 à 21:56

© D. R.
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Pas moins de 4 250 000 baguettes de pain  ont été gaspillées en l’espace de 20  jours  (du  13  avril  au  2  mai)  a  indiqué, jeudi,  un  communiqué  du ministère de l’Intérieur.  Des  chiffres  récoltés  en  coordination avec les différents secteurs concernés qui renseignent sur l’étendue du phénomène qui touche toutes les régions du pays.

Si la wilaya de Blida arrive en tête de ce classement de gaspillage avec plus de 560 000 baguettes de pain jetées, représentant 141 561 kg de pain, Oran n’est pas loin puisqu’elle se classe  au  sixième  rang, derrière  Annaba, avec près de 200 000 baguettes perdues représentant un peu moins de 50 000 kg.

Ces  données  viennent  atténuer   les  affirmations  du  président   de  la Fédération nationale des  boulangers, Youcef Guelfat, qui  avait  déclaré dernièrement que l’Algérie produit quotidiennement plus de 50 millions de baguettes de pain et que plus de 20% de cette production, soit 10 millions de baguettes, sont jetés chaque jour dans les décharges publiques en tant que déchets ménagers avant d’être récupérés pour l’alimentation de bétail.

Pourtant, ce phénomène est tout sauf  nouveau  en Algérie, selon  Abed Mouad, coordinateur  de  l’UGCAA  (Union  générale  des  commerçants  et  artisans algériens) bureau d’Oran. Il estime que la première raison de ce gaspillage est économique et réside dans le prix même de la baguette de pain.  “La solution est  dans  l’augmentation  du  prix.  Si  le  pain  augmente,  les  gens  vont consommer moins”, analyse-t-il. “Les gens ne consomment pas selon leurs besoins, et à 10 DA la baguette, ils dépensent sans compter.

Au lieu  d’acheter  deux  ou  trois baguettes selon le nombre des membres de leurs familles, ils  achètent  le  double, voire  le  triple, puis  le  reste  va  à  la poubelle”, explique-t-il encore. Même s’il évoque une hausse des prix, il pense qu’elle doit être réfléchie et accompagner la valorisation du Smig pour ne pas porter davantage préjudice aux couches défavorisées.

Abed  Mouad  regrette  également  l’inexistence  d’une  industrie  de transformation  du  pain  en  aval, une  alternative  qui  peut  amortir  tout  ce gaspillage, “alors qu’actuellement, il ne sert qu’à nourrir les animaux nuisibles qui pullulent dans les décharges publiques”.

Quant  au  classement  d’Oran, il  trouve  qu’il  répond  à  la  logique démographique, soulignant qu’en période de Ramadhan, plusieurs membres d’une même famille achètent, chacun  de  son  côté, une certaine quantité de pain en rentrant à la maison, “à la fin, ils se retrouvent avec des baguettes de pain à jeter à défaut d’être consommées”. 

Pour Faouzi Baïche, président du Club des artisans  boulangers  d’Oran, si la raison de ce gaspillage a trait  au  prix  de  la  baguette  de  pain, il considère qu’elle n’est pas la seule en jeu. “Si le prix réel d’une baguette revient à 11,80 DA, sa qualité nutritive est également responsable de ce gaspillage”, précise-t-il. “À  la  base, on  fabrique un  pain  médiocre, et s’il  n’est  pas  consommé chaud, il perd alors de sa texture, puisqu’il n’est pas riche en fibres minérales à cause de l’absence d’oméga 3”, ajoute notre interlocuteur.

Il conseille aussi aux Algériens de ne pas trop consommer le pain vendu actuellement, remettant en cause ses composants à base d’acide ascorbique, bromate et gluten qui peuvent être très nocifs pour la santé en cas de surdosage.

Comme solutions préconisées, il opte pour le changement de la nature du pain, du blanc au compact, pour une meilleure qualité nutritive en formant les boulangers à produire d’autres variétés de pain à base de maïs, de seigle ou de son, et offrir ainsi plus de choix à leurs clients.
 

SAID OUSSAD

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